Le haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a averti hier qu'un possible «génocide» ou une «épuration ethnique» contre la minorité musulmane des Rohingyas au Myanmar pourrait provoquer un conflit religieux dans la région. «La Birmanie est confrontée à une crise très grave - avec un impact potentiellement sérieux dans la région», a déclaré M. Hussein dans une allocution à Jakarta, en Indonésie. Ses déclarations interviennent après la publication la semaine dernière d'articles de presse faisant état de fosses communes dans l'Etat Rakhine, dans l'ouest du Myanmar. Près de 690.000 musulmans rohingyas ont fui cette région pour se réfugier au Bangladesh voisin depuis août dernier, afin d'échapper à une opération de l'armée birmane qualifiée de campagne d' «épuration ethnique» par les Nations unies. Cependant, la région reste bouclée par l'armée birmane et quasiment impossible d'accès pour la presse et les enquêteurs de l'ONU. La forte croissance au Myanmar et les efforts en matière de développement socio-économique dans l'Etat de Rakhine ne peuvent pas masquer la «discrimination institutionnalisée» contre la minorité des rohingyas, a ajouté le haut commissaire de l'ONU. Ce dernier devait rencontrer le président indonésien, Joko Widodo, ainsi que des responsables du gouvernement et des défenseurs des droits de l'homme au cours de sa visite de trois jours dans la région. Plus grande population apatride du monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, les Rohingyas sont victimes de nombreuses discriminations.