Chaque jour apporte un nouvel éclairage sur la conception que le président des Etats-Unis, Donald Trump, se fait des rapports entre les nations, de la souveraineté de ces nations et de leur déterminisme. Ainsi, après avoir privé l'Unrwa - agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, donc les Palestiniens - de son aide financière, Washington envisage d'élargir cette mesure à tous les pays qui voteraient mal à l'ONU. C'est-à-dire qui ne suivent pas les instructions des Etats-Unis dans la prétention d'imposer leur seule vision des choses, singulièrement pour le cas de la Palestine. Soutenir la colonisation et la répression des peuples, est-ce cela les droits de l'homme et la démocratie? La cuisante défaite des Etats-Unis à l'ONU sur Jérusalem - une majorité écrasante des Etats membres de l'ONU a condamné la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël - a été douloureusement ressentie à Washington qui étudie le principe de sanctionner tous les pays ayant besoin d'aide et qui contestent sa politique. Ce nouveau programme de «l'aide» étrangère de Washington «allouée» au cas par cas, a été proposée par l'ambassadrice des Etats-Unis, Nikki Haley, comme le révèle le site Foreign Policy, selon lequel celle-ci veut une «réévaluation radicale» ayant pour objectif «de punir les dizaines de pays bénéficiaires» qui votent «contre la politique des Etats-Unis à l'ONU». Comment faut-il comprendre cette façon de soumettre «l'aide» des Etats-Unis à l'approbation de sa politique, même lorsque celle-ci va à l'encontre du droit international - c'est le cas pour le dossier palestinien et de Jérusalem en particulier - ou du droit humanitaire pour les pays nécessiteux? Les Etats-Unis estiment-ils leur aide comme un «achat» de la conscience des pays aidés? Voilà qui serait grave pour la compréhension des rapports entre pays et Etats. Que les Etats-Unis refusent d'aider (financièrement) un pays c'est, à la limite, leur droit, mais qu'ils conditionnent cette aide par un suivi aveugle de leur politique étrangère erratique, cela s'appelle du chantage le plus éhonté, que rien, absolument rien, ne justifie. Dans la note «America first foreign assitance policy» dont Foreign Policy fait état, il est ainsi mentionné «La mission américaine auprès des Nations unies estime que toute aide étrangère accordée par les Etats-Unis doit être réévaluée pour s'assurer que les dollars des contribuables soient dépensés pour faire avancer les intérêts américains». Il s'agit donc bien d'un achat des consciences, les «dollars américains» faisant «avancer les intérêts américains» au détriment du droit et de la justice. Faisant référence au blocage de la moitié des fonds destinés à l'Unrwa, la note précise qu'il «devrait servir de point d'appui sur lequel nous allons nous appuyer pour utiliser cette aide comme levier tout en mesurant son impact». Meurtri par le vote écrasant et la sévère condamnation sur Jérusalem, le 21 décembre 2017 - pour l'Afrique, seul le Togo a suivi les «consignes» de Washington - les Etats-Unis n'arrivent pas à digérer ce revers, qui montre le décalage entre la réalité des faits et celle que Washington - par les pressions, les menaces et les sanctions - veut imposer en particulier aux pays pauvres qu'il veut annexer à sa politique étrangère. Dès lors, ce n'est plus la raison et le droit international - qui s'appliquent en principe à tous les pays du monde - que les Etats-Unis défendent bec et ongles, mais leurs seuls «intérêts» à l'exclusion de toute autre variable n'entrant pas en compte avec ces intérêts. C'est cela la démocratie et les droits humains que Washington prétend protéger partout dans le monde? Or, cette façon de faire donne l'impression certaine qu'est mis en exergue le diktat de Washington qui instrumentalise à ses intérêts le droit humanitaire. Un droit humain qui ne peut faire l'objet de basse politique politicienne. En s'en prenant uniquement aux pays nécessiteux bénéficiant de son aide - de nombreux pays «nantis» ont également condamné les Etats-Unis à l'ONU sur le dossier de Jérusalem - Washington montre ainsi, un aspect déplaisant de sa politique du deux poids, deux mesures. Elle montre aussi, sans doute surtout, le peu de respect qu'ont les Etats-Unis de Trump envers le droit international et les accords internationaux - même les décisions prises antérieurement à son élection, engageant son pays - et pour ses partenaires, alliés et adversaires.