Qui l'aurait cru après que la France mitterrandienne et même chiraquienne au début eut tourné volontairement le dos, durant les années rouges du terrorisme, à un pays auquel elle est pourtant historiquement et géographiquement liée ? Une lune de miel se prépare, fastueusement, entre Paris et Alger. Dominique de Villepin en a clairement annoncé la couleur, au terme de son séjour, un peu spécial, à Alger. Spécial, parce qu'il marque son passage en Algérie par une avalanche de satisfecit, de très bonnes intentions, et d'un engagement, sans doute sincère que, désormais, rien, absolument rien ne sera plus comme avant dans les rapports algéro-français. Dans le bon sens, bien entendu. Le chef de la diplomatie de l'Hexagone s'est, une fois n'est pas coutume, répandu en déclarations très favorables à tous les chantiers économiques et à toutes les réformes politiques lancés par le gouvernement algérien. “Nous sommes là justement pour aider et appuyer l'Algérie”. Qui l'aurait cru après que la France mitterrandienne et même chiraquienne au début, eut tourné volontairement le dos, durant les années rouges du terrorisme, à un pays auquel elle est pourtant historiquement et géographiquement liée ? Ceci, M. de Villepin ne l'ignore pas. Il transparaît même assez bien dans ses déclarations, empruntes de regrets, truffées de promesses et gorgées de nostalgie. La France officielle a manifestement envie de tourner la page de ses rapports tumultueux et passionnés avec l'Algérie, pour en ouvrir une autre, plus prometteuse celle-là. À la hauteur des liens historiques, psychologiques et culturels qui unissent les deux pays. Et la visite de son ministre des Affaires étrangères apparaît comme une répétition générale à des grandes retrouvailles qui devraient être scellées à l'occasion du voyage d'Etat que s'apprête à effectuer le président Jacques Chirac en Algérie. Car, s'il est vrai qu' Alger ne peut faire l'économie du soutien de la France dans ses grands projets économiques et ses réformes politiques pour s'assurer les soutiens des capitales occidentales, il est tout aussi vrai que Paris ne peut concevoir un Maghreb sans l'Algérie. Des deux côtés, on semble convaincu que l'avenir ne peut se conjuguer qu'au pluriel. Et de Villepin n'a pas eu tort quand il a lâché cette affirmation qui a valeur de sentence : “Notre ambition est d'écrire une nouvelle page de l'histoire des relations entre les deux pays”. Certes, il n'est jamais trop tard pour bien faire, mais l'Elysée doit se garder de briser cette “idylle” naissante entre les deux peuples avec notamment l'organisation de l'Année de l'Algérie en France en réduisant ce soutien à toute épreuve à notre pays, à un appui personnel à Abdelaziz Bouteflika qui ne se fera pas prier pour en récolter les dividendes. Avril 2004 n'est pas loin, et le risque est bien réel de voir “cette nouvelle page” noircie par des considérations électoralistes. Et ce serait vraiment dommage ! H. M.