Il ne faut pas croire qu'on peut sortir des champions sur un claquement de doigts. Les Jeux olympiques de Pékin se sont achevés sur le triomphe du pays organisateur qui a pris le dessus sur les nations qui, habituellement, occupent les deux premières places du classement des médailles, les Etats-Unis d'Amérique et la Russie. Les Chinois ont, ainsi, tenu leur promesse de remporter «leurs» Jeux et de faire de leur pays, la première nation sportive du monde mais il leur restera à confirmer de tels résultats hors de chez eux tant l'on sait l'avantage psychologique que procure le fait d'évoluer à domicile. D'une manière générale, les Jeux de Pékin ont confirmé la hiérarchie sportive mondiale puisque le haut du tableau des médailles est occupé par les mêmes nations que l'on retrouvait lors des précédentes éditions des Jeux olympiques. On notera, cependant, la présence de la Corée du Sud à la 7e place, ce qui fait d'elle la seconde puissance sportive d'Asie devant le Japon, 8e, jadis première nation sportive de ce continent. A côté de cela, il y a eu une chute de pays comme Cuba, ce dernier ayant, énormément, perdu en boxe où il n'a remporté aucune médaille d'or malgré la présence de huit de ses représentants lors des finales de ce sport. 204 pays ont pris part aux Jeux de la XXIXe olympiade soit plus que ne compte une organisation comme l'ONU qui fait état de 192 adhérents. Sur ces 204 nations, seulement 81 ont eu droit, au minimum, à une médaille de bronze. 396 médailles ont été distribuées durant toute la compétition et la Chine en a raflé 100 au total dont 51 en or, 21 en argent et 28 en bronze. C'est le nombre de médailles en vermeil qui lui a offert la première place du classement par pays car au nombre de médailles au total, ce sont les USA avec leurs 110 médailles qui obtiennent le meilleur résultat. Parmi toutes les nations médaillées de ces Jeux de Pékin, on retrouve l'Algérie laquelle s'est distinguée au judo où elle a réussi à accéder par deux fois au podium, la première fois par l'entremise de Soraya Haddad, qui a obtenu le bronze, la seconde par le biais de Amar Benikhlef qui nous est revenu de Pékin en argent. L'Algérie était partie dans la capitale chinoise avec une délégation de 61 athlètes qui devaient concourir dans 12 disciplines. Aucun pronostic de médailles n'avait été émis aussi bien par le Comité olympique algérien que par les fédérations sportives avant ces Jeux, refroidis qu'ils avaient été par l'expérience d'Athènes, quatre ans plutôt où ils avaient annoncé des podiums pour n'en revenir avec aucun titre. Le jour de la cérémonie de départ de la délégation algérienne vers Pékin, le président du Comité olympique algérien, M.Mustapha Berraf, avait alors déclaré que nos athlètes participeraient pour obtenir le meilleur résultat possible. De nombreuses choses ont été dites au sujet de cette participation, des choses souvent pas très encourageantes pour ces sportifs dont on attendait de bien meilleurs résultats. C'était la même chose pour Athènes. Voilà que ça recommence pour Pékin malgré l'obtention de deux médailles. Depuis que Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli nous ont ouvert l'appétit, on se prend pour les plus forts du monde. A Athènes, malgré des finalistes olympiques comme Salim Ilès, Kamel Boulahfane, Djabir Saïd-Guerni, Ali Saïdi-Sief ou Samir Moussaoui, on avait crié au scandale alors que le fait de parvenir à une finale olympique est en soi un authentique exploit. Il faut faire preuve de réalisme. Dès qu'il s'agit de sport, on écarquille les yeux et on se met à critiquer comme si l'Algérie était une très grande nation de sport. Atteindre le très haut niveau international n'est pas à la portée de n'importe qui. Ce qu'ont réalisé Haddad et Benikhlef à Pékin est une énorme performance de même que celle d'un Nabil Madi et d'un Nadjim Manseur, finalistes du 800m et la 9e place au marathon féminin de Souad Aït Salem en athlétisme. Leurs autres camarades ont fait ce qu'ils ont pu devant plus forts qu'eux. Du reste, pouvait-on leur dénier le droit d'aller en Chine alors que leur participation, ils l'avaient gagnée sur le terrain de la compétition? Personne n'osait croire que nos volleyeuses étaient capables de se distinguer à Pékin. Face à ce qui se fait de mieux à l'échelle planétaire, ces filles n'étaient là que pour apprendre et le droit d'être à Pékin, elles l'avaient obtenu au terme d'un tournoi de qualification à l'échelle