Les réformes politiques dans le monde arabe ne semblent pas être du goût de certains pays. Qu'adviendra-t-il du prochain Sommet arabe si jamais un certain nombre de pays venaient à bouder cette rencontre? Une question qui s'impose, notamment après la décision du roi du Bahreïn, Hamed Ben Issa Al-Khalifa, président sortant du sommet arabe, supposé remettre la présidence du sommet à la Tunisie, pays hôte de cette rencontre, de ne pas prendre part à la rencontre du 22 mai courant à Tunis. Rappelons que le sommet devant se tenir initialement en mars dernier dans la capitale tunisienne, a été reporté sine die en raison de divergences sur les réformes dans le monde arabe. Les premières défections de chefs d'Etat et de souverains des pays arabes, à l'image de celles du roi du Bahreïn et éventuellement du prince héritier d'Arabie Saoudite, l'émir du Koweït et du président yéménite Ali Abdallah Salah sont, elles dictées par la crainte de voir la Ligue arabe chambouler tout «l'ordre établi» dans ces pays? La mise sur le tapis de la problématique des réformes politiques dans le monde arabe ne semble pas être du goût de certains pays qui connaissent un retard considérable en matière d'ouverture démocratique. D'autant plus qu'au terme des travaux de la prochaine session de Tunis, les chefs d'Etat arabes seront appelés à adopter une déclaration exprimant leur défection à poursuivre la réforme à travers «une plus grande ouverture politique en consacrant le processus démocratique, les droits de l'homme, la place de la femme et le rôle de la société civile». Le sommet qui s'ouvrira samedi prochain, aura, par ailleurs, à se pencher sur les réformes des structures de la ligue, en faveur d'une meilleure coordination entre ses pays membres, en vue d'une intégration dans la conjoncture politique et économique mondiale. L'Algérie, premier pays à avoir annoncé, officiellement sa participation à travers M.Abdelaziz Bouteflika, a toujours oeuvré pour une réconciliation arabo-arabe. La tenue du prochain Sommet de la Ligue au mois de mars 2005 à Alger, permettra sans doute d'aplanir les différends entre les pays membres en ce qui concerne les réformes structurelles de l'organisation. L'Algérie, citée en exemple en matière d'ouverture démocratique et de lutte antiterroriste par les initiateurs mêmes du projet du Grand Moyen Orient, fera office de locomotive dans le processus de démocratisation des pays arabes. Il s'agit, affirme Abdelaziz Belkhadem en marge de la rencontre préparatoire du sommet de Tunis tenue récemment au Caire, d'oeuvrer à «faire évoluer les systèmes de gouvernement et de renforcer le rôle des associations de la société civile» dans le monde arabe. A quelques jours seulement de l'ouverture du sommet de Tunis, le doute plane toujours sur le maintien ou non de cet important rendez-vous, qui intervient rappelons-le, dans une conjoncture internationale marquée par l'enlisement de la situation en Irak et dans les territoires occupés. La Ligue arabe qui, depuis sa création, collectionne les échecs, risque de buter encore cette fois, sur les intérêts étroitement personnels de ses membres. En brandissant le projet des réformes politiques le département d'Etat américain, est conscient des divergences que susciterait une telle initiative au sein de la Ligue arabe. Une situation paradoxale, qui, non seulement maintiendra le statu quo, mais surtout fera en sorte que les pays arabes ne parviennent pas à s'entendre sur une position concertée par rapport aux questions déterminantes. N'a-t-on pas dit que les Arabes se sont mis d'accord pour ne jamais être d'accord?