«Le FLN constituera la locomotive de la réconciliation nationale.» Tandis que le président de la République, à partir de Béchar, tirait à boulets rouges sur des parties au pouvoir qui s'opposent à la réconciliation nationale, M.Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN et représentant personnel de Bouteflika, expliqua, dimanche soir à Boumerdès, que ces mêmes personnes à l'adresse desquelles le président décocha ses flèches «ont intérêt que la tragédie nationale perdure encore». Cette sentence avait rebondi à plusieurs reprises lors de son discours prononcé pour l'ouverture de l'atelier consacré au projet de réconciliation nationale. «Il n'est pas admissible chez certaines personnes au pouvoir que la crise connaisse bientôt ses derniers jours», lâche Belkhadem avant de surprendre les présents en estiment que ces mêmes personnes «se nourrissent en voyant le sang des Algériens couler». C'est une déclaration importante à plus d'un titre du fait qu'elle va dans le même sens que les accusations énoncées par le président dimanche à partir de Béchar. Le secrétaire général du Front de libération nationale s'est mis dans la peau d'un allié, infaillible du président sur tous les fronts. Il est aussi une figure principale de son équipe dirigeante qui, en particulier, en tant que son représentant personnel, et SG du FLN, est toujours resté fidèle aux enseignements du premier magistrat du pays relatifs à l'attitude à adopter pour mettre fin à la violence. D'ailleurs, Abdelaziz Belkhadem le dira ouvertement: «Le FLN constituera la locomotive de la réconciliation nationale», cela en réponse aux personnes pointées du doigt par Bouteflika. Il ne s'arrêta pas à ce stade de l'indignation, le représentant personnel du président dira plus explicitement qu' «un certain nombre de partisans du non à la réconciliation, en particulier parmi les gens au pouvoir, se montrent très gênés, voire irrités, par cette initiative». Et au niveau des bases et structures du parti, a-t-il renchéri, «les choses doivent bouger pour faire réussir le projet du président et mobiliser les foules autour de la réconciliation». Au-delà du débat sur le travail confié à ses militants, Belkhadem expliqua en outre que l'abstention pourrait constituer un enjeu: «Nous voulons la majorité écrasante», laisse-t-il entendre, réclamant un vote massif et historique. L'orateur a fait savoir que le Front de libération nationale a été parmi les premiers ayant appelé au dialogue et à la réconciliation. «Le 1er janvier 1992, nous avons mis en garde quant à d'éventuelles dérives avant même que la crise n'éclate», a-t-il déclaré, précisant que le FLN a pris part à tous les rounds de négociations avec le Haut comité d'Etat et avec le président Zeroual pour trouver une solution à la crise. Le processus tendant à assurer une paix et une réconciliation est poursuivi avec l'arrivée de Bouteflika qui, selon lui, a été porteur d'un projet national pour la sortie de crise. «Il aura fallu une autre initiative après celle portant concorde civile pour mettre fin définitivement à la violence», précise également le secrétaire général du FLN qui pensait qu'«il n'était pas possible de proposer un projet de réconciliation du moment que les plaies étaient toujours ouvertes». Toutefois, estime de plus M.Bekhadem, les bons effets de la concorde civile qui consistaient en le dépôt de plus de 6000 pièces d'armes doivent être consolidés par une autre initiative pour asseoir définitivement la paix et la sécurité. La réconciliation nationale est venue ainsi renforcer toutes les actions entreprises, mais aussi prendre en charge toutes les victimes de la tragédie nationale, poursuit l'orateur d'un air convaincu. Au bout du compte, et une fois la Charte pour la paix adoptée, Abdelaziz Belkhadem indique que d'autres mesures entreront en vigueur pour s'occuper de toutes les franges de la société victimes de la tragédie. Sans faire de tapage, le SG du FLN mettra ainsi les points sur les «i» et fera taire ceux qui disaient que «l'adoption de la Charte constituera la fermeture du dossier des disparus et des familles victimes du terrorisme». Il est à ce titre prévu de mettre en place des politiques favorables pour la prise en charge de toutes les victimes de la décennie noire. Dans la grande majorité, l'atelier qu'on a appelé «réconciliation nationale» soutient l'initiative du président qui, a-t-on indiqué, constitue «le parachèvement de l'oeuvre de paix et de la concorde ». A l'issue d'une déclaration, les participants voient dans l'attitude de réconciliation «une initiative réfléchie et conforme au programme sur la base duquel le peuple algérien a décidé de renouveler sa confiance pour un second mandat au président». Les intervenants, lors des travaux de cet atelier qui se sont déroulés jusqu'à une heure tardive de la nuit, se sont déclarés convaincus qu'il «n'existe aucune autre alternative pour la sortie de la crise». Mieux, suivant les instructions du secrétaire général du parti, les dirigeants et militants du FLN ont décidé de s'investir «pleinement pour présenter, défendre, et promouvoir le projet de Charte pour la paix».