Le Président a réitéré que le terrorisme est l'aboutissement d'un cumul de déviations et d'injustices. «Je suis venu prôner la sécurité et la concorde, en homme de franchise et de réconciliation avec soi, avec l'histoire et avec les autres. Une réconciliation porteuse d'une culture de paix, de tolérance. Une réconciliation qui ne laisse plus de place ni à la division ni à la discorde et l'exclusion». C'est la définition qu'a donnée le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika, à son projet de charte pour la paix et la réconciliation. Hier, au niveau de la Cour suprême, le président a insisté, dans son discours prononcé à l'occasion de l'installation du Conseil supérieur de la magistrature, sur le fait que la réconciliation est, sans nul doute, une vision «positive et constructive» pour l'avenir. Elle constitue ainsi un saut qualitatif qui permet de tourner une page obscure et d'oublier le passé. «Cet oubli ne sera, en aucun cas, ajoute-t-il ,synonyme de culture de l'oubli, ce passé étant toujours présent dans les esprits de tous les Algériens». Le moment est venu pour marquer un point d'arrêt, à travers une révision dans la manière de traiter la situation. Et il faut aborder ce pas avec prudence et sans pragmatisme «Tout processus nécessite, à une étape donnée, une halte pour la révision et le renouvellement, au regard des développements enregistrés à l'intérieur et des mutations survenues à l'extérieur». Sans équivoque, le président a reconnu la responsabilité de l'Etat, en affirmant que la révision, à un moment de l'histoire, n'a pas été opérée avec la connaissance et la compétence requises pour assurer le renouveau et garantir la continuité. «Ce fut une tentative de changement, une expérimentation hasardeuse et une ouverture improvisée ayant généré un cumul de médiocrité et de dépravations au détriment des valeurs culturelles, de l'éthique, de l'équilibre social et des performances économiques.» La gouvernance politique et la gestion administrative ayant pris du recul, «l'Etat a perdu de son autorité, à l'intérieur comme à l'extérieur, les problèmes se sont accumulés et les repères perdus. Il s'agissait alors de mettre un terme à ce chaos». Fidéle à sa vision de la crise, Bouteflika réitère que le terrorisme est l'aboutissement d'un cumul de déviations et d'injustices. «Nous nous devions d'éradiquer ce phénomène, non seulement dans ses manifestations et conséquences directes, une nécessité urgente, mais aussi dans ses causes, aux foyers de l'extrémisme, de la violence, de la pression et de la haine qui sévissent dans nombre de régions du monde», s'est-il adressé à l'assistance. Jusqu'à quand le spectre de la mort continuera-t-il de menacer nos enfants, telle une foudre fatale du destin, s'est-il interrogé. Il ajoute que l'Algérie n'a nullement besoin «d'atteindre un demi million de victimes pour être convaincue de l'utilité de la réconciliation nationale et de la nécessité de prendre la judicieuse et courageuse décision de mettre fin à ce fléau». Une telle attitude ne doit pas être perçue comme une marque de faiblesse ni un signe de désengagement. «Bien au contraire, l'Etat qui traite les séquelles d'un passé proche, douloureux et sensible, avec autant de courage, de transparence est un Etat qui jouit de la confiance, de la force et des moyens lui permettant d'assumer pleinement ses responsabilités.». C'est dans ce sens que le président a laissé entendre que la charte n'est qu'une étape dans un long processus qui vise à rétablir la paix définitive dans le pays. «Nous avons commencé par la loi de la Rahma, suivie de la concorde civile. Nous présentons au peuple aujourd'hui un projet de réconciliation nationale. Mais je tiens à rappeler que cette démarche ne peut régler tous les problèmes.» Il ajoute «la réconciliation exige beaucoup de temps. Le jour où les rancunes et les dissensions disparaissent entre le peuple. Ce jour-là on pourra espérer une véritable réconciliation». S'adressant aux victimes du terrorisme, en souhaitant leur adhésion à ce processus: «Parce que vous avez été éprouvés par le terrorisme, vous êtes donc plus sensibles et plus soucieux de la paix.» Il n'a pas raté cette sortie pour écarter, encore une fois, le retour des instigateurs de la crise sur la scène politique. Bouteflika a défendu hier, les réformes engagées par l'Etat dans tous les secteurs. et a précisé que «notre Algérie qui était, dans un passé récent, synonyme de déchéance, d'extrémisme, est devenue aujourd'hui digne de respect, de soutien, de confiance, de coopération et de solidarité». Dans un autre chapitre, il a insisté sur l'indépendance du corps de la justice. Le Conseil supérieur de la magistrature installé hier, «veillera à la réalisation des nobles objectifs de l'institution». Bouteflika a appelé les magistrats à l'application juste et stricte des lois, la promotion du secteur de la justice et son adaptation au développement politique et socio-économique du pays.