En optant pour une grève illimitée, le Cnapeste semble perdu dans un chemin sans issue Ce syndicat, qui vient de sortir d'un congrès national de renouvellement de ses instances, conseil et bureau nationaux, a choisi, désormais, de se lancer dans une action jusqu'au-boutiste «je veux tout et tout de suite!». Une grève inscrite dans le cadre de la solidarité syndicale. Autrement dit, une grève nationale pour venir en aide à trois wilayas essentiellement, à savoir Béjaïa, Tizi Ouzou et Blida dont le Cnapeste local est en mouvement de grève illimitée allant d'un mois à deux mois, selon chaque wilaya. Pour la wilaya de Béjaïa, à l'instar des autres wilayas, la revendication principale est le payement des journées de grève ponctionnées sur les salaires des grévistes après avoir gelé leur première grève illimitée, suite à des négociations responsables entre le bureau de wilaya et la DE. Un terrain d'entente a été dégagé pour la reprise des cours d'un côté, et la prise en charge des revendications de l'autre côté. La décision de l'administration de ponctionner les journées de grève sur les salaires des enseignants grévistes a mis le feu aux poudres. Du coup, c'est la reprise de la protestation depuis le 16 janvier dernier. Quand bien même les revendications sont légitimes et méritent des négociations sérieuses avec des engagements sérieux, on ne peut se cogner la tête contre le mur et crier à la victime. Peut-on engager un bras de fer avec la tutelle quand on sait que les problèmes prendront le même temps pour trouver leurs solutions? Aujourd'hui, on peut même douter des arrière-pensées de cette grève qui est gagnée, malheureusement par un pourrissement sans précédent, en tenant compte de l'impasse qui caractérise ce mouvement. Le Cnapeste qui vient de sortir d'un congrès national de renouvellement de ses instances, conseil et bureau nationaux, a choisi, désormais, de se lancer dans une action jusqu'au-boutiste «je veux tout et tout de suite.» Il fait cavalier seul et contre tous pour bien occuper le terrain de la lutte et tenter de ratisser large en prévision notamment du renouvellement des instances des oeuvres sociales, aussi bien au niveau local qu'au niveau national. C'est dire que cette grève véhicule désormais des arrière-pensées aussi bien syndicales que politiques. Sur le plan syndical, le Cnapeste veut élargir sa base en perspective des prochaines échéances électorales (oeuvres sociales, commissions paritaires...) ce qui est de bonne guerre sur le plan syndical étant donné que le contrôle de ses organes renforce la représentativité du syndicat et lui permet de créer un rapport de force en sa faveur. Le Cnapeste est dans son droit de revendiquer, de protester et surtout d'imposer son rapport de force, mais pas au détriment d'une école, l'école publique de surcroît, qu'on n'a pas cessé de qualifier de sinistrée. Mais, est-il aussi concevable de le faire sur le dos des innocents, les écoliers, les collégiens et lycéens? Cette grève est-elle réellement motivée par le seul intérêt relatif à la défense des droits matériels et moraux des travailleurs ou bien véhicule-t-elle des idéologies notamment islamistes? En effet, tout porte à croire que c'est la tête de Benghebrit qui est visée par ce mouvement de grève. Benghebrit qui a fait l'objet d'une campagne de critique et des attaques sans précédent au lendemain de son installation à la tête du ministère de l'Education a su s'imposer dans les différents gouvernements comme une ministre incontournable pour réformer l'école algérienne, sinistrée. La ministre se retrouve à nouveau sous les tirs croisés des milieux arabisants et des islamistes qui lui reprochent son penchant pour la «francophonie». Ses engagements à promouvoir l'Education nationale et à poursuivre son plan d'action pour réformer le système d'éducation dérangent énormément. Après près de deux mois de grève, le Cnapeste ne lâche toujours pas prise. En optant pour une grève illimitée, le Cnapeste semble perdu dans un chemin sans issue. Il fait l'objet de tirs croisés des parents d'élèves, des élèves et de l'opinion publique. L'intervention des pouvoirs publics à un haut niveau est plus que souhaitable. Les responsabilités doivent être situées et établies.