Le siège du MSP Makri, le chef de file de la mouvance islamiste et porte-flambeau de l'opposition au sein de la Coordination pour la transition et les libertés démocratiques (CTLD), apporte la preuve que les promoteurs de la transition démocratique ont fait faillite. La théâtralité politique revient sur le devant de la scène nationale. L'oeuvre, cette fois, est signée par le président du MSP, Abderezzak Makri. Ainsi, après un parcours «solidaire» où son parti s'est donné la mission de porte-flambeau de l'opposition au sein de la Coordination pour la transition et les libertés démocratiques (Ctld), le successeur de Menasra à la tête du premier parti islamiste du pays, prône le consensus national. Une démarche jusque-là encore solitaire, qui suggère un rapprochement avec le pouvoir, histoire d'esquisser une démarche commune à toute la classe politique à l'effet de gérer le pays sans heurts et sans confrontations. Bien que cette offre politique ressemble à s'y méprendre au «Front patriotique» proposé par le FLN ou encore au «consensus national» défendu par le FFS, Abderezzak Makri n'évoque aucun précédent à sa proposition. Il faut dire qu'en évitant de puiser dans l'expérience d'autres partis, le président du MSP présente à l'opinion une formule vide de tout contenu politique. La vacuité de la démarche est d'autant plus évidente que le chef de file du parti islamiste avait tout le temps prêché le dépassement du pouvoir en place en insistant sur la nécessité de réunir toute «l'opposition» dans le cadre de la Ctld. D'une transition «démocratique», Makri découvre la recette du consensus après avoir mené tambour battant une campagne sans relâche contre ce «pouvoir autoritaire qui ne veut pas lâcher prise», disait-il. Que s'est-il passé pour expliquer cette volte-face aussi spectaculaire? N'est-ce pas ce Makri qui affichait une posture incarnant l'aile radicale du MSP, fustigeant ceux au sein de son mouvement qui cherchaient à reprendre langue avec «le pouvoir en place»? A propos du consensus que défendait et le défend encore le FFS comme démarche constante depuis des années, et ce n'est pas pour faire dans l'illustration de cette approche qui échoit au FFS, c'est une démarche qui sied à sa vision et sa ligne politiques qui lui sont propres. Le FFS est resté sur la même lancée politique quant à l'issue qu'il propose sur le plan politique. Makri se moquait de ce choix adopté par le FFS en déclarant: «Nous avons dit au FFS que ce qui a été proposé est identique à ce qui a été proposé dans l'initiative du consensus national. Le problème n'est pas de convaincre l'opposition, mais le pouvoir, venez avec nous dans l'opposition et vous serez les bienvenus. Vous serez dans les premiers rangs pour faire, d'une manière pacifique, pression sur le pouvoir, dans l'intérêt de l'Algérie uniquement», a martelé celui qui faisait dans la transition et la pression politique pour «dégommer» le pouvoir. Cette arrogance et pédantisme en politique viennent de se retourner contre leur promoteur qui ne daigne plus afficher ce qui était interdit au FFS pour le restituer à son compte et le répandre aux autres formations politiques et autres personnalités. Qu'est-ce qui a changé de façon perceptible dans les équilibres politiques du «régime» pour que Abderezzak Makri revoit ipso facto sa copie? Le consensus est devenu une marque déposée qui peut être arborée vertement par ceux qui ont tout fait pour contourner ce genre de solutions même si elles ne répondent pas à une conception dominante au sein de la classe politique. Pour ainsi dire, le président du MSP, Abderezzak Makri apporte la preuve que les promoteurs de la transition démocratique ont fait faillite et que leur démarche est obsolète. Mais ce que Makri ne veut pas dire, c'est que le prétendu «printemps arabe» vit un reflux manifeste et que ses résultats sont plus que catastrophiques sur les pays et les Etats qui l'ont vécu. La menace est devenue plus que sérieuse quant au devenir de ces pays qui sont maintenant sous la tutelle des puissances qui ne cherchent que la mainmise et faire main basse sur les richesses desdits Etats et retracer la géographie de la région où le «printemps arabe» est passé là. Abderezzak Makri est donc un mauvais élève, voire un néophyte en matière d'analyse politique et de recentrage géostratégique. Du rejet du dialogue au nom d'une idée fumeuse et arlésienne de «la transition» qui ne s'inspire pas de la société et ses contradictions, mais bien au contraire, des luttes d'appareils, il trouve une recette magique celle d'un consensus fondé sur le dialogue avec le pouvoir. La composante qui forme la coalition anticrise a atteint son point culminant de sa dislocation à cause du jeu de leadership vertical. De ce fait, Makri veut rebondir à nouveau, mais en changeant de peau sans coup férir.