Le Cnapeste campe sur ses positions et refuse tout débat Le Cnapeste n'est pas sans savoir que «trop de grève, tue la grève». Isolé par l'opinion publique et sa famille syndicale, ce syndicat semble perdre «sa guerre». La raison a fini par l'emporter et la tension sociale a baissé d'un cran. Les mouvements de protestation qui ont éclaté ici et là depuis quelques mois déjà et dont la convergence en ce mois de février risquait d'enfanter un grand mouvement de colère sociale, semblent s'orienter vers l'apaisement. La plausible explosion sociale a bien été évitée et les pouvoirs publics sont arrivés à désamorcer, à temps, la bombe en arrêtant son minuteur. Ainsi, le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) a décidé du gel de la grève illimitée à laquelle il avait appelé en réaction à la décision du tribunal administratif d'Alger jugeant «illégale» la grève cyclique de trois jours par semaine. Ce gel survient suite à la réunion, tenue mercredi dernier, entre le SAP et le ministère de la Santé. Aujourd'hui, la tutelle devra également relancer les négociations avec le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) qui observent une grève depuis plus de deux mois. Les prémices d'un dégel pour ce conflit sont palpables surtout après l'atténuation observée dans le discours des médecins résidents qui de l'obligation de l'abrogation du service civil sont passés à la nécessité de la disponibilité des moyens lors d'une affectation au service civil. Une avancée perceptible dans les négociations qui dénotent, faut-il le souligner, de la maturité des deux parties en conflit. Il s'agit-là d'un aboutissement logique à tout combat syndical. Car un syndicat préfère, rationnellement, s'en remettre à la discussion plutôt qu'à la force pour trouver une solution. Et négocier, c'est ignorer les solutions du type tout ou rien pour rechercher un compromis acceptable par les deux parties en conflit. De ce fait, le compromis doit également et obligatoirement être une option pour le Cnapeste (le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation) qui, après une grève de plus de deux mois dans certaines wilayas, a décidé, depuis une semaine, d'une grève nationale illimitée. Le Cnapeste campe sur ses positions et refuse tout débat alors même que le ministère de l'Education a annoncé sa disponibilité à prendre en charge l'ensemble des revendications réglementaires des grévistes. Mieux encore, la tutelle a affirmé que toutes les revendications relevant de sa compétence ont été satisfaites. Mais c'est compter sans l'«entêtement» de ce syndicat qui refuse que la loi soit appliquée, notamment en ce qui concerne les ponctions sur salaires des grévistes. En fait, le Cnapeste n'est pas sans savoir que «trop de grève, tue la grève» et en décidant de camper sur ses positions, il va droit «dans le mur». Isolé par l'opinion publique et sa famille syndicale, le Cnapeste semble perdre sa guerre». En plus donc des parents d'élèves qui refusent la prise en otage de leurs enfants, il y a les autres syndicats du secteur qui ont désavoué ce syndicat en affirmant que le recours à la grève illimitée était «injustifiée» et «donne une image négative» du mouvement syndical devant l'opinion publique. Il y a lieu de se demander sur les raisons de l'obstination du Cnapeste alors même que les pouvoirs publics ont affiché leur bonne volonté à résoudre le différend. A ce propos, il faut dire que les membres de l'Exécutif de Ahmed Ouyahia sont très attentifs à toutes les revendications sociales. Pour preuve, que ce soit le ministre de l'Intérieur, Nouredine Bedoui, ou encore la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit, les deux hauts responsables ont effectué, contrairement à leurs habitudes, des visites de travail de deux jours dans les wilayas de Béjaïa et Tizi Ouzou. Une façon non pas seulement de rassurer de la disponibilité de l'Etat à prendre en charge toutes les revendications citoyennes, mais aussi d'affirmer son engagement à rester à l'écoute du citoyen. Cette volonté de l'Etat à désamorcer la bombe sociale coupe ainsi l'herbe sous les pieds de ceux qui aspiraient au pourrissement de la situation surtout en cette période où l'Algérie, économiquement fragilisé, doit absolument préserver son équilibre social.