Sept longues années de braises et de sang Le Conseil constitutionnel français a étendu jeudi le droit à des pensions aux victimes d'actes de violence pendant la guerre d'Algérie à l'ensemble des personnes qui résidaient alors dans le pays, quelle que soit leur nationalité, rapporte la presse française. La guerre d'Algérie tend-elle vers l'apaisement? Le chemin est incontestablement long pour y parvenir. Un nouveau pas vient cependant d'être franchi. Comme un jalon. Il comptera certainement lorsque les rapports entre la France et son ancienne colonie, qui ont été et continuent d'être rythmés par la guerre de Libération nationale qui a conduit l'Algérie à son indépendance, tendront vers l'apaisement. Sept longues années de braises et de sang sur lesquelles doit se bâtir une coopération exceptionnelle à laquelle sont pratiquement condamnés les deux pays. Cela ne se fera incontestablement pas sans réveiller des plaies qui demeurent à vif. Sans évoquer les épisodes dramatiques, sanglants, qui ont jalonné les 130 années de présence française en Algérie. C'est ce que vient de faire inévitablement à son corps défendant le Conseil constitutionnel français en énonçant une décision qui l'honore, à plus d'un titre. Les neuf sages ont étendu le 8 février 2018 le droit à des pensions aux victimes d'actes de violence pendant la guerre d'Algérie à l'ensemble des personnes qui résidaient alors dans le pays, quelle que soit leur nationalité, a rapporté la presse française. La France efface une injustice. Ce qui est remarquable, c'est qu'elle est le fruit d'une démarche individuelle. Tout comme elle n'intervient pas dans un quelconque climat de tensions, il faut le souligner. Qui en est à l'origine? Il se nomme Abdelkader K. Il réside actuellement à Bordeaux. A l'âge de 8 ans, en 1958, il est blessé par balle à l'abdomen lors d'un attentat à Mascara. au sud-ouest d'Alger. N'ayant pas opté pour la nationalité française, il n'a pu bénéficier de la pension attribuée aux victimes de la guerre d'Algérie, ce droit étant réservé exclusivement aux détenteurs de la carte d'identité française. En novembre 2017, il a saisi le Conseil constitutionnel en déposant une question prioritaire de constitutionnalité. Sur quoi porte-t-elle? «Il conteste l'article 13 de la loi du 31 juillet 1963 qui a créé un régime d'indemnisation des personnes de nationalité française, victimes de dommages physiques subis en Algérie entre le 31 octobre 1954 et le 29 septembre 1962, dates du début du conflit et de la formation du premier gouvernement de l'Algérie indépendante.» écrit Le Figaro. Plus de 55 ans après le traumatisme de la guerre d'Algérie, le Conseil constitutionnel français a décidé, ce jeudi (8 février 2018, Ndlr), que les civils algériens ayant subi des dommages physiques du fait de violences liées au conflit pouvaient désormais prétendre, eux aussi, à des pensions versées par la France.»,a affirmé le quotidien français. L'avocate du requérant a de son côté souligné: «Une décision très forte mais parfaitement logique.» «On avait du mal à comprendre cette différence de traitement dans la mesure où tous les Algériens étaient Français durant la guerre d'Algérie. Ce n'était donc pas juste de penser que seuls les Français pouvaient bénéficier de ce droit à pension», a indiqué Me Jennifer Cambla qui a évoqué la fin d'un long combat judiciaire. Mis à part le côté financier il est indéniable que c'est la symbolique véhiculée par cette «victoire» qui doit être mise en exergue. «Les personnes concernées, dont il est difficile d'évaluer le nombre, attendent avant tout la reconnaissance par la France de leur statut de victimes, car les pensions ne représentent pas beaucoup d'argent», a fait remarquer Me Jennifer Cambla. La justice resserre l'étau. Le droit à la «réparation» est désormais consacré.