Mohamed Lahlou La lettre, voire l'appel, de Lahlou montre on ne peut mieux que la crise au FFS est saillante et qu'il n'est plus possible de se voiler la face quant au risque d'une implosion de cette vieille formation. La crise qui secoue le Front des forces socialistes (FFS), ne cesse de secréter d'autres contradictions allant dans le sillage qui affirme et confirme que rien ne va dans la demeure politique du regretté Hocine Ait Ahmed. La hache de guerre a bel et bien été déterrée par les frères ennemis au sein du vieux parti d'opposition dans le pays. Le clash prend une forme frontale versant dans l'invective, les attaques et la critique acerbe entre les deux clans qui «animent» la scène de la crise interne jusqu'à la transformer en une véritable situation d'impasse et de blocage. Les deux clans à l'origine de cette situation peu reluisante et peu rassurante quant à l'avenir du FFS menacé d'une explosion en son sein, ne reculent pas d'un iota par rapport à leurs positions qui sont la cause de ce blocage organique et politique de l'appareil du parti. Ils font dans l'entêtement et l'obstination sans tenir compte des statuts qui régissent et encadrent le fonctionnement du parti. Cette situation dramatique a poussé les anciens cadres et les membres fondateurs d'intervenir sur la scène pour mettre de l'ordre et appeler les militants à s'en remettre uniquement aux statuts du parti et les respecter pour éviter l'éclatement de l'appareil qui traverse une période des plus dures de son histoire partisane et politique depuis sa création en 1963. Mohamed Lahlou, un ancien militant du FFS, membre fondateur, signataire et dépositaire des statuts pour la légalisation du FFS en 1989, est entré en lice en sa qualité de vétéran du parti et porteur d'une démarche marquée par la retenue et la sagesse, dans la perspective d'assagir «certains» qui s'agitent dans le but de pousser le FFS vers son inéluctable éclatement. C'est pour la première fois qu'un ancien militant et membre fondateur de surcroît fait un appel aussi fort et qui véhicule un niveau de vigilance et de prudence inégalé depuis que le FFS ait connu des crises multiples et des démissions successives au niveau de sa direction politique depuis sa création. Mohamed Lahlou ne cache pas sa peur de voir le parti de Dda l'Ho sombrer dans l'émiettement et l'effritement qui annoncent sa mort certaine. Dans ce sens, Mohamed Lahlou déclare: «Cher(e)s camarades militants du FFS, le sort de notre parti est en jeu. aujourd'hui, il connaît la plus grave de toutes les crises qu'il a connues, non plus par les exclusions, les mises à l'écart ou les démissions qui l'ont régulièrement secoué, mais par sa difficulté à se référer et à appliquer ses statuts et ses textes réglementaires», a rétorqué Mohamed Lahlou sans laisser passer les pratiques qui existaient du vivant du père fondateur du FFS, à savoir Hocine Ait Ahmed, surtout en ce qui concerne les pratiques d'exclusion, les mises à l'écart. Cette révélation renseigne sur la crise profonde qui remonte à la période où Ait Ahmed était le seul timonier de l'appareil du parti et toutes les structures y afférentes. Hormis ce volet qui retrace la genèse de la crise, Mohamed Lahlou recentre le débat au sein du FFS en rappelant que seuls les statuts du parti doivent animer la voie de règlement de la crise. C'est dire que la question d'un congrès extraordinaire est d'ordre d'actualité et que la démarche reste un moyen de choix pour parer à la crise qui s'abat sur le parti. De ce point de vue, Mohamed Lahlou remet les pendules à l'heure en rappelant que les statuts sont le rempart de l'unité du parti et une source d'immunité contre toute menace d'éclatement de la direction. C'est une démarcation claire en faveur d'un congrès extraordinaire pour redonner à la vie organique son sens en adéquation avec les statuts. Pour ainsi dire, la proposition de l'aile de Ali Laskri se présente comme une piste légale et légitime, étant donné qu'elle puise sa légalité des statuts du parti qui stipulent qu' «en cas de retrait de deux membres de l'instance présidentielle, le recours à un congrès extraordinaire s'impose de lui-même». L'article 48 est plus que limpide sur cette question de vide et de vacance organique d'une structure à l'image de l'instance présidentielle. Par contre, l'aile des frères Baloul est dans une posture qui se présente comme conglomérat écornant l'unité du parti et frappe de plein fouet la légalité issue des seuls statuts auxquels appelle Mohamed Lahlou à les respecter. Dans sa lettre adressée aux militants et à la direction du parti, le membre fondateur du FFS fait allusion à «certains» qui n'appliquent pas les statuts du parti en soulignant que «ceux qui refusent ou manoeuvrent pour ne pas respecter les statuts du FFS prennent une lourde responsabilité devant les militants et devant l'histoire de notre parti. Certains dont la seule préoccupation est leur devenir personnel, utilisent, ces derniers jours, la provocation et l'invective pour brouiller les cartes et polluer le climat entre les militants pour échapper à la seule solution acceptable pour sortir le FFS de la crise qui risque de l'emporter. Cette solution c'est le respect et l'application des statuts du FFS», a martelé Mohamed Lahlou à l'adresse de ceux qui ne veulent pas aller vers un congrès extraordinaire comme cela est stipulé dans le règlement intérieur du parti. La lettre, voire l'appel de Lahlou montre on ne peut mieux que la crise au FFS est saillante et qu'il n'est plus possible de se voiler la face quant au risque d'une implosion de cette vieille formation. Il en appelle à une réconciliaition historique pour sauver le parti et le sortir de cette crise qui risque de l'emporter. Dans le même registre, Mohamed Lahlou garde une marge d'espoir quant à la résolution de la crise en indiquant que «personne n'a intérêt à croire que les manipulations ou les intimidations suffiront à convaincre les militants du FFS. Personne n'a intérêt à espérer qu'on retournera à la case départ. Il est de l'intérêt de tous de choisir la seule voie juste et possible qui nous permettra d'aller vers la réconciliation et le renouveau du FFS», a suggéré le membre fondateur du FFS. La crise est tellement profonde, la session extraordinaire du conseil national qui doit se tenir le 9 mars prochain, risque de se terminer en queue de poisson, préparant ainsi le FFS à vivre sa série dramatique qui annoncera sa mort programmée après une existence de plus d'un demi-siècle. Assisterons-nous à la fin d'un parti qui a été pendant longtemps à l'abri des crises aussi profondes grâce au poids de son chef charismatique qui imposait la discipline et la rigueur?!