Le ministre de la Jeunesse et des Sports n'a pas hésité à user de termes tranchants. C'est un Yahia Guidoum plus déterminé que jamais qui est intervenu, hier matin, lors du forum du quotidien El Moudjahid dont il était l'invité. Le ministre de la Jeunesse et des Sports a voulu en la circonstance adopter un discours franc même si certains ont pu le trouver trop sévère. «Nul n'a le droit d'ignorer la vérité, ni d'éviter cette vérité encore moins de la fuir. C'est la ligne de conduite que je me suis imposée, dira-t-il en guise d'introduction. C'est pourquoi vous trouverez en face de vous quelqu'un qui ne cherchera pas à fuir ses responsabilités. Si je suis à la tête de ce ministère c'est pour appliquer le programme de M.le président de la République qui s'articule, dans le secteur, sur deux points essentiels. Le premier est la réconciliation nationale des Algériens avec eux-mêmes et cette réconciliation touche en premier lieu la frange de la jeunesse. Le deuxième a trait au programme de la relance et c'est, également, la jeunesse qui est essentiellement concernée. Ces deux points doivent être absolument gérés à travers un programme de réaménagement des mentalités. Nous avons besoin de reconsidérer nos mentalités. Nous avons la culture du détail négatif et nous en arrivons à oublier les axes essentiels, notamment de faire preuve d'imagination pour le devenir de cette jeunesse. Il ne saurait y avoir de mobilisation de la jeunesse si les adultes ne savent pas se solidariser et être magnanimes pour montrer l'exemple à une jeunesse en plein désarroi. L'argent facile et incontrôlé a tout gâché. Il est devenu le miroir aux alouettes à des égarés. Je peux vous assurer que tout ce qui sera fait au niveau du ministère de la Jeunesse et des Sports, j'en porterais l'entière responsabilité. Je ne fuirai aucune recherche de la vérité, ni aucun problème car il y va de l'intérêt supérieur de notre pays qui est adossé au devenir des jeunes». «Un inspecteur vendait ses livres» Après ce préambule, le ministre a abordé un certain nombre de questions dont la première a touché le secteur qu'il dirige. «En arrivant dans ce ministère j'ai trouvé une administration avec une organisation presque absente. C'est une administration peu imaginative qui ne peut répondre à des objectifs politiques et stratégiques. En face d'elle j'ai découvert qu'il y avait un mouvement associatif extrêmement puissant qui parvenait à la mettre à genoux. Au lieu qu'il y ait des passerelles d'échanges entre eux, les deux pôles étaient séparés. Cela ne pouvait continuer. On m'a accusé d'être un mangeur d'hommes. J'en assume l'entière responsabilité. En tant que chirurgien qui lutte contre la détresse humaine je n'accepte pas que des hommes fuient leurs responsabilités. C'est pourquoi j'ai suspendu les inspecteurs généraux du ministère qui seront tous reversés dans leur corps d'origine qui est celui de la jeunesse. J'en suis arrivé à devenir moi-même un inspecteur pour découvrir que cette structure activait surtout pour des besoins pécuniaires. En 5 mois d'activité, cette structure a dépensé 70 millions de centimes uniquement en frais de mission d'hébergement, de restauration et de transport pour un résultat quasi nul. Un de ces inspecteurs, qui a écrit un livre, profitait de chaque mission pour remplir la malle de sa voiture avec des exemplaires de son livre. Il allait en faire la promotion et certainement le vendait. Il faut revoir la composante de cette inspection. Ne peut être inspecteur le premier venu. Chaque inspecteur doit être un expert dans un domaine précis. C'est la même chose pour le domaine de la médecine du sport dont je dirai que nous avons raté son développement. Je ne comprends pas qu'un sport embauche un kiné sans connaître ses aptitudes. Un kiné versé dans le handball ne peut servir convenablement en gymnastique et vice-versa. Les kinés doivent se spécialiser». En ce qui concerne le volet de la formation, le ministre insistera sur le fait que le développement en la matière a été occulté. «Je n'ai pas la prétention d'apprendre à marcher à un adulte de 25 ans. Mais lorsque j'ai entre les mains un gamin de 10 ans, je me dois d'intervenir. Je suis de ceux qui vous diront qu'il faut mettre le paquet sur la détection. C'est ainsi que pour le football je peux vous annoncer que des tournois interquartiers vont nous permettre de sélectionner une cinquantaine de jeunes talents qui seront regroupés dans un premier temps dans le lycée sportif de Draria et qui par la