«Le Lion des djebels» A la tête de la délégation algérienne, composée de Mohamed Seddik Benyahia, Rédha Malek, Tayeb Boulahrouf, Ahmed Boumendjel, Saâd Dahlab, M'hamed Yazid et Ahmed Francis, ses compagnons de combat jeunes et brillants, il négociera l'indépendance de l'Algérie sans concession. La date du 19 Mars est un des repères précieux qui a marqué l'histoire de l'Algérie. Celui qui a mis fin à plus de sept longues années d'une guerre de libération exceptionnelle menée par des femmes et des hommes d'exception. Comme seule l'Algérie sait les enfanter. Pour la sortir d'une longue nuit coloniale qui a duré plus de 130 années. Pour mener son peuple vers la liberté, la lumière. Le nom de Krim Belkacem demeure à ce titre une référence et reste intimement lié à ce combat, à cette Algérie une et indivisible dont ont rêvé lui et ses compagnons d'armes. Il incarne à plus d'un titre, le fabuleux parcours d'un révolutionnaire algérien contre le colonialisme français et l'impérialisme pour la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes. La date du 19 Mars couronnera cet objectif et restera intimement lié au nom de Krim Belkacem pour l'éternité sans doute. Ce n'est guère entretenir le culte de la personnalité que de l'élever à ce rang. Ce n'est que lui rendre justice et à travers lui à tous ceux qui se sont sacrifiés pour ce pays. Certains au péril de leur vie alors qu'ils auraient pu la croquer à pleines dents. Des jeunes femmes et des jeunes hommes tout juste sortis de l'adolescence pour bon nombre d'entre eux. D'autres se sont retirés sur la pointe des pieds pour que l'Algérie indépendante se construise... Le 19 Mars ne peut être évoqué sans avoir une pensée particulière pour eux. La délégation, qui devait négocier pour honorer le serment fait aux martyrs, de ne déposer les armes qu'une fois l'Algérie libérée, sera conduite par un baroudeur: Krim Belkacem. Il sera secondé par des hommes qui feront briller de mille feux une diplomatie algérienne née dans les maquis. Avec Mohamed Seddik Benyahia, Rédha Malek, Tayeb Boulahrouf, Ahmed Boumendjel, Saâd Dahlab, M'hamed Yazid et Ahmed Francis, ses compagnons de combat jeunes et brillants, il négociera l'indépendance de l'Algérie sans concession. Retour sur des négociations qui auront duré plus de dix mois. 20 mai 1961, il est près de 11h du matin. Le soleil s ́est déjà levé sur la ville d ́Evian, (Haute-Savoie, France). L ́hôtel du Parc reçoit les deux délégations algérienne et française. Il s ́agit de mettre fin à une colonisation féroce qui a duré plus de 130 ans. Les pourparlers peuvent commencer, mais sans témoin. Que veut-on cacher au monde? Cette plaie béante qui s ́appelle Algérie, solidement accrochée et tatouée au fronton de la patrie des droits de l ́homme? Ou bien, tout simplement, la détermination farouche d ́indépendance d ́une poignée de jeunes Algériens emmenés par celui que l ́on surnomma «le Lion des djebels»? A ce moment-là, personne ne savait que le sort du mythe de l ́Algérie française était désormais définitivement scellé. Les négociateurs français auront beau se démener pour garder sous leur coupe ne serait-ce qu'un pan de ce territoire qu'ils ont occupé pendant plus d'un siècle, mais c'était sans compter sur la détermination de leurs vis-à-vis algériens. Ils ne cèderont pas un pouce de ce territoire qui les a vus naître. Un serment fait aux martyrs. Et à tout un peuple qui aspire à sa liberté. Krim Belkacem ne les décevra pas. Il sera sans concession. Comme à la première heure. Celle où il a décidé de se donner corps et âme pour l'indépendance de cette terre qui l'a enfanté. Elle portera l'empreinte de ses ancêtres berbères. Celle de Massinissa et de Jugurtha. Il livrera son dernier combat contre l'ennemi. Pour une Algérie libre. De Tamanrasset à Alger. De Annaba à Maghnia... C'est autour de cet objectif atteint au prix de sacrifices et du don de soi que s'est forgée l'unité du pays. Toute une vie qui se résume à un foisonnement d ́espoirs et de désillusions qui ont mené l ́Algérie à la liberté. Krim Belkacem aura donné sans compter et sans calcul à une patrie martyrisée pour qu ́elle retrouve sa dignité. Force est de constater qu'elle ne le lui a rendu que mesquinement. Un combat que devraient méditer ceux qui, allégrement et en toute inconscience, ont tendance à hypothéquer, par les temps qui courent, cette liberté arrachée par de jeunes Algériens, qui n'ont pas hésité un seul instant à faire don de leur vie. C'est dans cette droite ligne que s'inscrit le parcours de Krim Belkacem. Une vie dédiée, par un homme d'un courage hors du commun, à l'Algérie. A inscrire dans les manuels d'histoire pour que le 19 Mars ne soit pas qu'une date commémorative.