La menace sur l'année scolaire plane Le syndicat dénonce «l'ordre arbitraire d'ôter un mois complet du salaire des grévistes, une mesure illégale, hasardeuse et dangereuse». Alors que le Cnapeste annonce la poursuite de la grève, les associations des parents d'élèves ont appelé, hier, samedi, à l'observation d'un sit-in devant le siège de la direction de la wilaya de Tizi Ouzou. L'objectif: exiger qu'une solution soit trouvée au conflit qui oppose les 4000 professeurs de lycées à la direction de l'éducation de la wilaya depuis le 20 novembre 2017. La décision des parents d'élèves a été prise après avoir appris que le conseil de wilaya du syndicat autonome, le Cnapeste, a décidé de reconduire sa grève illimitée dès aujourd'hui, dimanche, premier jour du deuxième trimestre. Ainsi, la reprise n'aura pas lieu dans la quasi-totalité des lycées de la wilaya de Tizi Ouzou. C'est ce qu'a révélé, hier, l'un des responsables de wilaya du Cnapeste ainsi qu'un communiqué rendu public par ce syndicat. «Lorsque nous avons déclenché notre grève illimitée, le 20 novembre 2017, nous avons exprimé une revendication: le licenciement des deux responsables de l'académie de Tizi Ouzou ayant une implication directe dans l'agression d'une PES ayant eu lieu le 18 octobre dernier. A ce jour, notre revendication n'a pas été satisfaite, donc la grève est maintenue, elle se poursuivra», a déclaré le représentant du Cnapeste. Ce dernier a tenu toutefois à rassurer les parents d'élèves ainsi que les élèves, qu'une fois leur revendication satisfaite, tous les efforts nécessaires seront fournis par l'ensemble des enseignants de lycées afin de rattraper le retard occasionné par le débrayage illimité: «Tous les cours seront rattrapés et les élèves qui auront à passer le baccalauréat seront au rendez-vous, nous nous y engageons; nous sommes aussi des parents d'élèves avant d'être des enseignants, mais notre dignité passe avant tout», a ajouté le même responsable du syndicat des enseignants de lycées le plus représentatif dans la wilaya de Tizi Ouzou. Par ailleurs, le conseil de wilaya du Cnapeste, dans un communiqué rendu public hier, confirme le maintien de la grève illimitée. Ce syndicat dénonce «l'ordre arbitraire d'ôter un mois complet du salaire des grévistes, une mesure illégale, hasardeuse et dangereuse qui va à l'encontre des textes de lois de la République, notamment la loi 90/02 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs du travail et à l'exercice du droit de grève ainsi que l'ordonnance 06/03 portant statut général de la Fonction publique. Il s'agit d'une décision qui pénalise l'élève avant de pénaliser l'enseignant gréviste dans la mesure où cette manière d'agir ôte aux élèves la possibilité de rattraper le retard induit par la grève». La dernière réaction exprimée par le wali a aussi été dénoncée par le Cnapeste qui rappelle qu'après des semaines de grève «il n'a pas daigné recevoir les représentants du Cnapeste, même après organisation de deux grandes marches à Tizi Ouzou». Le fait que la wali de Tizi Ouzou ait déclaré que cette grève est motivée par des raisons «fallacieuses» a encore accentué l'ire du syndicat Cnapeste. Ce dernier parle plutôt d'atteinte à la dignité de l'enseignant suite à l'agression d'une prof de lycée à l'intérieur même des locaux de l'académie. «Si prise d'otage des élèves il y a, elle est l'oeuvre de ces deux responsables et de ceux qui les protègent et non pas des 4 000 enseignants qui demandent que justice soit rendue», précise le Cnapeste qui ajoute: «Ces deux responsables doivent faire l'objet d'enquêtes approfondies car leur place est ailleurs que dans une institution de la République qui incarne l'éducation». Comme on peut le constater, le bras de fer est donc relancé entre les deux parties en conflit. De son côté, la Fédération des associations de parents d'élèves de la wilaya de Tizi Ouzou a rendu publique une déclaration, hier, où elle attire l'attention sur la situation alarmante que vivent les lycées de Tizi Ouzou depuis le déclenchement de la grève illimitée des enseignants le 20 novembre dernier. «La Fédération des associations de parents d'élèves appelle l'ensemble des parents à être présents devant les établissements où sont scolarisés leurs enfants et dont les enseignants sont en grève et ce, le dimanche 7 janvier (aujourd'hui, Ndlr) pour s'enquérir de la position des enseignants grévistes quant à la reprise des enseignements à laquelle a appelé la tutelle», souligne la fédération dans sa déclaration. Cette dernière précise que, dans le cas de non-reprise des cours, l'ensemble des parents d'élèves est appelé à rejoindre le jour-même le siège de la direction de l'éducation à partir de 10 h pour un sit-in. Enfin, la même fédération interpelle la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, afin d'agir en toute urgence «pour libérer nos enfants de cette prise d'otage et du chantage afin que nos enfants puissent jouir de leur droit constitutionnel le plus élémentaire qui est le droit à l'instruction et à l'éducation».