La banque a déjà commencé à saisir La banque a déjà commencé à saisir, pour certains, le matériel et à le proposer à une vente aux enchères. Pour la seconde fois en moins d'un mois, des dizaines de bénéficiaires des aides à la création de microentreprises ont observé un sit-in devant la succursale de la Banque algérienne de développement rural (Badr) et devant le siège de la Cnac. Ces jeunes disent être destinataires de mise en demeure pour restituer les aides financières octroyées pour la création de leurs activités respectives. Les manifestants s'interrogent pourquoi la Badr de Bouira s'empresse de sévir quand dans d'autres régions du pays, les responsables banquiers invitent les souscripteurs aux aides, à d'abord prospecter les moyens d'entente avant d'aller à la solution extrême, c'est-à-dire la faillite et la ruine du jeune», nous confie un manifestant. La banque a déjà commencé à saisir, pour certains, le matériel et à le proposer à une vente aux enchères. Les mécontents du jeudi refusent catégoriquement cette option et promettent de revenir à chaque fois qu'il le faudra jusqu'à l'application des engagements du ministre de tutelle à Guelma quand il a invité les banques à aider les bénéficiaires, à trouver les formules et à éviter les solutions radicales. Les manifestants reprochent aux organismes une absence totale alors que les responsables ne cessent dans leurs discours de parler d'un accompagnement permanent. «Ni la Badr ni la Cnac ni l'Angem ni l'Ansej n'ont daigné s'inquiéter un jour de notre sort.» Du jour au lendemain, ces jeunes se sont retrouvés dans des situations d'endettement. Tout ce beau monde savait aussi que sur le terrain, les bénéficiaires de ces formules naviguaient à vue devant le manque d'opportunités à exercer dans un marché du travail monopolisé par les puissants. «Quand vous essayez de travailler au Sud, les sous-traitans des groupes pétroliers vous proposent 3000 DA/jour pour un camion, chauffeur et frais d'entretien, carburant compris. Pour un particulier dont le matériel n'est pas hypothéqué on embauche à 6000, voire 10 000 DA/j selon le tonnage. Les exemples sont légions. En face, la Badr, le pourvoyeur principal des aides, met en marche sa machine et place en priorité ses profits. L'exemple d'un jeune qui a acquis un camion frigorifique de faible tonnage résume le désastre de ces milliers de jeunes aujourd'hui poussés au suicide. La banque a consenti une aide avoisinant les 2 millions de DA au jeune en 2012. Il débourse les économies de toute sa jeunesse, 400 000 DA comme premier apport puis 300 000 DA comme remboursement des pénalités de retard au début de l'année 2018. Quelques jours après, le commissaire-priseur lui exige de ramener le camion qui, en 5 ans, a parcouru moins de 70 000 km, preuve quil était à l'arrêt par manque d'opportunités. «Même quand on a la possibilité de travailler, les clients, qui savent que notre bien est hypothéqué, proposent toujours des prix minimes.» Il restitue l'engin qui est alors proposé à la vente aux enchères. La vente prévue mercredi dernier, n'a pas abouti en raison du prix dérisoire proposé par les éventuels acquéreurs et qui est de l'ordre de 1 300 000 DA. Si le camion est cédé à ce prix, le jeune doit alors débourser la différence puisque la banque publique estime la dette à 2 870 000 DA, agios et pénalités de retard compris. L'intéressé, qui dit être une victime, refuse cette option. «Moi je m'oppose fermement à sa vente à un prix moindre que celui du marché, surtout que le véhicule est neuf», nous confie l'intéressé. Rencontré devant la Badr, le jeune lance un appel aux autorités du pays pour limiter la dette à la seule somme empruntée, l'annulation des pénalités de retard. «On m'a prêté 1 750 000 DA pourquoi aujourd'hui je dois rembourser 2 870 000 DA. La Badr est une banque publique, l'aide est un soutien à l'emploi. Aujourd'hui et après 5 ans de galère où ce camion ne m'a pas rapporté un centime, je me retrouve sans l'outil, mais avec des dettes impossibles à honorer.» Les cas sont multiples et variés. Beaucoup refusent l'ordre de saisie du matériel. «La banque ne doit pas faire des bénéfices sur notre dos. Elle a le droit de demander son dû et rien que son dû. Au lieu d'aller vers la solution extrême, elle peut accorder des échéances et effacer certaines dettes. Le sit-in qui s'est dispersé dans le calme sans l'intervention du dispositif sécuritaire est un appel aux responsables du pays pour intervenir et porter secours à des jeunes qui il y a quelques années croyaient aux rêves miroités à coups de spots publicitaires. «On a effacé les dettes de certains gros agriculteurs, mais le citoyen continue à payer cher ses provisions. On soutient les producteurs de lait, mais le sachet reste introuvable. Pourquoi aujourd'hui on nous menace de saisie et de prison quand il fallait nous accompagner pour réussir nos projets. Finalement, ceux qui ont vendu le matériel et qui ont pris la voie de la mer sont peut-être ceux qui auront choisi la bonne solution.» Ce cri de détresse de ces centaines de jeunes est à l'adresse du premier responsable du pays qui a toujours compté sur la jeunesse pour préserver le pays. «Monsieur le président, sauvez nos foyers!» nous demandera de dire le jeune dont le camion est aujourd'hui dans la cour de la banque dans l'attente d'un preneur alors que la banque, un organisme public, pouvait lui accorder d'autres délais de paiement, l'annulation des pénalités de retard...elle aurait une chance de récupérer ses fonds et permis au jeune de nourrir dignement ses deux enfants et sa femme. Le DG de la banque peut mettre un terme à une situation catastrophique. C'est l'espoir de ce jeune aujourd'hui sans ressources, mais qui s'est appliqué dans les décisions prises contre lui en restituant le véhicule sans tapage. Nous avons promis de suivre ce dossier et d'y revenir à chaque fois qu'on nous sollicite. C'est l'unique moyen en notre possession pour aider, ces jeunes.