L'opération mains propres déclenchée le mois dernier par l'Etat dans l'administration et les milieux d'affaires ne devrait pas s'arrêter de si tôt. C'est ce que le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, a laissé entendre, hier, lors d'une allocution donnée au palais de justice de la ville de Batna. Intervenant devant des magistrats, des avocats et des cadres de son secteur, M. Belaïz a tenu à faire comprendre que « l'opération mains propres » menée par l'Etat n'est pas une campagne, mais le début de la réhabilitation de l'Etat de droit. Le ministre, qui confirme ainsi la détermination de l'Etat à combattre, de front, le phénomène de la corruption et à donner un grand coup de pied dans la fourmilière, a infirmé l'idée, par ailleurs, que les dizaines d'enquêtes traitant de « grosses affaires », ouvertes dernièrement par les services de sécurité, sont destinées à jeter de la poudre aux yeux de l'opinion publique. Lors de son discours, Tayeb Belaïz a mentionné, en outre, que « les réformes engagées par l'Etat constituent une porte ouverte sur des réformes effectives plus globales ». Il précisera, à ce propos, que « la réforme de la justice est arrivée à un point de non retour (...) », avant d'ajouter que « l'époque de l'impunité est révolue ». « Nul ne peut être désormais au-dessus de la loi, il ne peut y avoir de développement, ni de démocratie, ni de crédibilité de l'Etat sans application de la loi », a soutenu M. Belaïz. La résolution du gouvernement de prendre à bras le corps le problème de la corruption, réitérée samedi par Ahmed Ouyahia à l'APN, se vérifie notamment à travers l'ouverture à Alger et à Oran du dossier explosif du foncier. Les investigations menées par les éléments de la Gendarmerie nationale, sur plaintes de la justice, ont déjà débouché sur l'arrestation d'importants hommes d'affaires, de nombreux fonctionnaires de l'Etat et d'un cadre de la présidence de la République. Ce même dossier se rapportant à la dilapidation du foncier, en particulier agricole, sur lequel Mouloud Hamrouche s'était cassé les dents durant son passage à la tête de l'Exécutif pendant les années 1990, a éclaboussé au début de la semaine l'ex-wali de Blida, Mohamed Bouricha. Le responsable est soupçonné d'avoir reçu deux villas en contrepartie de largesses accordées à un important promoteur immobilier, M. Hadji, actuellement en prison, pour l'acquisition d'un terrain de 14 hectares. M. Bouricha, dont le fils a été emprisonné depuis peu pour trafic de voiture, est le deuxième wali, après Bachir Frik, l'ancien wali d'Oran jugé récemment pour une vieille affaire de dilapidation de terres, auquel la justice s'intéresse.