Une image du F16 abattu prise près du kibboutz israélien de Harduf Netanyahu cherche sans doute, avec ce qu'il appelle des «coups sévères» portés aussi bien à Téhéran qu'à Damas, à imposer le point de vue sioniste et c'est ce qu'il a encore ressassé hier... La réaction de la Syrie et de ses alliés au lendemain des attaques aériennes d'Israël, qui a déclaré avoir visé des installations iraniennes, a été limpide. Pour Damas, il s'agit d'une nouvelle violation de son espace aérien, justifiant une riposte légitime. Quant à Téhéran et au Hezbollah, ils se félicitent que le message délivré soit désormais entendu, la Syrie ne permettra plus ce genre d'agressions en toute impunité, comme ce fut le cas de nombreuses fois au cours de l'année précédente. Sur le plan international, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé à une désescalade immédiate en Syrie, selon le porte-parole de l'organisation. M.Guterres «suit de près l'alarmante escalade militaire en Syrie et la dangereuse extension du conflit au-delà de ses frontières», a indiqué dans un communiqué le porte-parole, Stéphane Dujarric. Cet appel intervient alors que la double agression de la Syrie par l'aviation israélienne a été suivie par la perte d'un F16 israélien abattu par la DCA du pays attaqué. Le prétexte avancé par l'Etat hébreu repose sur le tir d'un missile à partir d'une rampe de lancement appartenant aux alliés du régime syrien, missile qui serait tombé en Galilée sans autre indication des Israéliens. Le brusque regain de tension a sans doute conduit le secrétaire général de l'ONU à anticiper les évènements car il s'agit de la tension la plus sévère dans la région depuis plusieurs années. Rappelons que la riposte de l'armée syrienne s'est traduite par la perte d'un avion alors que l'un des deux pilotes récupérés par les sionistes serait dans un état grave. Cette nouvelle confrontation, voulue par Israël qui «travaille» depuis des mois à mettre le feu aux poudres afin d'imposer une guerre à l'Iran dans la région, est le signe tangible d'un plan étayé par la déclaration hier de Washington, allié historique d'Israël, qui soutient «fermement le droit souverain d'Israël à se défendre» et dénonce à satiété «les activités nuisibles de l'Iran dans la région». Dans un tel contexte, le secrétaire général a beau «appeller tout le monde à travailler à une désescalade immédiate et inconditionnelle de la violence et à faire preuve de retenue», notant par ailleurs qu'au cours de la seule première semaine de février, «plus de 1000 victimes civiles de frappes aériennes ont été recensées». On ne sait pas si la centaine de victimes civiles de Deir Ezzor, bombardée voici quelques jours par les Etats-Unis, sont comptabilisées par l'ONU. Le fait est que les spéculations vont bon train sur une escalade annoncée, sanctionnant des mois de défis et d'avertissements dont un grand nombre ont concerné l'Iran, au prétexte que l'accord sur le nucléaire «est une mauvaise chose», disait le président Donald Trump. Les crispations sont devenues telles qu'il suffirait de presque rien pour mettre le feu aux poudres et c'est justement ce que recherche le Premier ministre Benjamin Netanyahu, en dépit de ses déclarations selon lesquelles Israël «ne cherche pas l'escalade»... Déjà, le fait que le cours des évènements en Syrie ait radicalement changé depuis octobre 2015, avec l'intervention de la Russie aux côtés du régime syrien, n'est pas pour plaire aussi bien à Israël qu'à plusieurs autres pays de la région, notamment l'Arabie saoudite et...la Turquie. Si cette dernière a finalement opéré une valse à trois «tons», consciente des dangers d'une montée en puissance des factions kurdes à ses frontières, rejoignant en qualité de parrain de certains groupes rebelles les pourparlers d'Astana et plus récemment de Sotchi, tel n'est pas le cas des pays membres du Conseil de coopération du Golfe dont l'objectif n'a pas varié d'un iota, en ce qui concerne le régime syrien. Face aux menaces à peine voilées de l'Etat sioniste qui affirme ne pas chercher l'escalade, mais se veut «prêt à toutes les éventualités» pour peu que les puissances occidentales veuillent bien lui emboîter le pas, le ton est à l'apaisement du côté de Moscou qui ne cache pas sa «profonde inquiétude», basée sur une analyse rigoureuse de la situation, mais qualifie tout autant d'«inacceptable la mise en danger de ses soldats présents sur le terrain en Syrie». Le quotidien israélien Haaretz, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il ne soutient pas la politique de Benjamin Netanyahu et de son gouvernement, a rapporté que c'est pour la première fois depuis 30 ans qu'Israël perd un F16 au combat. Ajoutée au cas du pilote «grièvement blessé», cette donne témoigne de la gravité de la situation alors que Netanyahu affirme sans cesse sa détermination à empêcher un «ancrage» de l'Iran en Syrie. On est donc loin de la polémique entre, d'un côté, le commandement conjoint des forces alliées au régime syrien, Iran et Hezbollah compris, qui a démenti catégoriquement le lancement d'un missile sur le sol israélien, accusation qualifiée en outre de «ridicule» par Téhéran, et de l'autre, l'armée sioniste qui dit détenir des débris de l'engin et une vidéo du véhicule ayant servi de rampe de lancement dans la région de Palmyre, en territoire syrien Syrie. C'est d'ailleurs le même prétexte qu'avance Israël pour justifier les représailles conduites, dans un premier temps, par huit avions chargés de bombarder la zone dont l'un a été atteint par la riposte massive de la DCA syrienne puis, dans un second temps, par une seconde vague de raids ciblant 12 objectifs dont trois batteries de DCA et quatre autres objectifs censés «abriter des militaires iraniens». Faute d'avoir convaincu le président Vladimir Poutine de rallier ses thèses sur le «danger de voir l'Iran prendre pied militairement en Syrie», le mois dernier à Moscou, Benjamin Netanyahu cherche sans doute, avec ce qu'il appelle des «coups sévères» portés aussi bien à Téhéran qu'à Damas, à conforter le point de vue sioniste et c'est ce qu'il a encore ressassé hier en affirmant: «C'est notre politique et cela restera notre politique».