Il devient clair qu'Al Qaîda a agi sur «instruction» des terroristes du Gspc. L'état de choc qu'a provoqué l'exécution des deux diplomates Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi au sein de l'opinion nationale, interpelle cette dernière sur l'attitude à adopter face au projet de réconciliation nationale proposé par le chef de l'Etat. En effet, l'assassinat des diplomates a été salué par l'organisation terroriste opérant en Algérie. Pis encore, dans le communiqué annonçant l'exécution de MM.Belaroussi et Belkadi, le groupe Zarkaoui s'est largement inspiré des thèses du Gspc pour justifier son ignoble acte. Ainsi, il devient clair qu'Al Qaîda qui a commis ce crime contre l'Etat, voire contre le peuple algérien a agi sur «instruction» des terroristes du Gspc. Et comme pour signifier la collision avec Al Qaîda, l'organisation terroriste algérienne a «félicité ses frères d'Irak» pour la basse besogne commise sur les représentants de la République algérienne en Irak. Cette intrusion du Gspc dans les sphères diplomatiques par le truchement d'une exécution des deux diplomates, intervient à un moment où la société algérienne s'apprête à se prononcer par voie référendaire sur un texte portant réconciliation nationale. Lequel document comporte des dispositions amnistiantes. Après la sortie du Gspc, qui confirme en fait, le divorce total de cette organisation avec les symboles de l'Etat et donc de toute la société algérienne, cette dernière est de facto confrontée au concept même de réconciliation nationale. En effet, à la lumière des événements de ce week-end, la question qui vient à l'esprit consiste à se demander: se réconcilier avec qui? Surtout pas avec ceux qui jubilent lorsque deux représentants de la République se font lâchement assassinés en terre étrangère. Et c'est exactement là le but que se sont fixé les rédacteurs des deux communiqués du Gspc. En fait, les émirs radicaux ne veulent pas de réconciliation en Algérie. Une situation de ni paix ni guerre arrange grandement leurs desseins. La célérité de leur réaction par rapport à l'enlèvement et à l'exécution des deux diplomates témoigne d'une volonté de piéger ceux qui dans leurs troupes souhaitent déposer les armes. Il est clair en effet que la réconciliation nationale, comme la concorde civile d'ailleurs, aura pour conséquences immédiates de vider les maquis, ce qui affaiblirait encore plus les émirs jusqu'au-boutiste. Cela dit, la stratégie des chefs du Gspc étant de couper toute voie de retraite à leurs hommes et torpiller la démarche réconciliatrice de l'Etat, il n'en demeure pas moins que sur le plan médiatique, il a réussi à jeter le trouble dans les esprits, ici en Algérie. Cependant, la réaction du ministre des Affaires étrangères suite aux sorties de l'organisation terroriste, renseigne sur la volonté des autorités centrales de ne pas tomber dans le piège tendu par le Gspc. «Le référendum aura lieu, et à la lumière de ces évènements, l'Algérie prendra les mesures qui s'imposent.» Une déclaration qui ouvre la voie à de multiples interprétations quant à l'évolution du discours officiel par rapport à la réconciliation nationale. En tout état de cause, il semble entendu que l'Algérie n'apportera pas de changements significatifs au plan interne, justement pour ne pas faire le jeu des terroristes du Gspc.