Madrid est résolu à empêcher le retour de Puigdemont, même «en ULM, en bateau ou dans le coffre d'une voiture». Exilé en Belgique depuis la fin d'octobre, il a été proposé, lundi, candidat à la présidence de la Catalogne, mais risque d'être arrêté s'il revient en Espagne. Madrid n'a pas mis beaucoup de temps pour réagir aux affirmations de Carles Puigdemont qui, depuis le Danemark où il a participé à une conférence sur le mouvement séparatiste catalan, affirme à qui veut l'entendre qu'il est bien décidé à président de la région de Catalogne. Hier, le ministre de l'Intérieur espagnol, Juan Ignacio Zoido, a en effet déclaré que les forces de l'ordre étaient fortement mobilisées «partout dans le pays» afin d'appréhender le leader indépendantiste au cas où il tenterait de rejoindre Barcelone «en hélicoptère, ULM ou bateau», voire «dans le coffre d'une». Alors qu'il se trouve en Belgique depuis la fin octobre pour éviter une arrestation sous les chefs d'inculpation de «sédition, rébellion et malversation de fonds», Carles Puigdemont a été proposé hier comme candidat à la présidence de la région lors d'une réunion du Parlement régional dominé par les formations séparatistes. Il a appelé une nouvelle fois hier au dialogue et au respect des résultats des urnes, estimant que Madrid n'a aucun droit de l'empêcher d'exercer son nouveau mandat. Or, le ministre de l'Intérieur n'a pas caché, lors d'un entretien accordé à la télévision publique espagnole, que la Garde civile et la police nationale sont mobilisées vingt quatre heures sur vingt-quatre pour interdire à Puigdemont une entrée secrète sur le territoire. Unique candidat à même d'obtenir l'investiture du Parlement catalan, Carles Puigdemont ira-t-il jusqu'à braver l'interdit de Madrid qui a averti qu'il ne saurait être question d'un mandat accompli «par Skype»! S'il est effectivement à l'abri de toute arrestation tant qu'il reste en Belgique, l'Espagne cherchant à éviter des sujets qui fâchent avec Bruxelles, il sait que le temps lui est compté puisque le débat d'investiture doit impérativement avoir lieu au plus tard le 31 janvier prochain, tandis que ses modalités sont toujours l'objet d'intenses discussions entre les différentes formations en lice. Si les services juridiques du Parlement sont fermement opposés à une investiture à distance, le président indépendantiste Roger Torrent affirme quant à lui que la décision est avant tout «politique» et qu'elle appartient de ce fait au bureau du Parlement et non à ses services juridiques. Ce qui, déjà, le place en rupture avec les dirigeants espagnols dont le chef du gouvernement Mariano Rajoy et le ministre de l'Intérieur qui répète à qui veut l'entendre que Puigdemont «doit se rendre» ou sinon «laisser la présidence à un autre candidat». Roger Torrent ne désespère pas de trouver une solution dés lors que Carles Puigdemont a «une légitimité absolue pour être candidat» et il a sollicité un entretien à ce sujet avec le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, avant le 31 janvier prochain. Au lendemain des élections régionales anticipées du 21 décembre, convoquées après la dissolution du Parlement et la mise sous tutelle de la région catalane par Madrid en réponse à une proclamation unilatérale d'indépendance de la Catalogne, les indépendantistes ont remporté de nouveau la majorité des sièges au Parlement tandis que le Parti populaire du premier ministre Mariano Rajoy s'est littéralement effondré au profit du parti libéral unioniste Ciudadanos qui s'est retrouvé en pole position.