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Les Palestiniens avaient-ils le choix?
Publié dans L'Expression le 18 - 01 - 2018


Lors d'une réunion extraordinaire de son Conseil central (CC/OLP), dimanche et lundi, l'organisation de libération de la Palestine (OLP) a décidé de suspendre la reconnaissance d'Israël. Cette mesure répond à la décision du président des Etats-Unis, Donald Trump de reconnaître El Qods comme capitale de l'Etat hébreu et d'y transférer l'ambassade états-unienne. Convoqué en session extraordinaire - avec un seul point à l'ordre du jour, El Qods-le CC/OLP a donc adopté, à la majorité de ses membres, le principe de suspendre la reconnaissance d'Israël. Le CC/OLP a indiqué avoir «chargé le Comité exécutif de l'OLP (CE/OLP) de suspendre la reconnaissance d'Israël «jusqu'à ce que ce dernier reconnaisse l'Etat de Palestine dans ses frontières de 1967, annule l'annexion d'El Qods, cesse ses activités de colonisation». Une décision que les Palestiniens, malgré les aléas auxquels ils étaient confrontés dans leur négociation avec Israël, n'ont jamais songé à prendre, nonobstant le jeu malsain d'Israël [judaïsation d'El Qods, colonisation de la Cisjordanie, refus d'appliquer les accords d'Oslo]. Après la décision inacceptable de Trump, les Palestiniens, dos au mur, ne pouvaient que constater qu'on ne leur laisse pas le choix, si ce n'est celui de se soumettre au diktat d'Israël. D'autant plus que Trump, qui a rompu la politique que les Etats-Unis menaient depuis des décennies, ambitionne de résoudre le conflit, en donnant raison à Israël et en le confortant dans ses oukases. En décidant, de reconnaître El Qods, comme capitale d'Israël et d'y transférer l'ambassade des Etats-Unis, Trump a en fait violé le droit international, mis son pays en porte-à-faux, avec les conséquences que cela pourrait avoir sur la suite des évènements, outre le fait d'avoir exclu Washington en tant que parrain dans le processus de paix. En fait, les Etats-Unis de Donald Trump ne peuvent plus postuler à coordonner les efforts internationaux pour trouver une solution pacifique à un conflit qui perdure depuis 1947. En prenant sa décision sur El Qods, Trump a induit le chaos. C'est là, en fait, une chose aberrante et dévastatrice qu'un président des Etats-Unis puisse faire. Et le 45e président des Etats-Unis, semble inconscient des dégâts déstabilisants qu'il a commis à l'encontre de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient. Après la décision des Palestiniens de suspendre la reconnaissance d'Israël, le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a eu ces mots «cela montre qu'il [cf; Mahmoud Abbas] perd l'esprit et renonce à la négociation». Mal à propos, les médias occidentaux n'ont retenu que le commentaire de Lieberman, lui donnant un écho démesuré, comme quoi les Palestiniens «renoncent» à la négociation. Quelle négociation quand Israël, par l'occupation des territoires palestiniens, par l'implantation des colonies, fait délibérément obstacle à des pourparlers sincères? Or, si Israël voulait négocier il n'aurait pas embrouillé la donne par les milliers de colonies édifiées dans les territoires palestiniens, rendant la création d'un Etat palestinien problématique. L'opinion occidentale induite en erreur, estime ainsi que ce sont les Palestiniens qui refusent de négocier, attribuant aux Palestiniens ce qui est le fait des Israéliens qui ont accumulé les obstacles sur le chemin d'une solution consensuelle. Que reste-t-il en fait aux Palestiniens à négocier? Il serait curieux d'entendre ce qu'en dira Trump qui s'est gardé, depuis son arrivée à la Maison-Blanche, de confirmer la solution à deux Etats (Palestine et Israël) que ses prédécesseurs appuyaient. De même, Trump n'a pas condamné la colonisation qui mettait en cause l'existence d'un Etat palestinien. En fait, la vision de deux Etats était un leurre. C'est Benny Elon, ministre israélien du Tourisme, qui leva le voile sur cette duperie en assurant en 2003, lors du forum de l'Aipac (American Israël public affairs committe) que la politique d'Israël est de faire en sorte qu'il n'y ait jamais d'Etat palestinien aux côtés d'Israël indiquant «la position US n'est pas nouvelle. Notre job, c'est de nous assurer qu'un Etat palestinien, qui représente par de nombreux aspects un danger pour Israël, ne soit pas créé». Trump exauce ce voeu. Les Palestiniens se rendent compte un peu tard de la duplicité de leurs interlocuteurs (US et israéliens) qui, ces dernières années, ont joué le temps avec la comédie de négociations qu'ils savaient sans suite. Or, quoique sachant le parti-pris pro-israélien des administrations états-uniennes, les Palestiniens, qui avaient avalé maintes couleuvres, ont tenu néanmoins à honorer leur engagement en jouant le jeu, fut-il aussi clairement altéré. Aux Palestiniens, hélas divisés, de tirer (enfin) les conséquences de cette nouvelle donne.

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