La Russie élisait hier son cinquième Parlement depuis la chute du bloc soviétique en 1991. Les Russes ont voté hier pour des élections législatives où le président Vladimir Poutine espère obtenir un score triomphal avant son départ annoncé du Kremlin en 2008. Les électeurs de la Péninsule du Kamtchatka, à plus de 6000 kilomètres à l'est de Moscou, ont été les premiers à pouvoir glisser leur bulletin dans l'urne dans ce pays couvrant 11 fuseaux horaires, du Kamtchatka à l'enclave de Kaliningrad, où le scrutin s'achevait hier à 18h00 GMT. (20h00 à Moscou). Pour ces législatives, les cinquièmes depuis la chute de l'URSS en 1991, quelque 109 millions d'électeurs ont été appelés aux urnes afin d'élire les 450 députés de la Douma, chambre basse du Parlement russe, pour quatre ans. Les premiers résultats partiels et les premiers sondages de sortie des urnes devaient être publiés à partir de 18h00 GMT hier. Le parti au pouvoir, Russie unie, dont la liste est menée par le président Vladimir Poutine, est donné grand favori avec plus de 60% des intentions de vote, selon les sondages. Seules deux autres formations politiques semblent assurées d'être représentées au Parlement, les communistes (10 à 14% des intentions de vote) et les ultranationalistes (Ldpr) de Vladimir Jirinovski (6 à 9%), la nouvelle loi électorale imposant un minimum de 7% des voix pour être élu. M.Poutine, à la tête du pays depuis 2000, mais dont le destin politique demeure flou, mène la liste de Russie unie. Interdit de troisième mandat présidentiel par la Constitution, il a toutefois indiqué qu'il entendait continuer à jouer un rôle politique important et a réclamé le «soutien» des électeurs. «Le résultat des élections parlementaires va, sans aucun doute, donner le ton pour l'élection d'un nouveau président» en mars 2008, a-t-il déclaré cette semaine dans un court message télévisé. Mais même avant cela, l'ancien agent du KGB et fonctionnaire discret s'est posé en vedette incontestée de la campagne, pourfendant volontiers les ennemis de l'intérieur, ces «chacals» entraînés avec l'aide de «spécialistes occidentaux» soutenus par des «fonds étrangers». Malgré l'excellente cote de popularité de Vladimir Poutine, Russie unie, redoutant avant tout une forte abstention, n'en a pas moins redoublé d'efforts ces derniers jours pour convaincre les électeurs de se rendre aux urnes. L'opposition de son côté a dénoncé «une farce» et mis en garde contre un retour à un pouvoir basé sur le parti unique comme du temps des Soviétiques. L'ancien champion du monde d'échecs et un des chefs de file de l'opposition, Garry Kasparov, a dénoncé avant le scrutin l'existence de «fraudes». A Washington, la Maison-Blanche a également exprimé son inquiétude sur la régularité des législatives, qui ne seront surveillées que par un groupe restreint d'observateurs étrangers. La principale instance de surveillance électorale de l'Osce, le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme (Biddh), a décidé de boycotter les élections en invoquant les entraves posées par Moscou. Quelque 450.000 policiers et militaires ont été chargés d'assurer la sécurité dans les bureaux de vote. Après le scrutin de dimanche, les Russes seront appelés à nouveau aux urnes le 2 mars pour une présidentielle où M.Poutine ne peut pas se présenter.