La crise qui mine le FFS n'est pas passagère ni conjoncturelle. Elle est beaucoup plus structurelle et frappe les mécanismes de sa gestion. La date fatidique du 20 avril se présente comme un moment crucial pour le Front des forces socialistes (FFS). Le congrès extraordinaire se pointe comme un événement aussi décisif que délicat. La crise plane toujours, les divisions s'expriment tacitement. C'est ce qui ressort de certains responsables membres du conseil nation du FFS qui ne cachent pas leur crainte de voir le parti de Dda l'Ho connaître un effritement de fond en comble. La dernière réunion extraordinaire du conseil national n'a pas été l'expression d'un moment fort dans la vie du parti en termes de résorption de la crise qui secoue la plus vieille formation politique de l'opposition dans le pays. Certains membres sont peu enclin à l'optimisme quant à l'avenir du FFS, ils avancent comme argument, le compromis si fragile qui a présidé aux destinées d'un congrès extraordinaire dans le but de dissiper les malentendus et colmater les brèches de la crise interne à laquellle fait face le FFS. Nos sources affirment que «le FFS couve une crise sans précédent, et les deux réunions du conseil extraordinaire n'ont pas pu trouver un mécanisme fiable en mesure de mettre un terme aux dissensions et divisions graves qui affectent le parti», précise notre source. La crise au sein du FFS est surtout structurelle, elle consacre une nouvelle culture au sein de la direction qui se complait dans des décisions prises hâtivement et loin des vertus de la concertation et le débat transparent. Nos sources font état d'une déliquescence profonde de l'appareil transformé au nom de «la collégialité présumée en une espèce de gestion personnelle de certains au sein de l'instance présidentielle et aussi au niveau de secrétariat national», précise-t-on. La crise est doublement exprimée, elle est organique à travers deux structures aussi vitales que prépondérantes dans la mesure où ces deux leviers organiques, à savoir l'instance présidentielle et le secrétariat national se sont transformés en un instrument au service d'un groupe, voire d'un clan se réclamant de la collégialité fallacieuse, alors que lesdites structures sont réduites à un jeu de positionnement et de recentrage d'un clan qui s'est emparé du secrétariat national et une partie de l'instance présidentielle. Dans ce sens, une partie des membres du conseil national, n'est pas optimiste quant aux résultats du congrès extraordinaire du 20 avril prochain. Pour cause, la mainmise dont fait preuve le clan de Ali Laskri et ses disciples et aussi leur entêtement de jouer le jeu de l'hégémonie au sein du parti sinon l'explosion. Le FFS vit la période la plus sale qu'il n'avait jamais connue auparavant, la situation de crise gagne de plus en plus la direction et la base militante qui ne savent plus à quel saint se vouer. Il y a aussi la crise de confiance qui s'est installée avec force dans les rangs de ce vieux parti. Après le décès du père fondateur du FFS, Hocine Ait Ahmed en l'occurrence, l'esprit de concertation et la culture démocratique ont cédé la place aux pratiques et comportements le moins que l'on puisse dire, personnels et qui sont l'oeuvre uniquement d'un chef de clan et ses partisans, c'est ce qui explique que les tenants du statu quo au sein du FFS sont ceux qui ne veulent pas que le congrès ordinaire qui se tiendra durant les premiers mois de l'année 2019 soit le prolongement de celui du 20 avril qui vise à statuer sur la révision des aspects organiques et structurels du parti. Dans ce cadre, les membres de conseil national rejettent d'emblée la mainmise du clan de Ali Laskri, considérée comme une fraction hégémonique de par ses pratiques antidémocratiques et qui a terminé par déstabiliser l'instance présidentielle et par s'emparer du secrétariat national. Notre source affirme à propos du premier secrétaire que «depuis son arrivée, il a cassé tous les ressorts pour arriver à une situation où le parti risque l'explosion ou peut être le faire entrer dans une situation de domestication et de normalisation», atteste-t-on. Pour beaucoup de membres du conseil national, le premier secrétaire actuel «loue la collégialité, mais il fait beaucoup de choses en solo», c'est-à-dire que le FFS est devenu véritablement en proie à des luttes de clans et de fractions hétéroclites préparant ainsi sa dislocation méthodique et inéluctable. Il s'avère que la crise qui mine le FFS n'est pas passagère ni conjoncturelle. Elle est beaucoup plus structurelle et frappe les mécanismes de sa gestion et le mode organique adopté par le clan qui domine au sein de l'instance présidentielle qui vient d'être lézardée dans l'objectif de déstabiliser les autres membres de cette instance et les pousser à accepter la situation du fait accompli étant donné que le secrétariat national est utilisé comme levier de manoeuvre et de déstabilisation pour la circonstance. Ce n'est pas pour rien que le membre fondateur de ce vieux parti de l'opposition, Mohamed Lahlou avait fait un réquisitoire sévère quant à la situation qui prédomine au sein du FFS et les risques d'une atomisation certaine à moyen terme. Dans ce sens, Mohamed Lahlou a disséqué la situation de crise que traverse le FFS en la qualifiant ainsi: «La déroute est lourde de significations pour être passée sous silence ou pour être acceptée sans réagir. Aujourd'hui, le rideau est tombé sur la réalité et il faut tirer les conclusions de ce constat d'échec», et d'ajouter que «Sur le plan organique et devant les dysfonctionnements observés au sein des structures du FFS, nous assistons régulièrement à une importante désaffection des rangs du parti par les militants qui dénoncent l'absence d'un véritable débat démocratique», affirme-t-il. Le congrès extraordinaire ne sera pas un cadre où toutes les conceptions antagonistes et disparates seront aplaties, bien au contraire, ce congrès qui ne veut pas annoncer son oracle, du moins en ce qui concerne la feuille de route touchant à la sortie de crise dans laquelle est plongé le parti de Dda l'Ho, ne fournira pas une piste quant au salut salvateur de cette formation où l'on pratique la méthode de l'exclusion, le manque de transparence et l'hégémonisme le plus dévastateur.