La menace d'exécuter les deux otages a été interprétée par des analystes comme un moyen de surenchère. Six jours après leur enlèvement par le groupe de Zarkaoui, c'est du moins l'unique piste plausible après la revendication du rapt, rien n'a encore filtré sur le sort des deux diplomates algériens. Ce qui est sûr, toutefois, c'est que contrairement aux termes du premier communiqué diffusé mardi dernier sur le site de l'organisation de Ben Laden, faisant état de l'enlèvement du chargé d'affaires d'Algérie en Irak, le nom de Azzedine Belkadi n'y figurant même pas, le communiqué rendu public, hier parle de «deux diplomates». Ce qui est en soi une information rassurante, même si les ravisseurs annoncent qu'ils tueraient les deux diplomates algériens. «Le tribunal islamique de l'Organisation Al Qaîda en Mésopotamie (Irak) a décidé d'appliquer le verdict divin aux deux émissaires diplomatiques du gouvernement algérien apostat, le chargé d'affaires Ali Belaroussi et l'attaché diplomatique Azzedine Belkadi, et de les tuer», selon un communiqué du groupe mis en ligne sur un site islamiste. Une menace que les analystes ont interprétée comme étant un moyen de surenchère, d'autant plus que le communiqué de Zarkaoui a été rendu public au lendemain du retrait d'Irak du corps diplomatique algérien accrédité à Bagdad. En effet, M.Bachir Belhadj, dernier diplomate qui se trouvait encore à l'ambassade d'Algérie à Bagdad et Mme Belaroussi, épouse de l'un des deux diplomates enlevés, ont été rapatriés vers Alger, a appris lundi soir l'APS de source informée. M.Belhadj, qui devait achever normalement sa mission dans la capitale irakienne en cette fin du mois de juillet et Mme Belaroussi sont arrivés à Amman avant de poursuivre leur voyage vers Alger. Serait-ce là l'une des conditions posées par les ravisseurs? Il est encore prématuré de l'affirmer, même si, des sources sûres avancent des contacts avec des émissaires dépêchés d'Alger pour tenter de dénouer la crise. Il est utile de rappeler que le président irakien Jalal Talabani avait promis il y a quelques jours d'intervenir auprès des principales tribus irakiennes pour aider à la libération des deux otages.Toutefois, il est à craindre que Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi soient actuellement entre les mains de terroristes algériens, qui auraient opéré cet enlèvement pour faire pression sur le gouvernement algérien. Une piste vraisemblable puisque pas moins de 380 islamistes algériens activent sur le sol irakien, mais surtout le communiqué du Gspc félicitant Al Qaîda pour l'enlèvement des deux diplomates, confirme le lien entre cette organisation et Al Qaîda. Par ailleurs, le fait même de montrer les deux diplomates sur le site Internet du groupe de Zarkaoui est un autre élément rassurant quant au cours des événements. Un élément qui prouve que des négociations sont à une phase avancée, en vue de la libération des deux diplomates. Derrière la menace d'exécuter Belaroussi et Belkadi, se cacherait donc, la volonté de les remettre en liberté pour peu que les conditions, non encore annoncées par les ravisseurs, soient satisfaites. En outre, voulant faire d'une pierre deux coups, le groupe Zarkaoui a saisi l'occasion pour passer un message aux capitales arabes, les sommant de retirer leurs représentations diplomatiques d'Irak. Il convient de rappeler qu'un haut responsable du ministère irakien de l'Intérieur avait affirmé, lundi dernier, que deux suspects liés au rapt des deux diplomates algériens ont été arrêtés. Serviraient-ils de monnaie d'échange en contrepartie de la libération des otages algériens? Une autre hypothèse qu'il est difficile de mettre en avant, au vu des derniers développements.