Avec leurs déboires, c'était déjà bien que ces deux athlètes se soient qualifiés en finale. Deux Algériens étaient engagés dans des finales lors de cette ultime journée des mondiaux d'Helsinki. C'étaient les deux dernières chances pour l'athlétisme algérien de décrocher au moins une médaille et d'éviter le zéro pointé. Il fallait, cependant, reconnaître que les deux athlètes en question avaient très peu de chances d'atteindre l'objectif qu'ils devaient s'être, eux aussi, fixés. Depuis la saison dernière, où déjà il n'avait guère brillé aux Jeux olympiques d'Athènes, Djabir Saïd-Guerni semblait traîner sa peine. Avant Helsinki , on l'avait peu vu et les seules fois où il s'était aligné sur une piste on a découvert un athlète loin, très loin de ce que l'on connaissait de lui et de sa forme compétitive. Du reste, Djabir n'a dû sa présence à Helsinki qu'au fait qu'il y a été invité par l'IAAF en tant que champion du monde en titre du 800m puisqu'il s'est montré incapable de réaliser les minimas requis pour se qualifier pour les mondiaux. Il faut, donc, considérer sa participation à la finale de ce dimanche comme un véritable exploit de la part d'un athlète qui paraissait avoir la tête dans le trou. Il lui a donc fallu passer deux tours pour se retrouver dans la liste des huit meilleurs du 800 m. C'est dire que, pour un tel athlète, l'épreuve était particulièrement difficile. On en a eu la preuve avec un Djabir qui s'est qualifié pour les demi-finales en terminant 3e de sa série, la plus lente des 6, qui étaient programmées jeudi dernier dans le temps plus que modeste de 1:50.16. Vendredi, sa chance a été d'être aligné dans la première des trois demi-finales, la plus rapide. Embarqué dans le sillage du Russe Borzakovski et du Bahreïni Ramzi, il a réussi à s'accrocher et au prix d'un remarquable effort dans la dernière ligne droite, il a terminé 4e, une place non qualificative pour la finale directement mais dans le temps de 1: 44.80, qui constituait sa meilleure performance depuis le début de la saison. C'est ce temps-là qui lui a permis de passer en finale du fait que les deux autres demi-finales avaient été nettement plus lentes. Rien que pour ce passage, Saïd-Guerni avait accompli une prouesse pour tout ce qui a été dit plus haut. Alors, espérer de lui qu'il se distingue en finale relevait purement et simplement du miracle. Quand on a à ses côtés le champion olympique, Borzakovski et un athlète comme Ramzi qui a carburé au super à l'occasion de ces mondiaux (sa médaille d'or au 1500 m en témoigne), il n'y avait rien à espérer du côté de l'athlète algérien sauf qu'il ne se montre pas ridicule. Et il a été loin de l'être. Il a fait, au contraire, ce qu'il a pu étant dans le coup pour une médaille à la sortie du dernier virage pour céder dans la ligne droite face à des coureurs nettement plus en forme physique et surtout mentale que lui depuis le début de la saison. Sa place de 5e est, de ce fait, à considérer comme un bon résultat pour lui. Idem pour le second finaliste algérien de cette dernière journée des mondiaux d'Helsinki, Ali Saïdi-Sief engagé dans le finale du 5000 m. Voilà un athlète qui est sorti d'une longue absence (deux ans) pour raison de dopage. Une absence qui intervenait au moment où il venait de s'affirmer comme l'un des plus grands espoirs du demi-fond mondial. On imagine la difficulté qu'il y a pour tenter de revenir au haut niveau lorsqu'on a été privé de compétition officielle pendant deux ans. L'an dernier aux Jeux olympiques, à Athènes, il avait pu faire illusion en remportant sa demi-finale mais en finale il avait été complètement étouffé au point de passer inaperçu. Cette saison, comme Saïd-Guerni, on l'avait peu vu sur les circuits avant les mondiaux. Il avait, cependant, eu un moment d'euphorie lorsqu'il s'imposa dans le 5000 m des Jeux méditerranéens d'Almeria. «Si j'arrive à passer aux alentours des 13 minutes avant les mondiaux, je crois que je serai capable de monter sur le podium à Helsinki» nous avait-il dit au soir de sa victoire à Almeria. C'est une performance qu'il n'a pu réaliser. Aussi fallait-il ne pas s'attendre à ce qu'il parvienne à briller dans la capitale finnoise même si en demi-finale il était parvenu à terminer 4e sans donner l'impression de puiser au fond de lui-même tout en réalisant, au passage, son meilleur temps de la saison (13:13.50). Dimanche, il a eu fort à faire avec des athlètes comme les Kenyans qui couraient derrière leur première médaille lors de ces mondiaux, l'Australien Craig Mottram ou l'Ethiopien Sihine Sileshi médaillé d'argent du 10.000m. Dans une course extrêmement lente, l'Algérien a tenté sa chance dans l'emballage final, mais en dépit de tous ses efforts, il n'a jamais pu atteindre une place de médaillable se contentant de la 5e position dans le temps de 13:33.25. Le Saïdi-Sief de 2000 aurait certainement remonté son handicap de la dernière ligne droite. Depuis, il y a eu deux années de galère qui nous font croire que c'était déjà bien que cet athlète se soit qualifié pour la finale des mondiaux d'Helsinki.