Craignant sérieusement une démonstration de force lors des débats de ce projet de loi, l'APN ne veut pas rajouter de l'huile sur le feu. Le débat sur le projet de loi sur la santé n'est pas pour aujourd'hui. Soumis depuis plus de deux mois à l'Assemblée populaire nationale, le projet contesté traîne toujours le pas. La commission parlementaire de la santé avait déjà entamé ses travaux en auditionnant les différents intervenants dans ce secteur. Celle-ci n'a pas repris ses travaux depuis presqu'un mois. Le projet est-il suspendu ou reporté devant l'ampleur que prend le mouvement des médecins résidents? Le président de la commission de santé Bouabdellah écarte toute décision de report. «Le projet de loi sur la santé est maintenu», a-t-il réitéré dans une déclaration. Joint par téléphone, ce député du FLN assure que la commission reprendra ses travaux en commission dès la semaine prochaine. Notre interlocuteur justifie ce retard par le nombre important de propositions faites par les différents intervenants. «Nous avons récapitulé toutes les propositions et les recommandations pour entamer l'examen du projet de loi au niveau de la commission», a-t-il affirmé, tout en précisant que ce travail prendra du temps. Certes, ce projet est maintenu, mais son débat en plénière risque d'être retardé. Devant le mouvement des médecins résidents qui revendiquent l'annulation du service civil, une disposition qui figure dans le texte, l'APN veut gagner du temps en attendant que la tutelle parvienne à régler ce problème et mettre fin au mouvement de grève qui paralyse les hôpitaux. Craignant sérieusement une démonstration de force, lors des débats de ce projet de loi, l'APN ne veut pas rajouter de l'huile sur le feu. «Ce projet contesté peut provoquer des réactions et des actions qui risquent de pousser au pourrissement», a soutenu un député, membre de la commission. Malgré les différentes rencontres tenues avec le collectif des médecin résidents, la tutelle n'a pas réussi à trouver un terrain d'entente. La question du service civil reste le point noir qui avorte toute tentative de résolution du problème. Alors que la tutelle a opposé un niet catégorique en déclarant que le service civil est une décision irréversible, les médecins résidents refusent de se plier en maintenant leur mouvement de grève. Il n'y a pas que les résidents qui contestent ce projet. Les syndicats représentants différents corps de la santé contestent ce texte. La gratuité des soins est un sujet qui soulève des inquiétudes. «Ce projet de loi concerne toute la société et pas que les professionnels du secteur», a affirmé Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique. Ce qui est certain est que la nouvelle loi sur la santé sera adoptée sur fond de contestations. Le Parti des travailleurs appelle directement au retrait de ce projet de loi qu'il qualifie de «dangereux». La députée Nadia Chouitem, membre de la commission de la santé, soutient que ce projet contesté doit faire l'objet d'une seconde lecture. «Le projet de loi doit être revu dans le fond», a-t-elle insisté, en mettant en garde sur les conséquences désastreuses sur le système de santé. Pour cette élue, l'Assemblée populaire nationale ne peut pas se substituer à la tutelle et revoir le projet. «On peut certes apporter des modifications, mais c'est au gouvernement de trancher sur les questions de fond», a-t-elle conclu.