Nos athlètes étaient, il est vrai, arrivés en Finlande sans avoir réussi de belles performances. Engagée dans les Mondiaux de 2005 avec neuf athlètes, l'équipe nationale d'athlétisme nous est revenue d'Helsinki avec aucune médaille dans ses bagages. Depuis les Mondiaux d'Athènes en 1997, il s'agit de la plus mauvaise participation algérienne à une compétition de ce niveau. S'agissant de la première discipline olympique, le résultat est assimilé à un aliment que l'on a avalé de travers mais encore aurait-il fallu que notre athlétisme soit du niveau qui était le sien il y a quelques années. Il n'y a guère à tergiverser ou à trouver des subterfuges, cet échec était attendu parce que nos athlètes n'avaient pas donné avant ces mondiaux l'assurance qu'ils étaient capables de briller. Du reste, même le premier responsable de la discipline, le président de la fédération, M.Chaouch Toufik Teyara, l'avait reconnu avant le début de la compétition d'Helsinki en affirmant dans une interview qu'il nous avait accordée que «seule Baya Rahouli pouvait briguer une place sur le podium» . Cette dernière n'a pu faire mieux qu'une 7e place lors de la finale du triple saut. M.Teyara s'était exprimé ainsi en raison du fait qu'elle était la seule à avoir, depuis le début de la saison, accompli une performance de portée mondiale à savoir ses 14,98m réalisés lors des Jeux méditerranéens d'Almeria lesquels ont constitué, jusqu'aux mondiaux d'Helsinki, la seconde meilleure performance mondiale de l'année derrière les 15,11m de la Russe Lebedeva. Malheureusement, depuis Almeria, Rahouli est tombée malade et n'a plus retrouvé les sensations qui étaient les siennes en Espagne à la fin du mois de juin. Dommage pour elle car, à Helsinki, le concours de la finale a eu lieu sans Lebedeva et en dehors de la lauréate, la Jamaïcaine Trecia Smith qui a sauté à 15,11m, les autres concurrentes étaient à la portée d'une Rahouli en forme puisque la médaille d'argent, attribuée à la Cubaine Yargelis Savigne, a été obtenue sur un saut à 14,82m. En dehors de Rahouli, 4 autres athlètes sont parvenus à se qualifier pour la finale de leur spécialité, 5 si l'on rajoute Saïd Belhout qui a disputé le marathon et qui n'a pu terminer la course. Parmi ces finalistes, il convient de donner un statut particulier à Issam Nima, engagé à Helsinki sans grand espoir et qui est passé en finale de la longueur avec un bond à 8,13m, soit un nouveau record d'Algérie. Il s'agissait de la première participation de Nima à des mondiaux et même si, en finale, il n'a pu dépasser 7,73m, sa participation aura été des plus honorables. Dans le 1500m messieurs, des trois engagés seul Tarek Boukensa a tiré son épingle du jeu. Il est parvenu jusqu'à la finale en résistant aux plus grands mais lors de l'ultime course, on est allé un peu trop vite pour lui, notamment sous l'impulsion du vainqueur, le Bahreïni Ramzi. Pour sa part, Kamel Boulahfane, qui avait réalisé les minimas, une semaine avant les mondiaux lors du meeting d'Oslo, est arrivé dans la capitale finnoise avec une blessure qui l'a obligé à déclarer forfait aux mondiaux. Quant à Antar Zerguelaïne, précédé de son statut de grand espoir de l'athlétisme algérien, il est passé complètement inaperçu, éliminé dès les séries. Antar doit encore travailler dur pour se placer dans la hiérarchie des meilleurs coureurs du monde. Et puis il y a eu Saïd-Guerni et Saïdi-Sief. Les deux n'avaient pas du tout brillé avant les mondiaux (le second nommé s'était imposé dans le 5000m des Jeux d'Almeria mais avait disparu de la scène par la suite). Il faut l'avouer, dans la forme qui était la leur avant Helsinki, ils représentaient une grosse cote pour la qualification à la finale chez les bookmakers. Leur passage en finale relève de la belle performance dans ce cas. Mais on ne pourra que regretter que deux si beaux champions, promis au plus bel avenir, n'aient jamais su gérer leurs consécrations respectives. On ajoutera à ces échecs, celui de Fatiha Bahi-Azzouhoum au 3000m steeple, une spécialité toute neuve dans l'athlétisme féminin et dans laquelle l'Algérienne n'a pu aller au-delà des séries. Ces résultats apportent de l'eau au moulin des détracteurs de la fédération d'athlétisme qui est allée jusqu'à faire concourir ses athlètes avec des maillots différents, certainement pas ceux d'une équipe nationale. Seulement, il serait facile d'expliquer cet échec par le seul fait d'une fédération qui aurait failli à sa mission. Il serait plus juste d'impliquer dans ce scénario les pouvoirs publics qui ont la fâcheuse tendance à ne donner les subventions qu'avec beaucoup de retard. Quelques jours avant les mondiaux d'Helsinki, il y a eu les mondiaux cadets de Marrakech. Trois jours avant le début de la compétition nous avions rencontré le DTN de l'athlétisme au siège du COA. Il était venu là pour récupérer un chèque devant permettre l'achat des billets d'avion pour la délégation algérienne qui était bien près de déclarer forfait. Par ailleurs, Baya Rahouli, qui devait s'entraîner en janvier en Afrique du Sud, c'est-à-dire à un moment où c'était l'été dans ce pays, n'a reçu une partie de l'argent de sa bourse de préparation qu'au moment où le froid commençait à s'installer. Elle en est ressortie avec des douleurs dans le dos, peut-être le mal qui a eu raison d'elle à Helsinki. Ajoutons que la fédération n'est jamais associée dans le contrôle de ces bourses de préparation où l'athlète (et cela le ministre de la Jeunesse et des Sports l'a souligné) qui détient l'argent fait ce qu'il veut de son entraîneur puisque c'est lui qui le paie. En somme, une situation où chacun doit assumer ses responsabilités pour un échec qui ne peut être que collectif dans un sport décidément en perte de vitesse.