Ces mutations obéissent à des logiques propres à chaque secteur. Des responsables, qui s'étaient notamment distingués dans le traitement des dossiers sur les affaires de corruption liées aux fonciers agricole et industriel, dans les secteurs de la justice, de la Sûreté nationale et de la gendarmerie ont été mutés ou sont en voie de l'être pour être appelés à d'autres fonctions, relève-t-on. Ainsi, le premier à être remplacé est le chef de sûreté de la wilaya, M. Rahal, nommé pourtant à peine moins d'une année dans des conditions très précipitées. Il compte à son actif plusieurs actions, dont l'interpellation du fils du wali, considéré comme intouchable, et certains notables de la ville impliqués dans de grosses affaires de détournement et de faux et usage de faux. C'est désormais M.Lakhdar Toumi Rachid qui a été installé à sa place. Officiellement, cette opération est considérée comme entrant dans le processus interne des changements habituels. Sa prise de fonction a coïncidé avec la venue du patron de la Dgsn à Blida, mercredi dernier, à l'occasion de la Fête de la police et pour assister à la sortie d'une nouvelle promotion à l'école de Soumaâ, baptisée au nom du chahid Tarek Koual, et présider l'inauguration du nouveau siège de sûreté de la daïra de Bouinan. Sans doute que l'occasion a été propice pour donner des instructions afin que les questions de banditisme et de corruption, très fréquentes et très chaudes en ce moment dans la wilaya, jadis, verte, soient traitées avec plus de célérité, de rigueur et d'efficacité. La deuxième importante affectation concerne le principal juge d'instruction Kadri, qui s'est spécialisé dans les dossiers de corruption. Il vient d'être muté, selon de bonnes sources, au tribunal de Chéraga, dépendant de la cour de Blida. Selon des supputations, il est appelé à prendre en charge le dossier de l'affaire Khalifa qui commence à traîner en longueur, vu son caractère complexe et multiple. Toutefois, son départ risque de laisser un vide derrière lui pour le traitement et le suivi des innombrables dossiers locaux en suspens. Plusieurs affaires annoncées pour être instruites cette semaine, ont été ajournées à une date ultérieure. Il va falloir lui trouver un remplaçant aussi chevronné et perspicace pour la continuation de son travail, tout aussi complexe que difficile, notamment pour ce qui est de l'enquête sur le foncier. Le dossier a été finalisé et attend son étude. Plusieurs inculpés dont des cadres et élus locaux et des chefs d'entreprise ont été auditionnés et certains d'entre eux écroués dans l'attente de leur jugement. La troisième concerne, selon des indiscrétions répandues, la mutation probable à un poste supérieur du commandant du groupement de la gendarmerie, le colonel Belkheir qui n'est autre que celui qui a dirigé de bout en bout et de main de fer les enquêtes aussi bien sur le foncier agricole et industriel que les autres affaires de corruption. Sa nomination s'inscrit, note-t-on, normalement dans le cadre des mutations de ce corps vu que l'intéressé a passé son mandat de cinq années dans la wilaya. Mais pour l'heure, le colonel est toujours à son poste. Toutefois, son affectation, observe-t-on, si elle vient à être confirmée, n'aura pas de grandes conséquences sur les dossiers et les enquêtes menés dans la mesure où le travail a été entièrement finalisé et adressé à la justice pour son traitement. Ainsi prises séparément, ces mutations obéissent à des logiques propres à chaque secteur et semblent n'avoir aucun lien entre elles. Mais considérées dans le temps et dans la globalité, elles laissent apparaître des appréhensions défendables sur la poursuite des importants dossiers de corruption ouverts à Blida, notamment quant à leur prise en charge de façon correcte et crédible. Certes beaucoup a été fait dans l'audition des mis en cause et des inculpés. Mais pour le moment, les principaux d'entre eux et non des moindres courent toujours en dépit des dossiers constitués, le wali en tête. Ses deux avocats, Ksentini et Boutarek pensent que leur client est défendable. Les chefs d'entreprise impliqués dont certains sont entrés en partenariat avec des firmes étrangères engageant de gros intérêts, tentent également de faire pression en déclarant avoir agi dans la légalité pour l'obtention des terrains. Rencontrés en marge de la visite de M.Tounsi à Blida, les deux responsables de la cour, le président et le procureur général, ont montré une volonté inébranlable et une sérénité à toute épreuve pour mener à bien le travail entamé. C'est suffisant pour être optimiste sur la suite.