Dans la discrétion qui sied aux grandes ambitions, la société d'édition constantinoise «Les Editions du Champ Libre» a marqué le dixième anniversaire de sa création qui confirme largement l'esprit qui avait alors prévalu à son apparition dans le champ éditorial national, à savoir offrir un espace de libre expression à tous ceux qui avaient vocation à écrire. Sa directrice gérante, Mériem Merdaci, diplômée en communication, titulaire d'un master 2 en histoire et riche aussi d'une belle expérience de journaliste a su, en une décennie, imposer sa présence dans les médias et les grands rendez-vous de l'édition en Algérie. On la rencontrera aussi couramment au Salon international du livre d'Alger - où elle dirige un stand depuis plusieurs éditions- qu'à celui de Boujima pour lequel elle avoue un réel attachement et on l'aura vu défendre ses auteurs et ses choix éditoriaux sur les plateaux de télévision publique ou privés. Mériem Merdaci se présente volontiers comme une éditrice indépendante qui précise qu'elle ne dépend d'aucun soutien et surtout ne s'inscrit dans aucun réseau de connivences. «Je défends ma liberté de choisir ce que je publie et si je prends normalement l'avis de mes lecteurs, je prends seule le risque de donner suite à un manuscrit.» Il faut sans doute parler de triptyque pour qualifier la ligne éditoriale des «Editions du Champ Libre» que rappelle d'ailleurs avec constance l'éditrice: «Le patrimoine, l'histoire nationale, la jeune littérature algérienne.» Le catalogue des «Editions du Champ Libre» confirme cela qui fait une très large place aux auteurs algériens et plus particulièrement aux jeunes auteurs. Les deux seuls auteurs étrangers publiés par Mériem Merdaci - qui en a acquis les droits sur ses seuls fonds- portent témoignage des engagements citoyens de l'éditrice qui ouvre le champ éditorial national à la question palestinienne avec l'édition en langue arabe du reportage de référence de René Backman sur «Un mur en Palestine» et qui fait aussi connaître «Mon combat pour les lumières» de l'éminent juriste et islamologue tunisien Mohamed Charfi. Les jeunes Algériennes occupent aussi une place de choix dans ce catalogue que ce soit dans le domaine de la poésie,avec Khawater ou des premiers pas en littérature avec Zadimène, jeune médecin algéroise ou Noellka, jeune cadre dans l'administration. L'empreinte des femmes algériennes a accompagné depuis le début les pas de l'éditrice dont le premier ouvrage publié sous son enseigne - «Tata,une femme dans la ville»- était consacré à l'itinéraire militant de Hadja Fatima Zohra Saâdaoui,figure des frontistes constantinoises. La présentation de l'ouvrage au public, dans la salle du théâtre régional de Constantine, avait été au sens fort, un évènement marqué au coin de l'émotion, mais qui signalait aussi les capacités de la jeune éditrice en matière de communication. Nouvellistes,comme Djamel Boussafssaf, Noelka, Othmane Chagou, romancier comme Réda Boubeguira, les auteurs des «Editions du Champ Libre» se félicitent de la qualité d'accompagnement de leur éditrice qui, par ailleurs, a pris date dans le domaine de la promotion du patrimoine musical algérien avec la publication - en arabe et en français- d'un remarquable «Dictionnaire des musiques citadines de Constantine» et tout dernièrement d'un essai percutant sur l'histoire du chaâbi «Les compagnons de Sidi Guessouma». Discrète sur ses projets immédiats, Mériem Merdaci signale toutefois la charge de manuscrits qu'elle reçoit et qui disent bien qu'elle a bel et bien pris date dans l'édition algérienne. Elle concède seulement qu'elle réserve des surprises aux lecteurs et gageons qu'elle mesure le poids de ces mots.