Le Rif en ébullition La presse de l'Hexagone, réputée de ne pas jeter de l'huile sur le feu lorsque la grogne sociale s'empare du royaume, n'a pu taire les événements dramatiques qui secouent la ville minière de Jerada. La «France médiatique» pose-t-elle un nouveau regard sur ce qui fait l'actualité tragique au Maroc? La question est posée. La conjoncture actuelle l'impose en tous les cas. De là à penser que Paris va lâcher son «ami le roi» il n'y a qu'un pas à franchir. Pays touristique par excellence, le royaume est une des destinations préférées des touristes français. Des personnalités et non des moindres y ont un pied à terre. D'autres à l'instar de l'ex-président français Nicolas Sarkozy sont pris en charge aux frais de la princesse avec comme contrepartie d'encenser son bienfaiteur. Surtout lorsqu'il est question de le soutenir dans le conflit qui l'oppose au Front Polisario. «Vous savez que la position de la France a toujours été de soutenir la marocanité du Sahara occidental. J'ai toujours pensé ça. J'étais moi-même pour la première fois à Laâyoune en 1991. On aurait du mal à me convaincre de la nécessité d'une République sahraouie dans une région du monde minée par le terrorisme.» avait déclaré le 13 janvier 2016 celui qui a dirigé la France du 16 mai 2007 au 15 mai 2012. Le Maroc est prisé aussi par certaines stars de l'Hexagone au point d'être intéressées par la nationalité de ce pays. Ce ne sont pas des élucubrations. C'est la presse marocaine qui le rapporte. «Certaines stars auraient contacté Jamel Debbouze et Gad El Maleh (qui ont la double nationalité, Ndlr) afin de les conseiller, sur les possibilités d'octroi de la nationalité marocaine.», rapporte le site yabladi. Alors que la majorité des journalistes français encense le trône marocain tout comme elle fait état d'une certaine bienveillance à son égard lorsqu'il s'agit de la violation des droits de l'homme. Tout comme ils ne se sont jamais émus lorsque l'emblème national a été profané par un membre des Jeunesses royalistes, le jour où le peuple algérien célébrait le 59e anniversaire du déclenchement de sa Révolution. Il faut rappeler qu'ils ont aussi passé sous silence l'affaire du jeune Islam Khoualed. âgé d'à peine 15 ans, en stage avec l'Equipe nationale de voile, il avait été injustement condamné par le tribunal des mineurs d'Agadir, à une peine d'un an de prison ferme, puis incarcéré dans le centre de détention pour mineurs de la même ville après une simple altercation avec un jeune Marocain... Que dire de la question des prisonniers sahraouis injustement condamnés qui croupissent dans les geôles du royaume qui n'a pas trouvé grâce à leurs yeux. Il faut cependant relever que les choses ont changé depuis que Al Hoceima une ville de la côte nord-est du royaume vit un climat insurrectionnel larvé. Un jeune poissonnier, Mouhcine Fikri, y a été broyé par une benne à ordures, au mois d'octobre 2016, sous le regard de policiers qui lui ont saisi sa marchandise qu'il a vainement tenté de sauver. Ses habitants n'ont pas décoléré. Les manifestations y sont cycliques depuis que les leaders du Hirak, mouvement de contestation sociale du Rif, ont été jetés en prison. La situation est explosive dans cette région rebelle qui porte en elle les séquelles des violences du régime de Hassan II. Depuis plus d'un mois et demi le Maroc s'est enflammé à son flanc nord. Jerada une ancienne ville minière est en ébullition depuis que deux frères piégés dans une galerie désaffectée d'extraction de charbon, ont péri. La presse de l'Hexagone, réputée de ne pas jeter de l'huile sur le feu lorsque la grogne sociale s'empare du royaume, n'a pu taire ces événements dramatiques. Les rédactions des quotidiens parisiens les plus en vue, Le Monde, Le Parisien, Libération... se sont mobilisées pour largement les couvrir. Les plumes ont redoublé d'ardeur au point de faire ressurgir les moments les plus douloureux que vivent les populations des régions déshéritées du royaume. Les «manifestations de la soif» contre des coupures d'eau récurrentes à Zagora, dans le Sud désertique, en octobre 2017 refont surface. Les manifestations de 2007 contre la hausse des prix des produits alimentaires de base ont secoué Sefrou (centre) sont ressuscitées. Entre 2005 et 2009, Sidi Ifni (sud) et Bouarfa (est) furent le siège de mouvements populaires contre le sous-développement. Sur fond de malaise social, Taza (centre) a connu des manifestations similaires en 2012 peut-on lire sur le site du magazine Le Point. Les «gueules noires» ont incontestablement secoué le cocotier...