«Le festival n'a aucun mérite. Il n'a fait que perpétuer une tradition qui existait déjà dans les années 1980», a fait savoir Saïd Ould Khelifa le commissaire du festival lors de la soirée de clôture. La fête du 7ème art à Annaba qui a abrité la 3ème édition du Fafm (Festival de Annaba du film méditerranéen) a pris fin avant-hier soir au théâtre Azzedine Medjoubi avec le dévoilement du palmarès et la remise des prix en présence du wali de Annaba Slimani Mohamed, des autorités locales et militaires sans oublier la famille cinématographique. Après l'allocution de ce dernier c'est le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi qui annoncera avec fermeté à nouveau sa politique de mise en place de réseaux d'exploitation des salles et de distribution de films à travers tout le territoire. Il se félicitera de la tenue de cette 3e édition qui aura proposé 20 films pour la catégorie long-métrage et films documentaires dans la compétition officielle pour décrocher le Jujubier d'or. Et de dire: «J'ai pensé que les préparatifs avaient pris du retard si ce n'est que j'ai constaté au final que les films étaient de grande qualité. Des films qui ont reçu un accueil favorable auprès du public et grâce auquel marche ce festival.» il saluera aussi le volet formation de ce festival qui permet à de nombreux jeunes d'en profiter et ce grâce aux ateliers de formations dont ceux assurés par Charlie Van Damme, Marc Koninx, Mohamed Salah Affafi et Ahmed Hamel ainsi que par Bouzid Nadir. «Il y a une génération qui n'a pas fréquenté les salles de cinéma sans doute depuis 20 ans. Aujourd'hui nous travaillons à mettre en place une structure cinématographique pour la distribution et l'exploitation des salles qui permettront d'apporter des films tout en continuant à produire, en se concentrant sur les jeunes. Après la phase formation du personnel, nous allons oeuvrer à planifier tout un réseau de salles et signer avec diverses sociétés de distribution pour faire diffuser des films comme dans le reste du monde.» Et d'amorcer la cérémonie de clôture par la valse des hommages qui ont été rendus pèle-mêle au réalisateur tunisien Réda Bahi invité d'honneur du festival qui offrira gracieusement son film «Fleur d'Alep» à l'Algérie, à l'écrivain Mouloud Mammeri à l'occasion de son centenaire, au réalisateur algérien Mahmoud Zemmouri décédé il y a quelques mois. Et sa productrice Marie Laurence Attias de souligner: «J'ai partagé 30 ans de carrière avec lui. J'ai une mission de poursuivre, continuer à travailler entre la France et l'Algérie et créer des ponts, des coproductions et échanger et donner du sens à cet espace méditerranéen, via ce festival, des énergies qui doivent circuler entre les deux rives de la Méditerranée. Ce qui a divisé entre nous, le cinéma va le réunir». D'autres hommages et des Prix de l'amitié ont été rendus aux Tunisiens Tayeb Louhichi, réalisateur décédé en février dernier, mais aussi à Nadjib Ayad, directeur des Journées cinématographiques de Carthage, mais aussi au réalisateur algérien Youcef Bouchouchi en présence de son fils, Lotfi Bouchouchi qui confiera, ému, que son père lui a transmis outre l'amour du cinéma, celui de l'Algérie. D'autres prix de l'amitié ont été rendus aussi à la comédienne Nadia Talbi, Hassan Benzerari, Barbet Schroeder, Charlie Van Damme, chef opérateur belge et enfin un Grand Prix du mérite a été décerné symboliquement au président de la République Abdelaziz Bouteflika. Viendra ainsi le déroulement du palmarès avec en préambule les prix du court métrage. Aussi, c'est le film original «That lovely life» de Rami Aloui qui recevra le Jujubier d'or. Côté documentaire le Jujubier d'or a été décerné au film «Carré 35 de Eric Caravaca» qui traite d'un secret de famille douloureux tandis que deux mentions spéciales ont été attribuées à «Des moutons et des hommes» de Karim Sayed et «Fais soin de toi» de Mohamed Lakhdar Tati. Enfin, dans le volet fiction le Jujubier d'or du 3ème Fafm a été décerné au très beau film intimiste Jusqu'à la «Fin du temps» de Yasmine Chouikh. Long métrage qui a bénéficié également du Prix de la meilleure interprétation féminine à la comédienne Djamila Arras, tandis que le Jujubier d'argent a été remis au film «Eté 93» de Carla Simon. Le Prix de la mise en scène a quant à lui été accordé «A Ciambra» de Jonas Carpignano. Le Prix de la meilleure interprétation masculine est revenu à Ahmed El Feshawi dans «Sheikh Jackson» du réalisateur égyptien Amr Salama, tandis que le prix du public est revenu à «Ghost Hunting» de Raed Andoni. Pour rappel, le jury côté long métrage était présidé par le Français Jacques Fieschi, natif d'Oran. En tant que scénariste, on lui doit de nombreux films, tels qu'«Un beau dimanche» de Nicole Garcia, «Yves Saint Laurent» de Jalil Lespert ou encore plus récemment «Mal de pierres» de Nicole Garcia. Le jury était composé de Djilali Beskri, ingénieur d'Etat en mécanique industrielle, de formation de base, il est écrivain, auteur de BD, réalisateur et producteur, mais aussi de Sonia Shamkhi, cinéaste, écrivaine et chercheuse, Alejandro Izquierdo directeur de distribution vénézuélien, Moshira Farouk, responsable égyptienne de distribution culturelle et théâtrale. Côté documentaire, le jury présidé par le réalisateur et producteur belge Jean-Jacques Andrien était composé de Chergui Kharroubi, cinéaste et reporter, Badra Hafiane, journaliste et réalisatrice et de Fabien Dao, réalisateur.