M. Pasquale Ferrara (à droite) reçu par M. Ahmed Fattani L'ambassadeur est revenu sur la liste des produits interdits à l'importation qui a porté un sérieux coup aux exportations de l'Italie vers l'Algérie. L'Italie s'implique à fond pour mettre un terme aux flux migratoires. Son Excellence l'ambassadeur d'Italie en Algérie Pasquale Ferrara, qui a rendu une visite de courtoisie à la rédaction de L'Expression, a fait part de cette préoccupation. L'ambassadeur s'est longuement entretenu avec le directeur de publication, gérant du journal, Ahmed Fattani, sur cette question lancinante qui interpelle tous les pays de la Méditerranée. «La plus grande ONG qui a sauvé la vie des milliers de migrants, c'est la marine italienne», a-t-il affirmé pour apporter des vérités qui ne sont pas forcément connues par tous. Ce pays de destination et de transit en même temps est submergé par les vagues de migrants qui rejoignent chaque année les côtes italiennes. Selon ce diplomate, 180.000 migrants arrivent sur le sol italien chaque année dont plusieurs ont été sauvés au large. «Nous ne voulons pas transformer la Méditerranée en un cimetière», reconnaît M.Ferrara qui a soutenu que la responsabilité est partagée et que les pays de la rive Nord doivent contribuer à mettre fin à ce phénomène. «Il n'y a pas que l'Italie qui est concernée par ce problème», a-t-il affirmé en précisant que l'Union européenne doit également jouer un rôle pour trouver des solutions. Ce diplomate a estimé que ce phénomène est dû à plusieurs facteurs, à savoir l'instabilité, l'insécurité, la sécheresse et pas seulement la misère. Afin de régler ce problème dans le fond, le ministre des Affaires étrangères de l'Italie a multiplié ses contacts avec les différents représentants et notables des pays du Sahel, ce qui a permis de dissuader des milliers de migrants à prendre le large. Par ailleurs, les entretiens ont porté également sur les questions économiques. A propos de la règle des 51/49% l'ambassadeur ne voit pas d'inconvénient, et ce, contrairement à ce que pensent les autres pays. «La règle des 51/49% ne nous gêne pas, au contraire c'est une sorte de garantie», a-t-il appuyé tout en avançant que 180 entreprises italiennes travaillent en Algérie et ne comptent pas partir. Pour lui, le plus important est de créer des conditions favorables pour l'octroi des crédits, la taxation. «L'Algérie est un marché peu compliqué au début certes, mais avec le temps, il présente beaucoup d'opportunités», a-t-il reconnu tout en citant des exemples d'entreprises italiennes qui se sont investies dans la maintenance et l'entretien des ascenseurs et des abattoirs. Parlant des perspectives de partenariat, M.Ferrara a fait part de l'intérêt du Groupe énergétique italien ENI pour l'investissement dans le domaine pétrochimique et dans la prospection du pétrole et du gaz en offshore afin de «chercher de nouvelles possibilités énergétiques pour l'Algérie». Pour lui, ces projets - en cours de négociations - traduisent une «diversification des intérêts des entreprises énergétiques italiennes en Algérie». Au sujet de l'installation du constructeur automobile Fiat Chrysler en Algérie, l'ambassadeur a indiqué qu'une délégation du groupe italien s'était rendue en Algérie et c'est à l'entreprise de trancher. Son Excellence est revenu sur la liste des produits interdits à l'importation qui a porté un sérieux coup aux exportations de l'Italie vers l'Algérie. «L'usine de production du chocolat Ferrero, installée dans le sud de l'Italie était destinée au marché algérien», a-t-il révélé avec regret. Ainsi, une chaîne de distribution de la marque qui employait 100 jeunes Algériens a disparu. Il y a lieu de rappeler, que l'Italie est le premier client de l'Algérie et son troisième fournisseur, avec un volume global d'échanges de près de 9,3 milliards de dollars en 2017. Les exportations algériennes vers l'Italie ont atteint 5,548 milliards de dollars, en hausse de 6,4% par rapport à 2016, tandis que ses importations ont diminué de 19,4% pour s'établir à 3,754 milliards de dollars, selon les statistiques des douanes algériennes. S'exprimant enfin sur la question des visas, M.Ferrara a avancé le fait que 20.000 titres de séjour sont accordés chaque année aux Algériens tout en assurant que le taux de refus des visas est minime.