Le Cnapeste persiste et signe... Nouria Benghebrit salue le retour volontaire, quotidiennement, de centaines d'enseignants grévistes, à leurs postes de travail. Ces derniers, prenant conscience qu'ils ont été leurrés par leur syndicat qui, en ne respectant pas les lois et les procédures, a mis leur avenir professionnel en péril, ont décidé d'arrêter leur protestation. Le Cnapeste ne sait plus sur quel pied danser. Mis face à ses responsabilités, le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation a réuni, hier, son conseil national, mais sa décision de suspendre la grève ou de la poursuivre, a tardé à voir le jour. Il semble clair que le syndicat, en optant pour une démarche jusqu'au-boutiste et en «personnifiant» son différend en un bras de fer avec Nouria Benghebrit, s'est lui-même mis dans un cul-de-sac. Mais quelle que soit la décision qui sera prise par le Cnapeste, des milliers d'élèves qui n'ont pas emprunté, pour certains, depuis le début de l'année scolaire, le chemin de l'école, vont reprendre les cours et éviter l'année blanche. Aujourd'hui ou du moins dans les deux à trois jours à venir, il va y avoir une reprise des cours. Une reprise qui sera ou «volontaire» ou «imposée». Car, si les milliers d'enseignants grévistes ne reprennent pas leurs postes aujourd'hui, ces derniers vont recevoir leur radiation de la Fonction publique. Ils seront vite remplacés afin de mettre fin à la hantise justifiée des parents d'élèves de l'année blanche. Dans ce conflit qui oppose le syndicat et le ministère de l'Education, le seul intérêt qui prime est celui de l'élève. Un intérêt continuellement défendu par le ministère de l'Education qui s'est montré certes, ferme dans sa démarche, mais sans jamais fermer les portes du dialogue. La seule condition posée par la tutelle a été le respect des lois de la République dont les décisions de justice rendues au nom du peuple et qui ont qualifié la grève des enseignants d'illégale en ordonnant la reprise du travail. Ce que le Cnapeste a réfuté. Le syndicat estimait qu'il était en droit d'entamer des négociations tout en poursuivant sa grève. C'était compter sans la détermination de Nouria Benghebrit à rester légaliste et respectueuse des lois de la République. En créant cette situation de blocage, le Cnapeste a mis en péril l'avenir de dizaines de milliers d'enseignants dont des centaines ont finalement été radiés de la Fonction publique pour abandon de poste. Et cette décision de licenciement est loin de constituer des représailles ou une quelconque entrave aux libertés syndicales et au droit à la grève. Il ne s'agit là que d'une procédure purement légale engagée par les services du ministère de l'Education. Ces derniers et une fois la grève déclarée illégale, ont adressé des mises en demeure pour exiger des justificatifs aux enseignants absents de leurs postes de travail. Après deux mises en demeure, l'administration était en droit de procéder à la révocation sans préavis ni indemnisation. Près de 19.000 autres enseignants grévistes affiliés au Cnapeste risquent également le renvoi dès aujourd'hui. Ces derniers, en prenant conscience qu'ils ont été leurrés par leur syndicat, qui, en ne respectant pas les lois et les procédures, a mis leur avenir professionnel en péril, ont décidé d'arrêter leur protestation et de rejoindre leurs postes de travail. Une démarche que la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit n'a pas manqué de saluer, hier, dans un long communiqué rendu public par son département. Nouria Benghebrit a qualifié ce retour volontaire des enseignants grévistes à leurs postes de travail de signe d'un «sens des responsabilités» et du «respect des lois de la République». «Depuis le verdict prononcé par la justice algérienne et les explications apportées par les cadres et personnels du secteur de l'éducation sur la nature et les motivations réelles des arrêts des cours, devenus récurrents dans un des cycles d'enseignements, des centaines d'enseignants regagnent quotidiennement leurs classes pour retrouver leurs élèves», a indiqué le communiqué précisant que le ministère demeure «confiant quant au dévouement et à l'engagement des enseignants pour rattraper le retard enregistré dans la progression du programme». Il a rappelé que «toutes les dispositions ont été prises» pour que les élèves «pénalisés» soient pris en charge dans les «meilleures conditions possibles, tant sur le plan pédagogique qu'organisationnel et humain». La même source note qu'une «attention particulière sera réservée aux élèves des wilayas de Blida et de Béjaïa, rassurant à l'occasion, les parents sur le devenir de la scolarité de leurs enfants. Insistant encore une fois sur la disponibilité de la tutelle pour le dialogue, le ministère indique «jamais les portes du dialogue n'ont été fermées aux partenaires sociaux ayant le sens de la mesure et respectueux des dispositions de la loi régissant les relations de travail et des décisions de justice», assurant également que le dialogue a «toujours été mis en exergue dans ses déclarations à tous ses partenaires et interlocuteurs». Le ministère a cependant insisté sur le fait que «la chose jugée ne pouvait faire oeuvre de médiation». C'est là une manière d'expliquer clairement les raisons de son refus de la médiation qui lui a été, dernièrement proposée par un imam et un avocat, en l'occurrence Ali Aaya et Me Bitam. Il ne s'agissait nullement pour Nouria Benghebrit de considérer la demande du Cnapeste de dialoguer dans un premier temps, avec un ministre «hors tutelle» et d'opter, dans une seconde phase, pour la médiation d'un imam et un juriste, comme un affront du syndicat. Et pour le démontrer, la ministre a bien reçu les médiateurs pendant plus de trois heures. Elle se devait «dans un esprit ouvert vers le dialogue et la concertation sans exclusive d'être à l'écoute de toutes les bonnes volontés». Cependant, ce qu'elle a expliqué et c'est ce qui a été appuyé dans le communiqué du ministère de l'Education, aucune négociation ni médiation ne peuvent être faites avant de se soumettre à une décision de justice.