Hier, une foule nombreuse s'est déplacée au siège du MDS pour lui rendre un dernier hommage. Derrière l'emblème national accroché à la porte d'entrée de l'imposant immeuble de douze étages qui abrite- dans ses sous-sols- le siège national du Mouvement démocratique et social (MDS), une foule compacte s'est formée. On y voit pêle-mêle, dans une atmosphère maussade marquée par des pleurs saccadés et des chuchotements peu audibles, des hommes politiques, des cinéastes, des anciens moudjahidine, des militants des droits de l'homme mais aussi des écrivains, des anonymes... Mais... point d'officiels. Même pas l'ombre d'un ministre de la République. De même que fut remarquée l'absence de nombreux chefs de partis politiques, notamment les plus réconciliateurs pour qui, semble-t-il, la réconciliation nationale et les messages de tolérance prêchés à outrance n'ont de sens qu'à travers les communiqués ou à partir d'une tribune populaire. Tout ce beau monde attend, de pied ferme, depuis la matinée, l'arrivée de la dépouille mortelle de El Hachemi Chérif qui ne devait pas, à ce titre, tarder. En effet, car vers 11h10, l'ambulance escortée par les véhicules de la police nationale se présente sur les lieux provoquant une grande émotion parmi la foule. Des applaudissements nourris et des youyous stridents accompagnent, dans une file indienne, le cercueil du défunt à l'intérieur de la grande salle du siège du parti. C'était l'heure de l'ultime adieu à ce grand militant démocrate et nationaliste. Le moment du recueillement s'est fait dans un silence religieux. Le visage livide de El Hachemi est exposé à l'intérieur d'un cercueil enveloppé par le drapeau national et sur lequel l'on a soigneusement déposé une rose. «Nous pleurons un grand militant de la démocratie, de la République et des libertés. Lors du précongrès du parti organisé récemment, El Hachemi s'était distingué, dans une sorte de discours testament, sur l'avenir du pays. Sur la contribution des militants dans l'édification d'un régime démocratique», se souvient M. Bererhi, l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur. Parmi le peu de politiques présents l'on note Bachir Boumaza, l'ex-président du Conseil de la nation. Amara Benyounès, leader du nouveau parti l'Union démocratique et républicaine (UDR), était au rendez-vous non loin de son ancien maître à penser du RCD, Saïd Sadi. Seddik Chiheb est venu représenter le RND. Dans cette même foule l'on pouvait distinguer les moudjahidine Mebrouk Belhocine, ancien dirigent de la fédération du France du FLN. Louisette Ighilahriz «Dame courage» était elle aussi de la partie aux côtés de la femme de Mohamed Benchicou, le directeur du quotidien suspendu le Matin, aujourd'hui emprisonné. De nombreux artistes, notamment ceux du cinéma, des anciens collègues du défunt qui fut aussi un réalisateur de renom, dont Jean Pierre Lledo, Laskri, Saïd Hilmi, ont tenu à rendre un ultime hommage à ce grand Monsieur. Après le recueillement, la dépouille a pris la direction du cimetière de Miramar dans la commune de Raïs Hamidou à Alger, pour le repos éternel. Que Dieu ait ton âme El Hachemi.