Chaud et froid. Abderrahmane Rayoua, notre ministre des Finances a indiqué, jeudi dernier à partir de Blida où il était en visite d'inspection, que le marché parallèle a bancarisé des «sommes énormes». Même s'il n'a pas précisé le montant, on sait que près de la moitié de la monnaie fiduciaire (pièces et billets de banque) en circulation reste à bancariser. C'est le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, qui l'a précisé aux députés le 12 février dernier. «La monnaie fiduciaire en circulation est estimée à environ 4780 milliards de DA dont 1500 milliards de DA à 2000 milliards de DA représentent l'argent thésaurisé des agents économiques» leur avait-il confié. Ce qui veut dire qu'il reste encore des «sommes énormes» à bancariser. Il faut rappeler que le gouvernement avait estimé l'argent hors du circuit bancaire à 3700 milliards de dinars en juillet 2017. Soit à la veille du lancement, le 15 août 2017, de la mesure (notamment la taxe de 7%) contenue dans la loi de finances complémentaire de cette même année pour faciliter et attirer les déposants. Tenant compte de ces deux déclarations, on peut chiffrer «les sommes énormes» annoncées par Raouya à environ 1500 milliards de DA. Ce qui revient à dire que le captage est en cours, mais à un rythme qu'il faudrait accélérer. Par tous les moyens. Loukal avait cité de cas de la monnaie hors circuit bancaire qui avait reculé de 105 milliards de DA au cours du seul mois de décembre dernier «grâce à l'application de la directive de la banque d'Algérie concernant la domiciliation des importations destinées à la revente en l'état». On peut également rappeler l'obligation, en 2015, de paiement par des moyens scripturaux (circuit bancaire) toute transaction immobilière de 500 millions de centimes et plus. Les véhicules neufs sont également concernés avec un seuil d'un million de DA et plus. Une mesure qui a dû «aspirer» une partie de l'argent thésaurisé. Il n'en demeure pas moins que le rythme reste lent. En attendant que le e-paiement soit généralisé pour tarir complètement les «sources» de l'informel, Rayoua a décidé de rappeler à l'ordre les banques. Il vient de leur adresser une note leur demandant de «cesser d'exiger, lors de tout dépôt de fonds en caisse auprès de leurs guichets, des justificatifs au-delà de ceux relatifs à l'identité du client dans le cadre des exigences règlementaires en matière de connaissance du client». C'est-à-dire de se débarrasser du syndrome de «Hadj Klouf». Un syndrome qui dure car son prédécesseur, Baba Ammi, qui s'était contenté d'un simple appel aux banques, en avril 2017, leur demandant «gentiment» de cesser de se mêler de ce qui ne les regardait pas, n'a pas été entendu. On doit à la vérité de dire que c'est la mentalité qui a cours dans certaines de nos banques publiques (pas toutes heureusement) qu'il faut revoir. Le jour où ces institutions financières assimileront définitivement que leur raison d'exister est d'attirer l'épargne et en faire une source de profit, ce jour-là la partie sera gagnée. Et l'informel enterré à jamais!