Du «boulot» pour les députés Très contesté par les syndicats et le monde des travailleurs, ce projet divise sérieusement les partis politiques qui siègent au sein de la chambre basse. Il sera examiné en plénière à l'APN. Le projet le plus controversé portant sur l'amendement de la loi sur la retraite sera débattu aujourd'hui. C'est le moment le plus attendu par les travailleurs et appréhendé par les députés. L'hémicycle promet de connaître une ambiance houleuse. Le débat risque de tourner au vinaigre. Très contesté par les syndicats et le monde des travailleurs, ce projet divise les partis politiques qui siègent au sein de la chambre basse. Tous les ingrédients donnent un avant-goût sur le climat qui marquera les débats. La pression des syndicats autonomes, les grèves cycliques qui secouent les secteurs de l'éducation, de la santé et de la fonction publique et même le secteur économique, l'absence de débat entre le gouvernement et les syndicats et enfin l'expédition de l'examen du projet de loi par la commission de la santé et des affaires sociales ce sont autant d'éléments qui compliquent la donne et le bras de fer entre les partisans et les opposants à la suppression de la retraite anticipée. Il faut s'attendre à des tirs croisés entre les partis de la coalition et ceux de l'opposition. Hier, le député de l'Alliance de l'Algérie verte et membre de la commission de la santé et des affaires sociales, Youcef Khebaba a dénoncé les informations contenues dans le rapport préliminaire de la commission sur le projet de loi. «Ce rapport est rempli de mensonges et de tromperie et expose les mêmes arguments que ceux avancés par le département de l'emploi et du travail, ce qui démontre qu'il n'appartient pas à la commission», a soutenu le député dans un communiqué rendu public. M.Khebaba affirme que le rapport a été remis à la commission le 6 septembre dernier et celle-ci a convoqué les députés à une réunion le 16 octobre dernier ce qui traduit, selon lui, une volonté claire de perdre du temps. «Dans le rapport falsifié, il est indiqué que la commission a ouvert un débat large avec les spécialistes, les experts et les syndicats ce qui n'était pas le cas du tout», a-t-il certifié en précisant que la commission a entendu uniquement le ministre de l'Emploi, du Travail, de la Sécurité sociale, le directeur de la Caisse nationale de la sécurité sociale ainsi que le secrétaire général de la Centrale syndicale. En raison des dépassements et la violation du règlement par la commission, huit députés de l'opposition se sont retirés des travaux de la commission. Dans un communiqué rendu public, ces élus ont dénoncé la violation des textes de loi et du règlement intérieur par le président de ladite commission. «C'est un grave dérapage et une violation claire des lois», crient des députés de l'Alliance de l'Algérie verte, du Parti des travailleurs et du Front de la justice et du développement. Ces derniers étaient surpris par le président de la commission qui les a invités à examiner le rapport préliminaire alors que le projet n'a même pas été examiné article par article, comme le stipulent la loi et le règlement intérieur de l'APN. «Le président nous a envoyé un SMS pour nous informer de la tenue d'une séance consacrée à la lecture du rapport préliminaire», a affirmé Nadia Chouitem, députée du Parti des travailleurs qui a dénoncé avec force ce comportement irresponsable. Les députés de l'opposition se désengagent de toute responsabilité et tiennent l'opinion publique témoin du forcing du gouvernement pour faire passer cette loi. Sachant qu'il s'agit d'un projet extrêmement sensible, l'administration de l'APN a consacré une seule journée de débat pour l'expédier. Ce qui a soulevé l'ire de l'opposition qui accuse la coalition de vouloir passer les projets de loi sans débat et sans la moindre retouche. Malgré le tapage qu'a provoqué ce projet de loi dans la rue, le gouvernement est resté intransigeant refusant d'ouvrir le débat avec les syndicats. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale Mohamed El Ghazi se contente de réitérer à chaque occasion que les dispositions du projet de loi relatif à la retraite étaient de nature à conforter les droits des citoyens et garantir les équilibres financiers de la Caisse nationale des retraites (CNR). Le projet de loi qui entrera en vigueur début 2017 a provoqué une véritable hémorragie au sein des différents secteurs, en particulier l'éducation et la santé sans pour autant faire réagir le gouvernement. Ce qui est certain est le fait que même le projet sur la retraite sera adopté, il n'en demeure pas moins que la constatation et la polémique seront au quotidien. La commission qui sera installée juste après l'adoption du projet pour définir la liste des métiers pénibles promet un véritable casse-tête chinois pour les pouvoirs publics.