L'annexe du musée Kotama de Jijel a accueilli, samedi, le Pr Abdelmadjid Merdaci et les éditions du Champ Libre de Constantine à l'occasion d'une vente-dédicace consacrée au dernier ouvrage de l'universitaire constantinois «Les compagnons de Sidi Guessouma, contribution à l'histoire du cha'bi», agrémentée d'une très enrichissante conférence sur le sujet. Organisée par la jeune maison d'édition du Champ Libre de Constantine, en collaboration avec la direction de la culture, la bibliothèque communale de Jijel et le musée Kotama, cette rencontre a permis aux présents, essentiellement des mélomanes, d'appréhender la musique populaire algérienne, bien loin du confinement algérois, car dira le conférencier, il s'agit là d'une problématique complexe où se mêlent migrations, colonisation et déstructurations sociale et familiale. Une essence extraite d'une dynamique sociale générée par l'urbanisation et les migrations internes, un acquis algérien qu'on ne peut réduire à un simple phénomène de la Casbah algéroise, dont la population est fortement imprégnée de familles arrivées de Biskra, de Jijel et de Kabylie et parlera aussi de l'apport considérable d'un Mahboub Bati, originaire de Médéa qui dira-t-il «a révolutionné» cette musique. L'auteur nous dira qu'il a écrit un livre «consacré à l'histoire des musiques du cha'bi à Constantine, mais plus largement du statut du cha'bi en Algérie, j'ai souhaité rencontrer les amis de Jijel, les mélomanes et ceux qui sont intéressés par la recherche. On a débattu de la fonction sociale des musiques, des conditions de l'apparition du cha'bi dans notre pays et de la définition académique du mot cha'bi, des acteurs de cette musique». Il ajoutera que «c'est une leçon toujours d'actualité, car quand on nous conduit à des situations d'impasse, de difficulté, de désespérance. Quand on écoute le cha'bi, on comprend une chose, au moment où l'Algérie était écrasée, c'est à ce moment que les Algériens dominés, assujettis, humiliés sont en capacité de création de nouveaux langages. J'en tire de cet enseignement-là qu'il ne faut jamais désespérer de l'Algérie, c'est exactement ce que nous dit l'histoire du cha'bi». Comprenant 11 chapitres, le livre commence justement par une mise à jour du cha'bi à travers l'aggiornamento musical, avant de s'engouffrer sur les pistes du cha'bi, ses clés, sa chronique constantinoise, ses générations, ses pionniers, la facette méconnue du mécénat. Le Pr Merdaci signe là un ouvrage qui va continuer dans la lancée du «Dictionnaire des musiques citadines de Constantine», publié il y a près de dix ans, et dans lequel il s'était étalé sur les musiciens les plus connus de Constantine et des différents genres musicaux. Pour sa part Meriem Merdaci, la fille de l'universitaire et propriétaire de la maison d'édition du Champ Libre nous dira que cette jeune maison «s'intéresse à l'aspect culturel du patrimoine algérien ; nous sommes venus pour présenter le dernier ouvrage d'Abdelmadjid Merdaci. C'est un peu l'histoire du cha'bi algérien, là ou il a pu avoir un impact comme Alger, Annaba, Constantine, Mostaghanem, Jijel etc… C'est aussi faire sortir le cha'bi de la Casbah d'Alger et dire que ce genre musical appartient à tous les Algériens.»