Rassemblements, grèves, marches et boycott des examens. C'est le décor désolant qui rythme le secteur de la santé déjà grabataire. Hier, pour la première fois dans l'histoire du pays, l'examen du Dems a été boycotté par les médecins résidents en pédiatrie. Les médecins se sont rassemblés dans l'enceinte de la faculté en signe de protestation et ils n'en démordent pas. Dans un communiqué diffusé hier, le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a indiqué que ce boycott concerne «toutes les épreuves de la session normale de janvier 2018, toutes spécialités confondues et ce, jusqu'à satisfaction de l'ensemble des revendications». Au même moment, le Rhummel donnait de l'écho. Des centaines de médecins-résidents, soutenus par des étudiants, maîtres-assistants, des internes dentistes et autres pharmaciens, ont organisé une marche à Constantine pour réclamer l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles. Ce matin, à l'appel d'associations et d'organisations proches du monde médical et des droits de l'homme, un sit-in de soutien aux médecins résidents, réprimés mercredi dernier, est prévu à l'hôpital Mustapha. Il sera baptisé «Force, dignité, solidarité». A ce monde médical, s'est joint aujourd'hui, le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) qui entamera une grève cyclique de deux jours, soit les 8 et 9 janvier (aujourd'hui et demain). Le ministre du secteur, Mokhtar Hazbellaoui, qui hérite d'un cadeau empoisonné, est totalement dépassé par les événements. N'est-ce pas qu'il s'est pris trop en retard face à une grogne en incubation depuis plusieurs mois? Ses appels au dialogue semblent innovateurs à ce stade de la «maladie». Parmi les revendications-phares des résidents figure la suppression du service civil que les protestataires considèrent comme anticonstitutionnel. Suprême péché! Pourtant, avancent-ils, tous les experts et les professionnels de la santé, s'accordent sur l'échec du service civil dans sa forme actuelle. Sans compter que les rapports du Cnes (Conseil national économique et social) sur le développement humain en Algérie (2007-2013-2015), confirment sans équivoque l'échec du service civil et son retentissement négatif sur la santé publique des citoyens. Le problème est profond. La grogne enfle et risque de mener à une totale paralysie du secteur déjà sous perfusion. Une situation inédite qui renseigne d'un malaise à prendre très au sérieux. Il ne s'agit ni de la main de l'étranger ni de manipulations politiciennes encore moins de sautes d'humeur au sein du corps médical. La santé va mal professeur! très mal...