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Quand les syndicats abusent de leur liberté
DE LA GRÈVE ILLIMITEE AU REFUS DU DIALOGUE
Publié dans L'Expression le 01 - 02 - 2018

cette grève illimitée prônée par le Cnapeste est le résultat d'une décision irréfléchie
L'action syndicale n'est pas le prolongement d'un repositionnement politique par rapport à des enjeux cruciaux en rapport avec les grands choix du pays.
Les grèves se multiplient, les protestations prennent de l'ampleur, la dimension socioprofessionnelle se donne une assise constituant ainsi une lame de fond du front social qui ne cesse de prendre de l'élan.
Tout cela est imbriqué dans un sillage reflétant une conjoncture politique marquée par des défis majeurs engageant le pays dans une perspective post-présidentielle avec tout ce que cela implique comme repositionnement et reconfiguration de la scène politique nationale.
La situation politique est sujette à des ambivalences aux relents économiques, sociaux et syndicaux à la fois. D'où l'urgence d'une mobilisation nationale autour des questions clés du pays. Le front social a ses raisons en termes d'arguments objectifs liés à la détérioration de la situation économique et financière après la chute drastique des prix du pétrole.L'action syndicale n'est pas le prolongement d'un repositionnement politique par rapport à des enjeux cruciaux en rapport avec les grands choix du pays.
La grève en soi est une donne objective justifiant un conflit dans la gestion des affaires d'ordre socioprofessionnel exprimant des revendications catégorielles. Ce qui implique la nécessité d'engager des négociations autour d'un plafond de revendications pour avoir le Snmg ou le minimum dans un processus s'inscrivant dans le temps et tenant compte de la situation économique du secteur concerné.Les mouvements de grève que vient de connaître le pays dans plusieurs secteurs montrent cette volonté des pouvoirs publics et de syndicats responsables de s'asseoir autour d'une table pour dialoguer, négocier et s'entendre sur l'essentiel même si cela ne pourrait pas prendre une dimension globale et définitive en matière de résolution de tous les dossiers qui fâchent et qui constituent la pomme de discorde et source de conflits entre les partenaires sociaux et les pouvoirs publics. Les négociations sont l'outil et l'instrument idoine pour dissiper les conflits et trouver une voie médiane pour résoudre les questions pendantes qui ont trait aux revendications socioprofessionnelles des travailleurs et les spécificités de chaque secteur en la matière. Le travail syndical est une démarche qui obéit à une espèce de compromis qui appartient au domaine de l'art du possible. Faire dans l'intempestif et le corporatisme dépouillé de sa nature syndicale qui exige le dialogue et l'accommodement, cela écorne y compris les vertus de l'activité syndicale dans son ensemble. Les syndicats autonomes affiliés au secteur de l'enseignement et ceux de l'administration publique et autres secteurs économiques, font preuve de maturité syndicale en mettant les intérêts étroits relevant du «strict corporatisme» de côté pour baliser le terrain de dialogue et de négociation avec les pouvoirs publics qui reconnaissent et affichent cette disposition de dialoguer pour trouver un terrain d'entente pour résorber les problèmes relevant de revendications socioprofessionnelles telles qu'énumérées par leurs promoteurs syndicaux dans le cadre des moyens disponibles et en tenant compte de la gravité de la crise qui affecte le volet économique et financier.
Mais quid d'un syndicat, comme c'est le cas pour le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste), quand il sape cette démarche en faisant dans le corporatisme le plus primaire et d'en appeler à une grève illimitée qui n'a aucune relation directe avec l'approche revendicative sur le plan syndical. La grève illimitée que vient d'entamer le Cnapeste est une décision autant improviste qu'irresponsable de par la démarche adoptée sans se donner la peine d'essayer la voie judicieuse et porteuse, à savoir la démarche du dialogue. Cette grève n'est pas abordée d'une manière qui rend au syndicalisme ses lettres de noblesse, bien au contraire, cette grève illimitée prônée par le Cnapeste est le résultat d'une décision irréfléchie cassant avec les moeurs syndicales consistant à faire des revendications socioprofessionnelles le noeud gordien d'une situation pouvant dégénérer vers un conflit social et syndical. Le Cnapeste s'est arc-bouté sur un argument somme toute fallacieux sur le plan syndical et revendicatif dans la mesure où le problème concerne quelques enseignantes qui ont été molestées, ce qui est condamnable, mais cet acte relève de la justice et il appartenait à la tutelle d'ouvrir une enquête pour faire la lumière sur cette affaire. Ce qui est le cas, l'enquête a bel et bien été entamée par les services du ministère de l'Education nationale. Ce problème n'avait pas à prendre une telle ampleur et le confondre avec une démarche syndicale et revendicative en faisant de lui un moyen de pression et de chantage pour des intérêts inavoués. Le Cnapeste se voit désavoué par les siens, allusion faite aux autres syndicats autonomes s'inscrivant dans le giron de l'intersyndicale de surcroît. Des voix qui s'élèvent à l'intérieur de cette entité qui regroupe plusieurs structures syndicales considérant que l'option de la grève illimitée est une option qui pouvait être évitée pour faciliter l'amorce d'un processus de concertation sur des questions qui touchent le corps de l'enseignement et la plate-forme de revendications en rapport avec les préoccupations du secteur y compris les aspects liés à la pédagogie et les moyens pour y parfaire. Le Cnapeste veut prendre la charge de timonier seul, c'est une responsabilité lourde de conséquences étant donné que la tutelle et les pouvoirs publics ont ouvert la brèche du dialogue dans l'objectif de régler peu ou proue les questions pendantes, mais avec cette attitude irréfléchie, le Cnapeste vise le pourrissement en se basant sur des arguties au lieu de recourir à des arguments soutenus et légitimes.
Prendre les élèves en otage et faire subir aux parents le supplice de Tantale à cause d'un argument extra-pédagogique et qui n'obéit pas aux critères syndicalo-syndicaux ternira forcément l'image de l'action syndicale qui vient d'être écornée par des comportements loin d'être innocents sur le plan politique. Tout compte fait, le dialogue reste l'unique brèche susceptible de cerner les problématiques sectorielles desdits syndicats et les juguler par voie de conséquence. Quant aux attitudes irréfléchies du Cnapeste, elles ne feront pas avancer la situation du secteur de l'éducation ni les autres secteurs en général.


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