Traitement complet. Le gouvernement a décidé, jeudi dernier, d'augmenter le quota de poudre de lait aux laiteries, publiques et privées, qui produisent le lait en sachet. Le communiqué du Premier ministère qui a annoncé la mesure précise que celle-ci qui vise la «saturation du marché sera accompagnée de l'application ferme de la loi contre tous les auteurs de détournement de la poudre de lait fortement subventionnée par l'Etat au bénéfice des consommateurs». Pas moins de 118 laiteries sur l'ensemble du territoire national sont concernées par cette mesure. Le quota passe ainsi de 7000 à 10 000 tonnes par mois pour les laiteries publiques et de 7500 à 9000 tonnes par mois pour les laiteries privées. A charge pour ces laiteries de doubler leur production de lait en sachets. On sait que les laiteries publiques devront passer de «plus de 2 millions à près de 4 millions de litres (sachets) par jour. On sait également que ces laiteries publiques qui sont au nombre de 16 produisent à elles seules «entre 50 et 60% des besoins nationaux en sachets de lait subventionné». Les 112 laiteries restantes relèvent du secteur privé et assurent donc environ 40% des besoins. La décision du gouvernement de jeudi dernier s'articule sur deux aspects très distincts. D'une part, s'il a été décidé d'augmenter les quotas c'est que les quantités livrées jusque-là ne suffisaient pas. On pourrait en déduire que les ruptures de stocks, pour ne pas dire les pénuries qui reviennent cycliquement, ont pour cause ces quantités insuffisantes. Ou et lorsque dans la même foulée, le gouvernement menace «les auteurs de détournement de la poudre de lait» on se rend compte que l'augmentation des quotas de poudre ne suffira pas à enrayer les perturbations du marché. Il est clair que si les quantités fournies ne sont pas adossées à un système de contrôle efficace de leur utilisation, c'est prendre le risque «d'engraisser» les auteurs de détournement. Le 20 mars dernier, une réunion a eu lieu sous la présidence du ministre de l'Agriculture, Abdelkader Bouazghi. Outre les cadres du ministère, elle a également regroupé des cadres du ministère du Commerce et de l'Office national interprofessionnel (Onil). A l'issue de cette réunion, il a été décidé d'introduire «une nouvelle clause» dans la convention qui lie l'Onil (qui fournit la poudre) aux propriétaires des laiteries. De par cette clause, les laiteries ont l'obligation de «présenter (lors des contrôles, Ndlr) un document détaillant les quantités produites et distribuées sur lequel figureront les cachets apposés par les distributeurs, dans le but de définir le circuit réel du lait subventionné». Voilà enfin un moyen de contrôle tout simple qui aurait gagné à être mis en place bien avant. Et surtout pas à moitié comme il est actuellement présenté. Il faut lui ajouter un deuxième «document» qui oblige de la même façon les distributeurs à mentionner les détaillants qu'ils fournissent ainsi que les quantités qui leur ont été livrées (avec cachets et signatures de ces derniers). Chacun sait qu'il y a deux «fuites» dans le sachet de lait. Dans les laiteries avec la «fuite» qui va aux fromages et autres dérivés, mais également «la fuite» qui va, au cours de la distribution, vers les spéculateurs et autres (cafés, pâtisseries, etc.). Quand on met en place un contrôle, il ne faut pas s'arrêter à mi-chemin. Sinon on laisse la porte ouverte à la pénurie!