L'Algérie va-t-elle remettre sur le tapis le chapitre des réformes? Que restera-t-il de l'ordre du jour du sommet arabe extraordinaire, prévu initialement pour le 3 août dernier? devaient s'interroger les observateurs. Une question légitime, d'autant plus que le retrait de Gaza a déjà commencé et la conférence internationale sur le terrorisme sera inscrite à l'ordre du jour du sommet des chefs des Etats membres de l'ONU en septembre prochain à New York. Une rencontre au cours de laquelle, il sera procédé à la définition du concept de terrorisme, pour lever toute équivoque et ne pas faire un amalgame entre ce concept et la lutte des pays pour leur indépendance. L'objectif, donc du chef de l'Etat égyptien - pressé d'une part par une fronde interne et par l'impératif de l'instauration d'une véritable démocratie - d'organiser une conférence internationale sur le terrorisme, sur fond d'attentats de Charm El Cheikh, tombe à l'eau. Surtout, qu'il est pratiquement inconcevable de voir l'Algérie, présidente en exercice de la Ligue arabe, servir de faire-valoir et surtout de cautionner une décision à laquelle elle n'a pas été associée. Par ailleurs, la tenue, début septembre prochain, d'une rencontre des ministres arabes des Affaires étrangères, en prévision du sommet extraordinaire, auquel avait appelé déjà le chef de l'Etat égyptien, en pleine précampagne électorale comptant pour la présidentielle égyptienne du 9 septembre est en soi un retour à la légalité. Plus encore, il rend caduque la précédente initiative, prise unilatéralement par Hosni Moubarak. Ce qui n'a pas manqué de susciter une réaction tranchante de la part d'Alger. «L'Algérie participerait au titre de simple pays membre» au sommet de Charm El Cheikh (Egypte), et «non en tant que président en exercice de la Ligue», a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères. C'est justement après le refus de l'Algérie de présider le sommet autoproclamé de Charm El Cheikh, que le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui avait lui-même adressé des invitations à tous les chefs d'Etat arabes renoue subitement avec la légalité, en annonçant la tenue d'une rencontre préparatoire des chefs de la diplomatie des pays membres. Une occasion, dit-il, de permettre une concertation autour de l'ordre du jour du prochain sommet extraordinaire. Il est, par ailleurs permis de supposer que les obsèques du roi Fahd, auxquelles a participé le chef de l'Etat auront été mises à profit pour demander des explications, aussi bien au secrétaire général de la Ligue arabe, qu'au président Moubarak. Cependant, maintenant que les deux point inscrits initialement à l'ordre du jour de l'échéance ajournée du 3 août en cours, à savoir la question palestinienne et la lutte antiterroriste, que restera-t-il à débattre pour les leaders arabes, si ce n'est la question récurrente des réformes. Un dossier, qui, il est utile de le rappeler, avait été à l'origine d'une rude polémique entre Alger et Le Caire. D'ailleurs, à la faveur de la visite en Algérie de Amr Moussa, quelques jours seulement avant la tenue du dernier sommet d'Alger, Abdelaziz Belkhadem avait déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec son hôte, que le dossier des réformes n'est pas au menu du sommet. Pour sa part, le secrétaire général de la Ligue arabe, qui manifestement ne voulait pas entendre parler de réformes, s'est contenté de justifier l'ajournement du dossier de la présidence tournante par le fait que son mandat allait expirer au cours du premier semestre 2006. A l'occasion du prochain sommet extraordinaire, l'Algé-rie va-t-elle remettre sur le tapis le chapitre des réformes, qui permettraient à la Ligue arabe de s'ouvrir à plus de démocratie et de liberté?