Le chanteur libanais a bercé le public avec sa voix suave et ses chansons à l'eau de rose... Il est venu telle une illusion, un mirage, bercer nos rêves et nos souvenirs et est reparti, nous laissant ainsi comme un goût d'inachevé. Fadhel Chaker, le séducteur, dernier né du star system libanais, s'est produit jeudi dernier au Casif de Sidi Fredj devant une marée humaine extraordinaire. Jamais le Casif n'aura été rempli par autant de monde au cours de cette saison estivale. Le tombeur de ces dames, au charme dégoulinant, a enivré l'assistance particulièrement féminine mais aussi... masculine par ses plus beaux morceaux de chant oriental. Un chant suave, imprégné de notes de nostalgie et de sensualité, bien évidemment. Après s'être produit au festival Djemila la veille, Fadhel Chaker, dans un costar gris, subjuguera l'assistance par un bouquet de chansons très mélodiques, sentimentales à souhait, vous jetant inévitablement dans la réminiscence, bien chère à Proust. Fadhel Chaker et son orchestre de musiciens virtuoses sont accueillis dans l'hystérie collective. Lui, avec tous les honneurs du prince. Une effervescence humaine qui tranche avec le calme méditatif du chanteur. Fadhel Chaker chante l'amour, la solitude, les chagrins d'amour, les peines du coeur, les rêves, la mélancolie, la souffrance du soupirant. Chaque entame de chanson suscite l'hystérie. C'est la frénésie pour laisser place une minute après à une harmonie et une symbiose parfaite entre le public et le chanteur. Religieusement, on avale les paroles du «saint» Fadhel Chaker ou bien on reprend en choeur avec lui toutes les paroles. Incroyable on connaît sur le bout des doigts chaque mot, chaque intonation, chaque respiration. Fadhel Chaker mène sa barque comme un chef, le public ne se fait pas prier pour aller jusqu'au bout du monde onirique de Fadhel Chaker. Un monde aux couleurs rose bonbon, rouge passion ou gris comme l'amertume... C'est au bout d'une heure de concert que l'artiste concède enfin à lâcher sa «bombe» musicale Ya Ghaëb lima tes-al, et l'interprète par deux fois au cours de cette soirée magique. Comblées, les filles sont aux anges, surtout lorsque celui-ci daigne leur faire ce joli sourire de séducteur. Fadhel Chaker ne reçoit pas que des applaudissements et des cris, on lui tend volontiers des fleurs, des roses rouges S.V.P.! Une fillette est conduite au bas de la scène. Elle voulait juste embrasser son idole. Elle se rattrapera comme elle le peut en mettant tout son coeur à danser et à se déhancher sans interruption. Entre joie et mélancolie, une jeune fille fêtait ce soir-là son anniversaire... La voix câline du chanteur ne pouvait que transporter le public vers une terre d'évasion et de rêves absolus. Les musiciens avec leurs instruments complétaient ce tableau édénique. Le «ney» ensorcelant ou encore le violon rehaussaient l'atmosphère d'une aura romantique. Cependant, toutes les bonnes choses ont une fin. Et Fadhel Chaker de quitter la scène, laissant jouer encore son orchestre. Et le public emmitouflé dans sa bulle de rêverie. Mais il faut bien se réveiller. Le concert est bel et bien fini. Certains n'y croient pas encore et restent encore assis, bien calés dans leurs chaises. Et les rêves s'évaporent...