Le siège du FFS à Alger Cette collégialité aurait pu être un mécanisme et un instrument qui statueraient et décideraient) sous une autre forme, autre que l'instance présidentielle telle qu'elle existe, une instance cristallisant les tiraillements et les ambivalences idéologiques, politiques et de leadership, sapant ainsi l'harmonie organique du parti. La réunion extraordinaire du conseil national du Front des forces socialistes (FFS) qui s'est tenue récemment, s'est soldée par une sorte de reconduction de la crise, dans la mesure où un congrès extraordinaire a été sollicité lors de cette réunion, pour juguler la carence organique dont fait face le FFS à travers la vacance qui frappe son instance présidentielle depuis la démission de son membre, Ali Laskri. Cette réunion de la dernière chance a révélé que le clan des «frères Baloul» et leurs disciples, vient de passer sous les fourches Caudines du clan de Ali Laskri et ceux qui ont fait du respect des statuts du parti une condition sine qua non dans la perspective de trouver une issue salvatrice à la crise et l'impasse qui guettent la formation de feu Hocine Ait Ahmed depuis des mois. La rencontre de 9 mars a essayé de colmater les brèches et faire dans le rafistolage organique, c'est ce qui ressort du communiqué à l'issue de cette réunion extraordinaire du conseil national. La résolution exprime une espèce d'issue «consensuelle» en soulignant que «Le conseil national a pris acte de la démission du camarade Ali Laskri membre de l'instance présidentielle. Les statuts adoptés par le 5ème congrès du parti et notamment son article 48, l'IP réduite à deux membres, requiert l'organisation d'un congrès national extraordinaire pour élire une nouvelle instance présidentielle, avec une liste consensuelle de cinq membres comprenant les membres de l'instance présidentielle actuelle, habilitée à convoquer le congrès national ordinaire», précise la résolution rédigée pour la circonstance. La démarche consistant à convoquer un congrès extraordinaire suscite des remous et des résistances au niveau de la base militante du FFS, l'explication avancée semble ne pas convaincre une partie des militants, qui voit que ladite démarche obéit à une logique mettant en avant une mesure visant à en découdre avec l'aile et le clan des «frères Baloul» et ceux qui périclitent autour de leur courant. Le congrès extraordinaire qui sera tenu le 20 avril, une date qui coïncide avec le printemps berbère, est une manière d'arrimer l'ambiance de cette rencontre extraordinaire du point de vue organique avec cet événement dans l'objectif d'éviter qu'il y ait un climat tendu et une atmosphère hostile entre les deux clans antagonistes qui se disputent les rapports de force au sommet de l'appareil. Mais la crise est telle, que la dernière réunion extraordinaire s'est terminée avec un semblant d'accord qui n'est autre qu'un ajournement de la crise au nom d'un consensus et un compromis aussi fragile que vulnérable. Le texte qui vient d'être rédigé lors de cette réunion extraordinaire du conseil national est plus que clair, en ce qui concerne la profondeur de la crise qui taraude l'esprit de la direction du parti et de sa base militante. La résolution qui a entériné l'issue de la dernière réunion extraordinaire du conseil national, est péremptoire quant aux éléments qui vont participer dans les travaux dudit congrès extraordinaire. La résolution stipule que certains congressistes qui ont participé lors des travaux du 5ème congrès verront leurs noms effacés et éliminés en leur qualité de participants pour des raisons disciplinaires et de démissions durant la période intermédiaire auxdits travaux du 5ème congrès. Il s'agit bien d'une purge à l'encontre d'un nombre important de militants qui n'ont pas acquiescé les résolutions et la ligne politique du parti adoptées lors du dernier congrès ordinaire. Dans ce cadre, le conseil national à indiqué que «se basant sur ces statuts, le conseil national décide la tenue d'un congrès national extraordinaire le 20 avril prochain, journée de la démocratie, conformément aux statuts, la commission de préparation du congrès national (Cpcn) ainsi que le bureau de ce congrès seront présidés par Mohand Amokrane Chérifi président du 5ème congrès du parti. La liste des membres de la Cpcn et la liste des participants à ce congrès sont identiques à celles qui ont été validées au 5ème congrès en y retirant tous ceux qui ont quitté le parti ou qui font l'objet d'une mesure disciplinaire», ont souligné les membres du conseil national présent lors de la réunion extraordinaire à travers leur résolution. Le FFS est engouffré dans un véritable imbroglio organique hérité du vivant de son chef et père fondateur, le regretté Hocine Ait Ahmed, en croyant bien faire d'avoir doté l'appareil du parti d'une forme collégiale de la gestion et de l'organisation. Cette collégialité aurait pu être un mécanisme et un instrument qui statueraient et décideraient sous une autre forme, autre que l'instance présidentielle telle qu'elle existe, une instance cristallisant les tiraillements et les ambivalences idéologiques, politiques et de leadership, sapant ainsi l'harmonie organique du parti. Le secrétariat national et le conseil national auraient suffi pour concevoir et peaufiner la ligne et les grands axes du programme du parti sans recourir à cette instance présidentielle qui s'est avérée une espèce de structure hybride régentée par la force du compromis et la loi de cooptation au sein des rouages influents du parti. L'instance présidentielle fait figure dans tous les conflits qui font irruption au sein du FFS, c'est un fait avéré et marquant en termes de situation de brouillamini et de crise dont cette instance est porteuse et génératrice. Cette structure, l'instance présidentielle en l'occurrence, se propose comme un outil de blocage au niveau vertical comme au niveau horizontal. Hormis le congrès dont la structure suprême décide des grandes mutations et de changements quant à la nature idéologique et politique du parti, d'autres structures en dépendent et suivent, voire même mettent en exécution le programme adopté par ledit congrès. La défectuosité qui frappe l'instance présidentielle est en train de contaminer d'autres structures en mettant ainsi tout le parti dans une situation exsangue sur le plan organique. La réunion extraordinaire n'a fait que prévaloir une sorte de «modus vivendi» entre les deux clans qui s'entre-déchirent sur fond d'usurpation d'espace partisan au sein d'un appareil agonisant et qui a atteint sa longévité escomptée, sauf renouvellement salutaire avec un nouveau personnel en rupture totale avec les archétypes omniprésents depuis la création du vieux parti. La crise est là, elle est même illustrée à travers la résolution de la dernière réunion extraordinaire du conseil national qui indique que «le conseil national intransigeant sur l'unité et la stabilité du parti instruit la Cpcn d'oeuvrer à rassembler toutes les énergies du parti en prévision du congrès national ordinaire qui se tiendra durant le 1er trimestre 2019 à une date qui sera précisée une fois les conditions réunies», assènent les membres du conseil national via cette résolution.