africaine. Ce fut la même chose pour les autres athlètes, en dehors de quelques uns, qu'on aurait pu se garder d'envoyer. On pense, essentiellement, à l'athlétisme où on était sûr que des athlètes comme Ali Saïdi-Sief et Nahida Touhami, repêchés grâce à des minimas B ou comme Baya Rahouli laquelle, blessée, n'a plus pris part à une compétition depuis des lustres, n'iraient pas très loin (ils n'ont accompli qu'un seul tour de qualifications). On était d'autant plus douteux pour le premier que sa dernière sortie sur 5000m avant Pékin avait eu lieu le 19 juillet à Barcelone où il avait abandonné. On a, tout de même, préféré l'aligner au détriment de Khoudir Aggoune qui, lui, avait réalisé les minimas A de la distance, obligeant ce dernier à refuser d'être engagé sur 10.000m. Il faudra bien qu'une enquête des plus sérieuses soit diligentée sur cette affaire. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, le président de la Fédération algérienne d'athlétisme a parlé «d'interférences» qui font que sa fédération n'avait pas mainmise sur tous les athlètes. Il a, nommément, cité le Comité olympique algérien comme source d'interférence. Or, ce que nous savons et cela nous l'avons constamment mis en exergue (les écrits sont là pour le prouver) c'est que si interférences il y a eu dans l'athlétisme, elles sont toujours venues du ministère de la Jeunesse et des Sports. C'est ce dernier qui, depuis des années, traite directement avec les athlètes et leur encadrement pour l'obtention des bourses de préparation et nous croyons savoir que l'actuel président de la FAA avait lui-même bénéficié d'un tel privilège lorsqu'il était entraîneur. Celui qui l'avait précédé à la tête de la FAA, dont il avait été le DTN, avait, lui aussi, déploré un tel fait mais il n'avait jamais été entendu. On est, alors, parvenu à la situation burlesque d'une fédération qui ne savait même pas où étaient ses propres athlètes, ni ce qu'ils font de l'argent qui leur était donné. L'athlétisme, pourvoyeur de médailles olympiques, mais sur trois Olympiades seulement (Barcelone, Atlanta et Sydney), a failli mais il ne faut pas lui jeter la pierre car ce n'est pas sur un simple claquement de doigts qu'on peut sortir des champions. L'athlétisme algérien n'est plus monté sur un podium olympique depuis les Jeux de Sydney en 2000. Cela fait huit ans déjà qu'il piétine en dehors de la victoire de Saïd-Guerni sur le 800m des Mondiaux de Paris en 2003. Pour espérer le voir repartir sur de bonnes bases, il lui faut des moyens qu'il ne possède pas. C'est pourquoi il faut prendre l'éclosion des champions que nous avons eus comme quelque chose d'exceptionnel. Il n'est, d'ailleurs, pas surprenant que le sport qui nous a valu des satisfactions à Pékin, à savoir, le judo, est peut-être le seul dans le pays à avoir une structure fédérale de formation et d'entraînements pour ses équipes nationales. Toujours est-il que l'Algérie a terminé les Jeux à une 65e place au tableau des médailles ce qui, sur 204 nations, est tout à fait honorable. Ce classement aurait pu être meilleur puisque ce ne fut que sur avertissement que Benikhlef a raté la médaille d'or. Avec une médaille en vermeil il est sûr que notre pays aurait pu gagner au moins 20 places. Cette 65e position la place derrière six pays au niveau africain (Kenya, Ethiopie, Zimbabwe, Cameroun, Nigeria et Tunisie) et derrière deux pays au niveau arabe (Bahreïn et Tunisie). On aura tendance à se comparer au Kenya et à l'Ethiopie en oubliant que ces deux pays font une razzia grâce à leurs fondeurs et demi-fondeurs en athlétisme. Du reste, un pays comme la France qui, en athlétisme a présenté 51 athlètes, qui bénéficient d'énormes moyens de préparation et d'une logistique sans pareille, n'a obtenu qu'une médaille d'argent sur 3000m steeple, loin derrière des pays nettement moins nantis qu'elle comme le Kenya et l'Ethiopie. Et son DTN a trouvé ces résultats tout à fait normaux. Cela ne saurait, comme on l'a dit plus haut, excuser l'à-peu-près avec lequel a été traitée l'affaire du 5000m messieurs ou le choix dans la sélection de certains athlètes. Les Jeux de Pékin sont finis. Il va falloir se tourner vers ceux de Londres pour lesquels la préparation doit débuter dans l'immédiat, notamment pour des athlètes dont le jeune âge signifie qu'ils ont encore de la marge devant eux, des athlètes comme Nadjim Manseur ou notre récent champion du monde junior du 1500m, Imad Touil.