L'ex-Premier ministre français, Dominique de Villepin Nommer les problèmes en usant du langage de vérité pour dire nos blessures, mieux se comprendre et pour mieux agir ensemble. «Réconcilier les silences: Donner sa parole pour la paix» est le thème de la conférence que vient de donner, pour la deuxième année consécutive, l'ex-Premier ministre français, Dominique de Villepin, à l'Ecole supérieure des affaires ESA, à Alger. Un lieu hautement symbolique puisqu'il est l'un des fruits de la coopération algéro-française, matérialisant dans ce sens la volonté politique des deux présidents, Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac. L'orateur qui devait présenter son livre «Réconcilier les silences: Donner sa parole pour la paix», a déjà eu à disserter sur les racines du mal et les conséquences de l'interventionnisme militaire occidental qu'il a fortement vilipendé. Ce chiraquien a alors appelé de tous ses voeux la paix en Irak, au Moyen-Orient et au sud de la Méditerranée. Il a insisté sur le fait que la politique du bâton et de la carotte n'aura finalement qu'un point de départ important de la déstabilisation de l'ensemble du Moyen-Orient. Visionnaire, il a expliqué que le recours à la force brute ne mène à rien. Désignant la Syrie comme exemple de ce choix suicidaire qu'est le recours exclusif aux armes. «La force doit être employée avec une stratégie et une vision politique, sans quoi pas de succès possible.» «L'instabilité est contagieuse...», souligne-t-il dans ses interventions, en voulant pour preuve le chaos libyen qui aura déteint sur le Mali voisin. Décortiquant les origines de la dérive terroriste, de Villepin souligne dans ses interventions que la contamination s'opère non seulement sur le terrain, mais également dans les esprits. Il en veut pour preuve la décennie noire en Algérie et présentement, la violence terroriste en France. Selon De Villepin, et au vu des tensions actuelles, le risque de voir le cycle infernal des violences s'aggraver, est réel. «Le terrorisme a beaucoup muté et sa capacité d'adaptation est phénoménale. Initialement délimité par des frontières, il s'est exporté et a cherché à s'implanter territorialement. Cette contamination modifie son visage et ses modes d'action», a-t-il affirmé à un média. A l'en croire, combattre le terrorisme par la seule force militaire serait une hérésie. «Cette menace ne saurait être réduite à sa seule dimension militaire. Il faut traiter cette dernière par tous les moyens à notre disposition, notamment le renseignement, la coopération judiciaire ou la coopération financière», a-t-il étayé sa thèse en invitant instamment à aborder ce fléau transfrontalier en intégrant cet autre élément que sont les réseaux sociaux et l'Internet dans une optique de coopération internationale la plus large possible. De Villepin appelle à davantage d'Etats pour vaincre le terrorisme, c'est-à-dire travailler à la stabilité des Etats et des institutions sans pour autant cautionner les régimes conservateurs et corrompus. La solution est toujours stratégique et politique «Il faut donner un avenir aux populations», soutient-il à maintes occasions. Signalons qu'à la faveur de son escale à Alger, Dominique de Villepin a été reçu par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal. L'entretien entre les deux hommes a porté sur les enjeux et les défis économiques, et financiers dans un contexte économique et financier mondial, d'après-crise, encore fragile. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a eu également à exposer à son hôte la situation et les perspectives de l'économie algérienne «marquée par la faiblesse durable du prix du pétrole et l'adoption de politiques et de réformes visant à diversifier l'économie et à ancrer une croissance soutenue et inclusive». Les principales réformes, dans la sphère monétaire et financière, ont également été soulignées. De son côté, De Villepin a mis l'accent «sur le potentiel dont dispose l'Algérie pour mener à bien son ambitieux programme de réformes, et sur les opportunités de renforcement de la coopération et du partenariat entre les deux pays dans tous les domaines du développement économique et financier». Le ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, s'est de son coté entretenu avec Dominique de Villepin, avec qui il a évoqué l'évolution de l'économie algérienne et le partenariat algéro-français particulièrement dans le secteur industriel. A cet égard, Yousfi a relevé les réalisations du secteur qui, a-t-il affirmé, «connaît un rythme de développement soutenu ces dernières années». Les deux parties ont également abordé les perspectives de développement dans le domaine de l'industrie avec les entreprises françaises, dont l'agroalimentaire, la mécanique, la sidérurgie et la pharmacie. «Les perspectives de développement de ces partenariats existent et nous avons évoqué la possibilité d'entreprendre des actions afin de favoriser ces partenariats entre les opérateurs algériens et français», a affirmé Yousfi. De son côté, De Villepin a salué les initiatives déjà entreprises de part et d'autre, qui tendent «à favoriser les relations économiques entre les deux pays tant au niveau des grandes entreprises que des PME», alors que l'accent a aussi été mis particulièrement sur les aspects de la formation. «Je crois qu'il y a aujourd'hui un nouvel esprit qui joue en faveur des relations entre nos deux pays, qu'il faut encourager», a déclaré. De Villepin qui a relevé cette volonté, de part et d'autre, d'être attentifs aux besoins des deux économies et des entrepreneurs algériens et français en favorisant tout ce qui peut permettre de développer cette confiance indispensable.