suite bénéficieront d'un suivi permanent dans la future Ecole nationale de football qui sera construite à Koléa. La même opération touchera le handball et l'athlétisme. A propos du lycée sportif de Draria, il accueille des enfants à partir de la seconde et qui ont 15 ans. A cet âge c'est trop tard. Il faut songer à intégrer les enfants plus jeunes. La prochaine rentrée scolaire verra donc des élèves qui seront pris à partir de la sixième». Sur une question relative au complexe sportif qu'occupe le CR Belouizdad, complexe qui appartenait au MJS, M.Guidoum a été catégorique. «Tout ce qui appartenait à l'Etat reviendra à l'Etat» a-t-il martelé. Et le ministre d'aborder le problème d'autres infrastructures. Les clubs seront pris en charge «Je trouve aberrant que des sélections nationales aient des difficultés à trouver où dormir alors qu'il y a l'hôtel du stade du 5-Juillet. Cet hôtel-là sera reversé au secteur public comme le sera le golf de Dely Ibrahim dont l'athlétisme se plaint de ne pouvoir utiliser ses parcours. Nous allons, également, réaménager l'ITS Ghermoul et en faire un centre de regroupement. J'ajoute que nous allons aider le football et que les équipes de la D1 et de la D2 bénéficieront d'une prise en charge totale lors des compétitions nationales. Comme nous allons nous mettre en relation avec le MDN pour étudier la possibilité de transporter par ses avions les équipes qui sont appelées à jouer à l'étranger. » A propos du MDN, une question a été posée au ministre au sujet du Cneps qui est la propriété de ce ministère. « Parlez-moi des installations de notre secteur et laissez-moi m'en occuper. Il n'y a pas longtemps, lors d'une visite d'inspection j'ai été consterné de découvrir que l'entreprise qui travaillait sur le site de la trémie de Chevalley, déchargeait des tonnes de terre sur un terrain appartenant à l'Ists. Cela se faisait sans qu'aucun responsable de cet institut supérieur du sport ne lève le petit doigt. Il a fallu que j'intervienne moi-même auprès de l'entreprise en question pour que cette terre soit enlevée.» Abordant la question des clubs de football qui abusent de l'argent public, le ministre trouve «immoral que l'argent passe de main en main au mépris de la réglementation. Aujourd'hui, pas un DJS du pays n'est capable de vous dire quelles sont les sources de financement de nos clubs. Je peux vous certifier que cet argent-là sera contrôlé et c'est l'Etat qui décidera de sa destination. A ce sujet, je vous annonce la création d'une commission de contrôle du sponsoring. Le tiers de cet argent obtenu dans ce cadre ira à la formation. Les clubs seront aidés en ce sens. Ceux d'Alger dans un premier temps auront, chacun, d'ici la fin de la saison sportive une assiette de terrain où il pourra ériger son centre de formation et d'entraînement. De la même manière il y aura un laboratoire de contrôle des pelouses car il y a eu trop d'abus en la matière comme ces pelouses synthétiques que l'on a posées directement sur le béton.». Concernant le problème des bourses de préparation consenties à certains athlètes d'élite, M.Guidoum fera part de son dépit de voir cet argent utilisé de très mauvaise manière. « A partir du moment où c'est l'athlète qui gère cet argent même son entraîneur est à ses ordres alors que ce devrait être le contraire. Aussi est-ce avec beaucoup de joie que j'ai découvert le site de Tikjda que le COA a réhabilité. Dans de telles circonstances je préfère communiquer avec le COA car il oeuvre dans l'intérêt du pays. L'athlète algérien doit consommer algérien et cela se fera. Maintenant pour ce qui est du secteur de l'athlétisme, attendez-vous à ce qu'il y ait des changements sous peu (cette phrase a été dite à la fin du forum dans une déclaration à la Chaîne III)». Le litige Favb-Fabb a également été soulevé par l'assistance. «C'est un pseudo-problème. Il a été réglé par le sens hautement responsable du président du COA, M.Mustapha Berraf. On a eu la malhonnêteté et la malveillance de nuire à notre pays en annonçant que la compétition de volley-ball sera confiée au Maroc. C'est vraiment malheureux». Pour ce qui est des futurs Jeux africains de 2007 qu'Alger abritera, le ministre a annoncé qu'une cité de 500 logements a déjà été dégagée pour le village olympique des athlètes. «Nous sommes en pourparlers avec les Qataris propriétaires du projet pour dégager 800 autres logements. Pour l'instant cela n'a pas abouti et si cela venait à en rester là, on se tournerait vers les cités universitaires».