Un «tribunal» islamique a condamné à mort les deux diplomates algériens. Abou Moussab Al-Zarkaoui vient donc de commanditer un nouveau meurtre en passant à l'acte par le « jugement » pour «apostat» des deux diplomates algériens en poste à Bagdad, Ali Belaroussi, 62 ans en phase de partir à la retraite, et Azzedine Belkadi, 47 ans, arrivé en Irak voilà à peine une semaine. L'affaire aurait été d'un ridicule fini, s'il n'y avait au bout le tragique de la situation où se sont retrouvés -à leur corps défendant- deux hommes (et leurs familles) alors totalement étrangers à une crise de dimension planétaire dans laquelle, au pire, ils ne sont que des pions. La sentence est tombée hier sur les fils des agences de presse, brutale dans son énoncé, cruelle dans son argumentation. Ainsi, le groupe d'Abou Moussab Al-Zarkaoui, qui a revendiqué le 21 juillet l'enlèvement de Belaroussi et Belkadi, a annoncé hier sur Internet qu'il «tuerait les deux diplomates algériens». Dans un communiqué, mis en ligne sur un site islamique, diffusé sur Internet, on peut lire que «Le tribunal islamique de l'Organisation Al Qaîda en Mésopotamie a décidé d'appliquer le verdict divin aux deux émissaires diplomatiques du gouvernement algérien apostat, le chargé d'affaires Ali Belaroussi et l'attaché diplomatique Azzedine Belkadi et de les tuer». Signé par Abou Maïssara Al-Iraqi du département de l'information de l'Organisation Al Qaîda en Mésopotamie, le communiqué, daté du 25 juillet, ajoute froidement: «Leur sort ne peut être que d'être tués». Quel forfait ont donc commis ces hommes dont le crime est d'avoir servi leur pays? Un jugement pour quelle rédemption? Le questionnement qui vient à l'esprit est de savoir d'où sortent ces hommes iconoclastes qui se sont intronisés nouveaux «initiés» et font une lecture aussi triviale des préceptes de l'islam, montrant combien ils connaissent bien peu une religion qui s'est imposée au monde par son esprit d'ouverture et de tolérance et d'humanisme faisant du savoir et de la connaissance les vertus premières de l'homme. Quels faits d'armes en faveur de la grandeur d'une religion -qui est celle d'un milliard 200 millions d'êtres humains- ont donc réalisé ces nouveaux inquisiteurs d'Al Qaîda pour se permettre de juger du bien-fondé des politiques d'Etats souverains ? Et ces sicaires d'ajouter dans le communiqué condamnant nos deux diplomates que ces gouvernements ont (...) «combattu les apôtres de la charia, tué de sincères moudjahidine et oulémas tout en soutenant les juifs, les chrétiens et les apostats dans leur guerre contre l'islam et les musulmans». L'expérience des années rouges algériennes a bien montré, combien, l'immense majorité de ces nouveaux convertis de l'islam «de combat» connaissaient peu ou prou les vrais enseignements du Saint Coran et démontré une ignorance crasse de ce que sont les vraies valeurs de l'islam qui a su gagner le coeur de centaines de millions d'hommes et de femmes. Le monde musulman, et ce n'est pas seulement l'Algérie, -un diplomate égyptien, Ihab Al-Chérif a, selon toute vraisemblance, été assassiné au début de ce mois par, sans doute, les mêmes qui, aujourd'hui, menacent de réserver le même sort à nos deux compatriotes- est ainsi mis en demeure de plier face aux nouveaux Haschischine rappelant la secte des Assassins de triste mémoire qui a sévi à la fin du XIe siècle pratiquant, à grande échelle, le meurtre politique. Al Qaîda, et ceux qui la manipulent dans les coulisses, ou s'en réclament, oublient ou feignent d'oublier que l'islam qui, a quinze siècles derrière lui, a vécu dans sa longue praxis, d'autres tragédies qui ne l'ont pas détourné de sa mission première: enseigner la paix et la sagesse aux hommes. Et ce n'est certes pas Al Qaîda, - responsable sans doute demain de la mort de nos compatriotes, comme elle assume celle de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants irakiens, victimes des hordes sauvages dévoyées-, qui, malgré la terreur qu'elle tente d'imposer au monde, va changer la nature d'une religion de tolérance qui a apporté beaucoup à la civilisation humaine et contribué à la renaissance du monde occidental notamment. Les inquisitions, comme les inquisiteurs d'aujourd'hui -le monde et les religions humaines ont eu à subir hier le dogmatisme- passeront comme sont passés leurs prédécesseurs. La foi véritable demeurera quant à elle à jamais inviolable.«