Certains parmi ces jeunes, notamment à Oran, Mascara et Mostaganem, viennent d'être destinataires, par leurs banques respectives, d'avis de saisie de leurs équipements et matériels faute de remboursement de dettes. C'est un cri de détresse, par le biais de notre quotidien, que sont venus lancer plusieurs jeunes bénéficiaires de projets, qui, grâce au dispositif Ansej, ont pu créer et lancer leurs activités d'élevage avicole. Depuis 2005, ces jeunes éleveurs n'ont pas ménagé leurs efforts, qu'ils soient installés à Oran, à Mostaganem, ou encore à Mascara, avec l'espoir de devenir autonomes et rendre pérenne leur exploitation d'élevage de poulets et de poussins. Malheureusement, ces derniers se retrouvent aujourd'hui dans une situation inextricable, au bord de la banqueroute et de la faillite, sous la menace de saisies imminentes pour des raisons qui s'apparentent presque à des quiproquos administratifs. En effet, certains parmi ces jeunes, notamment à Oran, Mascara et Mostaganem où ils seraient près d'une vingtaine, viennent d'être destinataires par leurs banques respectives d'avis de saisie de leurs équipements et matériels, faute de remboursement de dettes. “Nous ne comprenons pas pourquoi la banque veut saisir notre matériel, alors qu'en 2009, le président de la République en personne a annoncé l'effacement des dettes pour les agriculteurs et les éleveurs, c'est écrit noir sur blanc dans un décret daté du 1er décembre 2010. Mais voilà, j'ai hypothéqué la maison de mes parents pour lancer mon élevage, et aujourd'hui je suis convoqué par la justice”, affirme Mohamed Amine, qui ne sait plus quoi faire. Et son collègue de surenchérir : “Moi, à la banque on m'avait dit de stopper les versements de remboursements, puisqu'il y avait cette annonce, et maintenant on me demande de payer les intérêts et les pénalités parce que leur direction générale n'a rien envoyé concernant notre cas. Je n'ai plus assez d'argent pour régler les pénalités qui se sont accumulées !”, déplore-t-il. À Mascara et à Oran, ce sont des témoignages identiques. “J'ai cessé de régler les intérêts de la banque, quand j'ai appris qu'il y avait une décision d'effacement des dettes. Aujourd'hui, j'attends la venue de l'huissier”, ajoute un autre éleveur. Cette situation à laquelle se trouvent confrontés les jeunes promoteurs après quelques années d'activité seulement est effarante. Ces derniers se disent victimes du manque de précision et de communication entre les institutions financières publiques et leurs clients et une ignorance totale en matière de dispositions juridiques chez ces jeunes. C'est l'un des représentants de l'UNPA, bien au fait de ces dossiers, chaque jour plus nombreux, qui nous l'explique. “L'effacement des dettes comme annoncé et le rééchelonnement des intérêts et des pénalités étaient effectifs pour les agriculteurs et les éleveurs, dont ceux de l'aviculture, mais lorsque la décision a été prise par le chef de l'Etat, ces jeunes n'étaient pas encore considérés comme des agriculteurs à part entière, ce n'est qu'après qu'on leur a délivré la carte d'agriculteur.” Et notre interlocuteur d'ajouter : “On déplore aujourd'hui la célérité avec laquelle certaines banques ont en effet transmis les dossiers à la justice pour les saisies. À l'échelle nationale, notre syndicat est au fait du problème, nous allons demander de surseoir aux saisies pour permettre un rééchelonnement au moins des intérêts et des pénalités sur 10 ans pour ces cas, et dans une deuxième phase demander l'effacement. Il est plutôt urgent aujourd'hui d'aider le monde de l'agriculture et les jeunes”, dira notre interlocuteur. Les semaines à venir vont être déterminantes pour ces jeunes, dont l'avenir va se jouer prochainement. D. L