L'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce ne sera effective que dans dix ans. La dernière réunion du groupe de travail chargé de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce a-t-elle fait avancer un tant soit peu les négociations? Sans doute pas, et il faudra attendre l'automne pour le prochain duel avant la réunion ministérielle à Hong Kong en décembre devant consacrer le cycle de Doha lancé en 2000. En effet, on apprend que la réunion de jeudi dernier n'a pas levé le voile sur plusieurs questions restées en suspens. Pour rappel, une délégation emmenée par Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, et composée d'une quinzaine de cadres supérieurs représentant les ministères et les organismes concernés par des questions, faisant l'objet de cette réunion, dont la poursuite de l'élaboration du rapport du groupe de travail à travers l'examen du régime du commerce extérieur de l'Algérie, a présenté un rapport détaillé en date du 21 juillet 2005 à Genève. Ce rapport est basé sur des questions et réponses additionnelles subséquentes à la huitième réunion du groupe de travail de l'OMC et des documents fournis par l'Algérie. La réunion a été en outre consacrée aux échanges de vues sur l'état des négociations relatives à l'accès aux marchés des marchandises et des services, sur la base des offres révisées et présentées par l'Algérie en juin 2004, ainsi que la détermination des phases futures des travaux du groupe. Au cours de cette réunion la délégation algérienne a reçu une nouvelle mouture de ce rapport préliminaire. Néanmoins, la question de la double tarification du gaz naturel a fait l'objet de plusieurs observations de la part de plusieurs membres du groupe de travail, notamment les Etats-Unis et l'Union européenne accusant l'Algérie de pratiquer la discrimination entre les opérateurs étrangers et nationaux en termes de coût d'accès sur le marché national. Pour convaincre les membres de l'OMC de la bonne foi de l'Algérie, Hachemi Djaâboub a remis une copie de la nouvelle loi sur les hydrocarbures adoptée par les deux chambres parlementaires et sortie sur le Journal Officiel en date du 19 juillet. Aujourd'hui, cette question n'a plus lieu d'être citée avec la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui place Sonatrach sur un pied d'égalité avec les compagnies étrangères. Ce qui n'a pas empêché le groupe de travail d'émettre certaines réticences. Ainsi, rendez-vous est pris pour le 21 octobre prochain à Genève. Cette réunion sera consacrée à l'examen du rapport préliminaire sur les négociations d'accession de l'Algérie à l'OMC et l'état d'avancement des pourparlers entre les parties. Par ailleurs, on apprend que l'éviction de Nordine Boukrouh n'a pas été du goût des 148 membres de l'OMC. Il est à souligner que l'ancien ministre du Commerce a été l'un des seuls à avoir compris les mécanismes de l'OMC basés beaucoup plus sur la communication et la persuasion. Or, c'est le point noir reproché à l'Algérie. A titre d'exemple, les délégations algériennes ont toujours soutenu que le taux de chômage a régressé et que le marché informel et la contrefaçon sont combattus. Il faut savoir que des émissaires de l'OMC effectuent couramment des visites en Algérie pour se rendre compte de visu de la véracité des informations fournies. La réalité est malheureusement autre. De ce fait, chaque fausse information retarde l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Une adhésion dont peut se passer aisément le pays au vu de son matelas financier. Car l'adhésion à l'OMC ne signifie nullement un accès direct et facile au marché mondial du commerce. En outre, l'Algérie y gagnerait beaucoup à entamer des négociations bilatérales avec ses partenaires au lieu de chercher coûte que coûte à adhérer à l'OMC. D'ailleurs les mêmes sources affirment que cette adhésion ne sera effective que dans le cas où l'Algérie aura satisfait au cahier des charges dans dix ans. Durée estimée pour que les réformes administratives mais surtout bancaires et financières atteignent leur maturité. Auparavant, l'Algérie devra se contenter du rôle de simple observateur.