Le Maroc doit aller pêcher dans d'autres eaux que celles du Sahara occidental «Rien dans ce verdict ne conteste la légitimité politique du Maroc à conclure avec l'UE des accords couvrant le Sahara marocain», a déclaré le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Ce n'est pas une décision de justice, puisse-t-elle émaner d'une Cour internationale qui fera tomber le dernier bastion du colonialisme en Afrique. Qui mettra fin à plus de 40 années d'occupation du Sahara occidental par le Maroc. Une présence marquée par une violation flagrante des droits humains, une répression sauvage, la pratique de la torture, des procès iniques et le pillage des ressources d'un peuple spolié de son droit le plus absolu, le plus légitime: le droit à s'exprimer librement quant à son destin dans le cadre d'un référendum d'autodétermination. L'arrêt rendu par la Cour de justice européenne, qui a invalidé l'accord de pêche conclu avec l'UE quant à son extension au Sahara occidental, ne le fera pas plier non plus. Rabat a choisi de noyer le poisson, en donner sa propre interprétation alors que les médias du monde entier l'ont, à l'unisson, qualifié de revers pour le Maroc qui doit aller pêcher dans d'autres eaux que celles du Sahara occidental. Le pouvoir marocain opte pour la fuite en avant. «Rien dans ce verdict ne conteste la légitimité politique du Maroc à conclure avec l'UE des accords couvrant le Sahara marocain», a déclaré le ministre marocain des Affaires étrangères et de Coopération internationale, Nasser Bourita, dans une interview accordée au site marocain le 360. «Rien dans le verdict de la Cour de justice de l'Union européenne ne conteste la légitimité politique du Royaume du Maroc à conclure avec l'UE des accords couvrant le Sahara marocain», a assuré, «éhontément», dans une interview accordée au site marocain le 360 au sujet de la décision rendue par la plus haute juridiction européenne sur l'accord de pêche Maroc-UE. Son collègue de l'agriculture pousse le bouchon encore plus loin. «La Cour de justice de l'Union européenne (Cjue) a validé l'accord de pêche Maroc-UE et n'a pas suivi l'avis de son avocat général qui demandait l'interdiction de la pêche», a effrontément affirmé, le 27 février à Rabat, le ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Aziz Akhannouch, tout en ajoutant une couche de mensonge. «La Cour ne conteste pas la capacité du Maroc, y compris dans les zones du Sud, à négocier un accord de pêche.» Un tissu de contrevérités! Que dit exactement l'arrêt de la Cjue? «Compte tenu du fait que le territoire du Sahara occidental ne fait pas partie du territoire du Royaume du Maroc, les eaux adjacentes au territoire du Sahara occidental ne relèvent pas de la zone de pêche marocaine visée par l'accord de pêche», ont jugé les magistrats européens. «L'accord de pêche conclu entre l'UE et le Maroc est valide dès lors qu'il n'est pas applicable au Sahara occidental et aux eaux adjacentes à celui-ci», ont-ils conclu après avoir été saisis par la Haute cour de justice britannique, suite à une plainte de l'ONG Western Sahara Campaign (WSC), qui plaide le droit à l'autodétermination du Sahara occidental annexé par le royaume depuis 1975. «La Cour juge donc que, compte tenu du fait que le territoire du Sahara occidental ne fait pas partie du territoire du Royaume du Maroc, les eaux adjacentes du territoire du Sahara occidental ne relèvent pas de la zone de pêche marocaine visée par l'accord de pêche», précise le communiqué de la Cjue Clair, net et précis. Sauf pour le pouvoir marocain. Cela lui reviendrait à reconnaître une sévère défaite alors qu'il ne jure que par la «marocanité de son Sahara». «Aucun règlement de l'affaire du Sahara n'est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara...», avait déclaré le monarque alaouite le 6 octobre 2017 à l'occasion de la célébration du 42ème anniversaire de l'annexion du Sahara occidental. L'arrêt de la Cour européenne de justice lui conteste sa mainmise sur ce territoire. Mohammed VI n'est pas encore prêt pour porter sa...croix.