«Sur ordre du président russe et dans le but d'éviter les pertes parmi les civils de la Ghouta orientale, une trêve humanitaire quotidienne sera instaurée à partir d'aujourd'hui», a indiqué hier le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, cité dans un communiqué. Cette décision du président Poutine consacre l'opération d'évacuation des civils à travers «des couloirs humanitaires», Choïgou ayant précisé que «leurs coordonnées sont prêtes et seront rendues publiques bientôt». D'autre part, faisant fi des anathèmes, des menaces et des pressions qui se sont multipliées ces dernières heures, le régime syrien ne cache pas ses intentions de neutraliser la menace que les groupes terroristes font peser sur Damas, sans cesse bombardée depuis des mois. Pour le gouvernement syrien, la résolution adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU exclut de la trêve certains groupes extrémistes, comme Fateh al Cham, alias Al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda, Jaïch al Islam et Faylak al Rahman et «d'autres individus, groupes, entités, associés avec el-Qaïda et l'Etat islamique». C'était là la condition principale posée par la Russie pour avaliser la résolution. L'amendement porté durant les négociations de vendredi soir cerne la donne sur le terrain où rebelles et terroristes se mêlent et s'emmêlent. An Nosra et Jaïch al Islam sont des formations connues pour leur extrémisme. Avec l'intervention de la Russie, la situation a été radicalement inversée et le jeu des alliances avec Daesh a été mis à nu, clôturant un cycle de manoeuvres et de coups fourrés dont la Syrie devait mortellement pâtir. Moscou a donc clarifié l'enjeu de la trêve qui ne concerne en rien ces factions terroristes avec une mise en application «sans délai». Des dispositions ignorées par les médias occidentaux. Ainsi, les propos du MAE russe Sergueï Lavrov avaient beau être limpides jeudi soir, lors d'une conférence de presse, à Moscou, mais ils furent passés sous silence. Comme furent «balayés» les dires du général Hussein Baqeri, chef d'état-major de l'armée iranienne, quand il déclara que «des parties des environs de Damas, qui sont tenues par les terroristes, ne sont pas couvertes par le cessez-le-feu, et le nettoyage continuera là-bas». Idem pour l'ambassadeur de Russie à l'ONU, Vassily Nebenzia, qui martelait que la résolution n'empêchait pas la poursuite des raids contre «l'Etat islamique, al-Nosra et d'autres organisations extrémistes». La réalité de la situation dans la Ghouta orientale est telle que les bonnes intentions sont louables, mais difficiles à mettre en oeuvre. Et donc les objectifs humanitaires des artisans de la résolution, le Koweït et la Suède, sont conditionnés par cette demande de Moscou selon laquelle «le cessez-le-feu débutera lorsque tous les belligérants du conflit se mettront d'accord sur la manière dont il doit être mis en oeuvre, pour s'assurer que la cessation des hostilités est totale et concerne toute la Syrie». La Russie qui a dénoncé dimanche dernier «l'hystérie anti-russe et anti-syrienne» est montée au créneau hier pour avertir contre des menaces de recours à la force contre Damas. Le vice-ministre russe des AE, Serguei Riabkov, a dit l'inquiétude de Moscou face à ces «menaces brandies par certains pays», ajoutant qu'elles vont «à l'encontre de la résolution 2401» du Conseil de sécurité. «Nous sommes sérieusement préoccupés par les informations selon lesquelles, dans la foulée de l'escalade verbale contre Damas et de la rhétorique anti-russe à Washington, on entend parler à nouveau de l'usage de la force, ce qui est illégal», a averti Riabkov, cité par l'agence Tass. «Ils recherchent des prétextes» et cela montre combien ils font cas «du sens et du contenu de la résolution 2401». Parallèlement, l'offensive turque à Afrine se poursuit avec l'entrée des forces spéciales, hier dans cette région en prévision de «la nouvelle bataille qui approche», a affirmé Ankara.