Le Cnapeste persiste et signe... Le Cnapeste vient de commettre l'irréparable, la grève illimitée a été déclenchée contre toute attente, alors que les portes du dialogue étaient et sont toujours ouvertes. Ce dernier s'obstine non pas pour des raisons relevant des revendications socioprofessionnelles, mais pour des positions qui sont loin de faire l'unanimité syndicale. Le recours à la grève est devenu récurrent chez les syndicats autonomes. Cet instrument légal et constitutionnel donne aux syndicats un éventail aussi important que déterminant pour qu'ils puissent défendre et préserver en même temps leurs droits et leurs intérêts socioprofessionnels. Mais la grève est aussi un élément relevant d'une stratégie syndicale pour bien faire valoir des revendications propres. Les syndicats traditionnels savent pertinemment que cet outil délicat et si important ne pourrait être brandi urbi et orbi comme moyen de chantage et surenchère dans la perspective d'atteindre et de réaliser le minimum de leurs revendications obéissant avant tout à une démarche tactique comme cela est fait en politique sur fond de tractations et de négociations âpres et de longue haleine. La stratégie syndicale ne confère pas aux organisations s'inscrivant dans le sillage revendicatif les pouvoirs et les attributions «régaliens» aussi musclés et prépondérants pour faire de la grève un recours inéluctable et incontournable. La tradition syndicale de par le monde exige d'abord que toute forme de revendication, corporatiste, catégorielle ou qui a trait aux libertés syndicales comme forme d'exercice pluriel d'un droit reconnu par toutes les conventions, locales ou internationales de décider de son propre chef d'entamer et de déclencher une démarche lourde en conséquence et forte en matière de retombées que ce soit pour les organisations syndicales ou pour l'économie du pays. C'est le cas de la grève illimitée, elle se présente comme une mesure contraignante et non pas comme une solution relevant du luxe pour les avertis et les endurcis de l'action syndicale. Elle est une démarche extrême quand les portes du dialogue sont quasiment fermées et les brèches sont hermétiques quant à toute forme de négociation et à l'entêtement de l'Exécutif et à son attitude aphone. L'exemple du mouvement syndical algérien à travers les syndicats autonomes, le Cnapeste en l'occurrence, donne à réfléchir sur la tradition syndicale en Algérie qui souffre de certaines pratiques qui n'ont guère de lien avec l'exercice syndical digne de ce nom. Le Cnapeste se dit appartenir à une intersyndicale qui regroupe 14 syndicats autonomes activant sous sa bannière, mais ce dernier, c'est-à-dire le Cnapeste, remet en cause tous les critères de la concertation et de la coordination avec ladite intersyndicale quand il s'agit de prendre une décision aussi importante et sensible comme c'est le cas pour la grève illimitée qui a été décidée sans que cela soit discuté et abordé avec le reste des structures syndicales pour juger de son utilité d'abord sur le plan stratégique et tactique à la fois. Bien au contraire, cette démarche unilatérale est sans fondements qui se rapportent aux arguments concrets en matière de revendications qui font l'unanimité de toute la famille syndicale. L'action syndicale a toujours fait de la vertu de la négociation son terreau fertile qui est partie de son existence en tant qu'instrument de défense des catégories de travailleurs en faisant des tables rondes avec le conseil d'administration ou l'exécutif selon le contexte et l'exigence et la portée de la négociation. A dire vrai, le Cnapeste vient de commettre l'irréparable, la grève illimitée a été déclenchée contre toute attente, alors que les portes du dialogue étaient et sont toujours ouvertes. Les syndicats autonomes dans leur majorité sont en train de mener des négociations avec les tutelles respectives. Dans certains cas, les négociations prennent une forme intersectorielle, c'est-à-dire que la démarche entreprise est non seulement louable, mais est salutaire dans la mesure où les syndicats trouvent de l'écho et des réponses quant aux voies et moyens pour arriver à juguler les problèmes et faire aboutir leurs revendications, que les pouvoirs publics reconnaissent qu'elles sont dans leur majorité légitime, ce qui nécessite qu'il y ait des négociations, s'asseoir autour de la table et entamer l'amorce d'un dialogue responsable en mesure de cibler les questions qui ont le caractère d'urgence dans la perspective de les résoudre pour revenir à la situation normale d'un processus d'activité et de dynamique économique. Il faut dire que le Cnapeste vient de sacrifier la pratique syndicale sur l'autel d'une démarche qui n'est autre qu'une expression d'un manque d'expérience dans ce domaine et l'absence de discernement par rapport aux vrais enjeux qui soient aux normes basiques sur le plan syndical. Il est inconcevable que les mêmes revendications socioprofessionnelles du même secteur, à savoir l'Education nationale, ne sont pas portées par l'ensemble des syndicats autonomes, hormis le Cnapeste qui fait dans l'obstination et la fixation tournant le dos et à l'intersyndical et ses composantes et les pouvoirs publics en avançant des arguties qui échappent au propre d'une démarche syndicale qui se respecte. La grève n'est pas l'apanage d'une démarche fantaisiste, elle est l'aboutissement d'une situation de blocage et un conflit qui ne prend pas en considération les mécanismes en rapport avec la gestion de ladite situation, à savoir le dialogue et la concertation. Le Cnapeste s'emploie avec véhémence à ne pas faire dans le syndicalisme tel qu'il est défini par les textes de lois régentant l'action syndicale et la gestion des conflits dans ce sens. Il a appelé à une grève illimité sans mesurer la teneur ni la portée de cette grève illimité en termes de conséquences et de choix aussi sur le plan stratégique et tactique en sa qualité de syndicat qui a été sollicité pour un dialogue sur toutes les questions pendantes. Ce dernier s'obstine non pas pour des raisons relevant des revendications socioprofessionnelles, mais pour des positions qui sont loin de faire l'unanimité syndicale. L'anarchisme pénètre le mouvement syndical algérien, confondant grève et obstination et surenchère au détriment des valeurs régissant la pratique noble d'un syndicalisme responsable, serein et productif, attaché aux vertus du dialogue et de la négociation comme tactique et stratégie à la fois. Quant à la grève illimitée sans fondement syndical, ce n'est autre qu'un suicide programmé et une aventure aux conséquences dévastatrices et écornant la noblesse de l'action syndicale en premier lieu.